Jean-Pierre Anzala, pasteur de l’Église protestante : « Proposer sans imposer, c’est un peu cela …

Vous avez tenu à rencontrer les parents des prisonniers, pourquoi ?

L’association Men A lespwa et l’aumônerie protestante des prisons sont allées à la rencontre des parents des prisonniers parce que nous avons constaté qu’il y avait un manque dans leur accueil et qu’il fallait vite le combler. En effet, nous avons voulu accueillir d’une façon chaleureuse ces familles qui venaient rendre visite à leurs proches, car aujourd’hui l’accueil est uniquement administratif. Elles doivent s’acquitter d’un certain nombre d’obligations administratives et sont mécaniquement conduites au parloir, avec une faible dimension humaine. Une approche qui manque vraiment d’humanité. Nous avons voulu aussi les rassembler parce qu’elles rencontrent les mêmes difficultés. Notre démarche avait pour but, de leur permettre de partager un temps festif et convivial, une façon de percevoir le lieu autrement, voire de partager et échanger autour de leur expérience.

Une initiative qui rentre dans la politique de l’Église protestante ?

Absolument, nous considérons que notre théologie est une théologie de la grâce et de l’amour, une théologie de la libération de la personne, aussi bien sur le plan spirituel, que politique et économique. Nous pensons donc qu’une personne est accomplie si ces trois aspects de la liberté sont réunis. Il s’agit pour ces personnes, de se laisser accompagner vers cet accomplissement d’eux-mêmes. Nous avons mis en place toute une logistique autour de cette manifestation, à savoir, la location d’un château gonflable pour les enfants, une animation assurée par un DJ, un clown qui nous a fait un spectacle de 45 minutes environ, des temps d’écoute aussi. Nous sommes avant tout des citoyens et des pasteurs, entraînés à l’écoute active des personnes, sans perdre de vue que cette rencontre était avant tout conviviale et citoyenne. Nous avons pu compter sur différents partenaires (la Ville de Baie-Mahault, le centre pénitentiaire, la Banque alimentaire, etc.).

Comment peut-on définir l’Église protestante en Guadeloupe ?

Quand on dit protestant, c’est très vaste. D’ailleurs au niveau de la prison, nous avons une aumônerie protestante qui regroupe des protestants réformés et luthériens que nous sommes, des adventistes, des baptistes, des évangéliques. Mon église présente le protestantisme historique, luthérien et réformé. Car à l’origine même du protestantisme, au XVIe siècle en Allemagne un moine Augustin, qui s’appelle Martin Luther va lancer le protestantisme qu’il synthétisera à travers trois écrits. Il sera relayé en France et à Genève par le réformateur Jean Calvin. Pour le protestant luthérien et réformé, être chrétien c’est être libre : cette liberté m’est donnée pour que je choisisse Dieu librement, sans marchandage, sans lâcheté, sans indulgence et par rapport à l’autre, je me fais libre serviteur. Derrière tout cela il y a une éthique, celle de la liberté et de la responsabilité. Je suis responsable de moi-même et de la société tout entière pour vivre en paix et saintement. C’est un mouvement très jeune en Guadeloupe et en Martinique. Nous sommes arrivés en tant qu’Église par le biais de l’aumônerie protestante des armées, il y avait alors un aumônier qui accompagnait les familles des militaires protestants. Et à l’époque, pour aller au culte, il fallait se rendre sur la base militaire et montrer sa carte d’identité. La communauté protestante était alors composée essentiellement d’expatriés venus s’installer en Guadeloupe ou d’Antillais venus au protestantisme par le biais du mariage pour certains. C’est ainsi que le mouvement a pris racine dans le département. Aujourd’hui, nous représentons une soixantaine de familles environ dans le département.

Quels sont vos rapports avec les autres communautés religieuses ?

Nous sommes implantés sur un site qui appartient aux soeurs dominicaines, qui nous ont cédé une parcelle. C’est là que nous allons construire notre Centre protestant. Donc, dès l’origine, nous vivons l’oecuménisme. Pour les protestants luthero-réformés, l’oecuménisme est une évidence, c’est inscrit dans notre constitution, il s’agit de témoigner du Christ. Nous vivons l’oecuménisme dans le respect et dans l’espérance de l’unité. Il est dit : « c’est à votre amour que le monde saura que vous êtes mes disciples » . Nous avons de bons rapports avec nos voisins, avec l’Église catholique tout entière. Quand cela est possible, nous établissons un dialogue avec les autres religions non chrétiennes.

Votre mission arrive à son terme, quel bilan faites-vous ?

