Le salaire des pasteurs

Le salaire des pasteurs varie d’une Union d’Églises à l’autre. Si le « net à payer » est souvent inférieur au SMIC, les avantages en nature qui viennent le compléter ne sont pas négligeables.

Combien gagne un pasteur ? Son niveau de vie est-il équivalent à celui d’un professeur des écoles (instituteur) ? Répondre à la question est quasiment impossible, tant les situations sont différentes en fonction du lieu géographique et des Unions d’Églises. Quelques exemples : un pasteur tzigane est bénévole, la mission Vie et Lumière ne rémunérant pas ses ministres. À l’Armée du Salut, le ministère pastoral se vit en couple, les conjoints percevant pour eux deux l’équivalent d’un seul SMIC. Par contre, chez les adventistes, dont les fidèles paient la dîme, le salaire permet de vivre sans souci majeur.

Certaines Unions d’Églises ont des grilles applicables dans toutes leurs pa

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Association des Pasteurs de France : « la francophonie est une grâce

Pasteur Evert Veldhuizen, pouvez-vous vous présenter ?

Né aux Pays-Bas, je suis arrivé en France en 1981, après mon mariage avec une française. J’ai appris le français à Paris. Nous avons cinq enfants, l’aîné est aussi pasteur. Je suis pasteur de l’EPUdF en poste dans le Poitou, j’ai un doctorat en Histoire des religions et je suis président de l’Association des Pasteurs de France.

Quelles sont les principales fonctions exercées par l’Association des Pasteurs de France ?

Pour reprendre les termes des Statuts, elle s’occupe de tout ce qui concerne les intérêts généraux et professionnels des pasteurs. Elle travaille à améliorer leur situation morale, sociale et économique. Et elle organise chaque année une Pastorale nationale, à laquelle participent des pasteurs de différentes Églises.

Fondée en 1920, l’APF est un syndicat, mais elle fonctionne comme une association professionnelle. Vous ne nous verrez pas faire une manifestation, en robe pastorale, hurlant des revendications, portant des banderoles, bloquant la rue  devant les sièges des Églises ! Les relations fraternelles sont notre spécialité. Répondant aux appels qui nous sont adressés, nous intervenons sous forme de médiation ou de négociation. Dans la discrétion, parce que notre expérience a prouvé que c’est le plus efficace.

L’Association édite les Lettres de l’APF pour annoncer les Pastorales nationales annuelles, et Les Cahiers de l’APF qui publient les textes des interventions. Depuis quelques années, une partie de ces textes est diffusée sur le site internet de l’APF.

Quelle est la part des pasteurs francophones non-français dans l’APF ?

J’ignore le nombre exact, mais quelques dizaines de collègues francophones non-français exercent leur ministère au sein des Églises, Œuvres et Mouvements, membres de la Fédération protestante de France. Ils viennent principalement de l’Afrique francophone. Nombre d’entre eux participent régulièrement aux Pastorales nationales de l’APF et nous avons eu des membres d’origine africaine au Conseil d’administration, comme le regretté pasteur David Afonso. Quelques intervenants des Pastorales nationales sont d’origine africaine. La contribution de ces collègues est très précieuse, parce qu’ils approchent les questions par d’autres angles que les Européens. Ils nous aident à garder des perspectives larges, en nous empêchant de nous enfermer dans le quotidien franco-français.

Personnellement, j’apprécie beaucoup le sens d’humour et la joie de vivre des collègues d’origine africaine. Francophones, maîtrisant les subtilités de la langue, ils savent parfaitement intégrer leurs points de vue dans nos débats. Ils éclairent autrement les problématiques que nous Européens abordons parfois avec un peu trop de gravité.

Quelles sont les relations de l’APF avec d’autres organismes du même type, basés dans d’autres pays ?

Nous privilégions les relations en Europe latine. Mais dans ces pays, les organismes ne sont pas du même type que le nôtre. Les pasteurs des Églises vaudoises en Italie sont organisés par leur Corps pastoral, une instance de l’Église. L’APF, quant à elle, est totalement indépendante. Les pastorales des Églises historiques espagnoles et portugaises font aussi partie de leurs Églises. L’Europe latine nous a amenés à nous intéresser à l’Amérique latine, où nous avons également participé à des réunions de pasteurs. En Afrique, nous avons des relations notamment avec l’Église Évangélique au Maroc. Notre site internet a été repéré par des pasteurs en Afrique subsaharienne qui nous ont contacté par mail. Nous envisageons de nouer des liens avec des collègues dans ces pays.

Que représente pour vous la francophonie ?

Pouvoir se comprendre par la même langue est une chance formidable qui mérite d’être exploitée pour le bien des uns et des autres. Je me sens proche des collègues d’origine africaine, parce que nous parlons la même langue. La connaissance d’une langue ouvre des portes passionnantes à des femmes et des hommes vivant dans des cultures pourtant très différentes.

Je pense que la francophonie est une chance, et non un prolongement du colonialisme. D’origine non-francophone moi-même, j’ai une grande estime pour celles et ceux qui sont nés, comme moi, ailleurs, mais qui ont appris le français dès leur toute petite enfance. La francophonie, c’est un espace sur la carte du monde. En tant que pasteur, intéressé par l’histoire, je sais que les évolutions, respectivement dans le Nord et dans le Sud ont désormais totalement inversé la donne. Je salue avec reconnaissance la vitalité de la foi des Africains. Les Français ont contribué jadis à la propagation de l’Évangile dans le Sud. Cela allait de pair avec la diffusion de la langue française. A présent, la francophonie facilite la participation d’Africains à l’annonce de l’Évangile dans l’Hexagone. Plus qu’une chance, c’est une Grâce !

Prier, images pieuses au creux de la main

C’est un moment de recueillement. Chaque jour, Prince Ntasey, homme d’affaires ghanéen de 29 ans, suspend ses activités pour regarder son smartphone. Sur l’application Asoriba, téléchargée gratuitement il y a cinq mois, s’affiche un « message de dévotion », envoyé par le pasteur de son église, la Goodnews Mission Church.« Recevoir ce texte, accompagné d’une image qui aide à saisir l’essence de cette pensée me réjouit, explique Prince. Comme je suis très pieux, j’envoie aussi par mon téléphone des paroles de l’Evangile à certains membres de l’église. » C’est également par ce canal qu’il reçoit l’agenda de la paroisse, « ce qui est très pratique avec mes fréquents déplacements », ajoute-t-il.

Pour trouver des églises clientes, Nana Opoku (photo) et les trois autres fondateurs font, comme ici, du démarchage direct auprès des pasteurs. Asoriba

Depuis les bureaux de la Goodnews Church, à un jet de pierre de l’université du Ghana au nord d’Accra, le pasteur Stephen Boateng pilote ce service numérique. Devant son ordinateur, ce jeune homme de 24 ans démarre la journée en envoyant aux 140 fidèles de sa communauté ces petits sermons, « une démarche qui s’avère très utile pour le cheminement spirituel des membres », note-t-il. Il continue en partageant en ligne, si nécessaire, des informations pratiques. Enfin, il utilise ce programme informatique comme une plate-forme classique de gestion pour suivre bilans et statistiques.

Faire des dons et des offrandes

« Je passe sur le site Asoriba entre 45 minutes à 2 heures par jour en fonction de la vitesse de connexion Internet que j’arrive à obtenir », précise-t-il. Afin de simplifier la gestion budgétaire de la communauté, Stephen Boateng aimerait d’ailleurs que rapidement, l’application mobile « permette à tout membre d’apporter sa contribution financière par téléphone mobile en toute sécurité ». Pour l’instant, c’est uniquement par l’intermédiaire du site Web que les fidèles peuvent faire des dons et des offrandes.

Très inspirée de ce qui se fait en ligne depuis plusieurs décennies sur le continent américain, cette application ecclésiastique est, à l’origine, un projet de fin d’étude. En 2014, quatre jeunes étudiants du MEST (Meltwater Entrepreneurial School of Technology), Nana, Saviour, Jesse et Patrick sont à la recherche d’un projet technologique et se rendent comptent qu’ils appartiennent à quatre églises distinctes, respectivement la Destiny Chapel, l’Apostolic Church Ghana, l’église catholique et la Global Evangelical Church.

Nana, Saviour, Jesse et Patrick, alors étudiants au MEST (Meltwater Entrepreneurial School of Technology) à Accra, présentent leur projet de fin d’étude qui deviendra la start-up Asoriba. Asoriba

De cette diversité leur vient une idée. Pourquoi ne pas proposer un service en ligne qui puisse aider tout autant les pasteurs à gérer leurs communautés que les fidèles à rester connectés ? D’autant plus que ces étudiants ont, pour nourrir leur réflexion, des informations de premières mains. Nana et Saviour sont tous deux fils de pasteur et Nana se destine à en devenir un. « Nous savions que la gestion financière d’une église est compliquée, que le suivi des fidèles est souvent peu efficace, et que la création d’événements pour animer la communauté est toujours trop onéreuse », se souvient Nana. Les quatre planchent donc sur une application à la fois Web, utilisable par un pasteur devant son ordinateur, et mobile, pour un fidèle smartphone en main.

Diplôme en poche, ces entrepreneurs en herbe ont, cette dernière année, bénéficié de l’incubateur du Meds pour structurer leur projet. Nana Opoku a pris la direction de la start-up dénommée Asoriba, enfant de l’église en Twi, un des dialectes du Ghana. Quand à ses trois autres camarades, ils occupent des postes techniques.

Les quatre garçons affichent un plan marketing volontariste et très précis. « Près de 500 millions d’Africains appartiennent à des communautés chrétiennes. Il existe 2,6 millions d’églises en Afrique et notre objectif est d’en atteindre 468 000 », explique Nana. Les créateurs aspirent donc à se développer bien au-delà des frontières du Ghana.

Célébration dans une des églises d’Accra qui utilise l’application Asoriba pour rester en contact avec ses fidèles. Asoriba

L’application propose des tarifs adaptés au nombre de fidèles. Pour les « baby churches », les petites églises telle celle du père de Nana qui accueille une trentaine de personnes, le tarif est de 9 dollars américains par mois. Pour les grandes communautés, de plus de 2 000 membres, la somme mensuelle à verser est de 199 dollars.

Depuis le lancement officiel de l’application en février 2015, les quatre garçons se démultiplient sur les réseaux sociaux Twitter et Facebook pour communiquer. A coup d’opération de marketing direct, ils appellent, prennent rendez-vous et essayent de convaincre un à un les pasteurs. Leur équilibre financier a été atteint avec la centième église devenue cliente. « Plus de 220 ont actuellement créé un compte sur le site », ajoute Nana. Les nouvelles communautés inscrites « ont une période de deux semaines pour tester nos services et nous l’espérons y souscrire ».

Le premier client d’Arisoba a été la Destiny Church, église du père de Nana, où celui-ci fait également ses armes de futur prédicateur. Selon une étude du Pew Research Center de décembre 2015, l’Afrique est le continent où le plus d’habitants considèrent la religion comme « très importante » dans leur vie quotidienne. C’est le cas pour 98 % des Ethiopiens, 97 % des Sénégalais, 90 % des Ghanéens, contre 27 % des Canadiens, 18 % des Australiens et 14 % des Français.