Vivre le christianisme dans la différence et mettre cette différence au service du Christ. C’est le premier bilan que je ferais de mon passage en Guadeloupe. Proposer sans imposer, c’est un peu cela ma politique. L’oecuménisme a été un des temps forts de ma mission. Il s’agissait pour moi de contribuer à rapprocher les chrétiens. L’unité de l’Église passe par les hommes et s’il n’y a pas cette volonté de faire avancer les choses, ce serait un vain mot. J’ai eu la chance de rencontrer des hommes et des femmes qui avaient cette ouverture d’esprit, notamment le Père Jean Hamot qui a commencé le travail en amont et aujourd’hui, Mgr Riocreux, un homme de communication avec qui l’oecuménisme fait son chemin. Et comme je l’ai dit par le biais de l’aumônerie des prisons, je vis l’oecuménisme avec les autres Églises protestantes. Nous témoignons du même Christ et notre présence en Guadeloupe consiste à transformer la société ensemble. Dans notre Église, les pasteurs sont envoyés pour une durée très limitée, quatre ans environ. Après une prolongation d’une année, je laisse la place à mon successeur, le pasteur Christian Bouzy, qui arrivera à la fin des vacances et prendra son poste en septembre.

«L’important, les personnes qui m’ont fait confiance»

Au début, Ariane Baehni et la religion ne partaient pas forcément copains. Née à Morges en 1961, elle vit au travers du mariage de ses parents – une bonne catholique espagnole dont le père a été fusillé durant la guerre civile et un gérant immobilier issu de la vieille tradition protestante vaudoise – l’implacable difficulté des unions mixtes. Dans son cas, cela se traduit par une grand-mère qui menace de ne pas venir au mariage, tandis que le baptême réformé de la jeune fille entraîne automatiquement l’excommunication de sa mère.

A première vue, rien ne prédestinait la jeune gymnasienne du Belvédère à devenir ministre de Vallorbe. Entre ses deux cultures familiales, Ariane Baehni trouve d’abord ce qu’elle appelle aujour­d’hui «une porte de sortie» et se passionne pour l’ésotérisme. Pas de quoi faire tourner des guéridons et parler aux défunts. Mais en tout cas le temps de comprendre «l’ouverture à la dimension de l’invisible et de la transcendance. C’est une dimension à aborder avec respect. Ce n’est pas un jeu.» Elle remplit sa bibliothèque de bouquins de mythologie grecque (ses enfants s’appelleront Agnès et Ulysse) et opte pour des études en HEC: «Parce que c’était ce qui me permettait d’être rapidement indépendante. A l’époque c’était un enseignement pratique, diversifié, qui formait les employés des PME de la région.»

Cheveux blonds, joviale, le sourire facile et la voix posée qui donne confiance, Ariane Baehni grimpe les échelons en talons aiguilles. Elle sera cadre à l’Office du tourisme de Lausanne, puis chargée de com de sa faculté, avant de devenir responsable régionale d’Imholz Voyages, feu numéro trois du tourisme suisse.

Révélation tardive

La vie d’Ariane Baehni a changé un soir, chez elle, seule sur son canapé à Romainmôtier. «C’est peut-être la crise de la quarantaine, vous savez, quand on se rend compte qu’on n’est pas immortel. J’ai soudain ressenti quelque chose de très difficile à décrire, une sorte de révélation. Et non, je n’avais rien fumé, rit-elle. C’était comme si j’étais aimée inconditionnellement. En fait je priais souvent jusqu’à ce jour, mais sans vraiment savoir qui.» Bonne cartésienne, elle consulte un psy, un curé et un pasteur. C’est le troisième qui l’emporte: «J’ai hésité à rentrer chez les bonnes sœurs, mais je ne remplissais pas les critères. Et ma famille est trop importante pour moi. En fait, je crois surtout à la fidélité à la tradition dans laquelle on vit, au système religieux fon­damentalement en lien avec notre société. C’est ce que dit le dalaï-lama: il fait peu de sens de faire du yoga à Pompaples.». Si Ariane Baehni réussit bien ses prêches, c’est notamment parce qu’elle a le sens de la formule.

Pasteur n’est pas un métier comme les autres. Il y a le secret professionnel, et Ariane Baehni est intransigeante là-dessus. A Vallorbe, elle fait face aux récits des migrants du centre pour requérants d’asile de la Confédération. Ils fréquentent le temple, racontent des horreurs qui font «douter de l’humanité». Le soir, Ariane Baehni rentre chez elle et dit simplement que «la journée a été difficile», avant de dévorer un épisode de Broadchurch ou de Game of Thrones.

En analyste marketing confirmée, Ariane Baehni a développé son propre indice d’autoévaluation. Elle ne juge pas sa semaine au taux de remplissage du vaste temple de Vallorbe dont la fréquentation est, comme partout, en berne, à l’exception notable des cérémonies funéraires. Elle compte plutôt «le nombre de personne qui m’ont fait confiance». Car le ministère de la Cité du fer, c’est beaucoup d’accompagnement. «Ici, les gens s’échappent moins facilement qu’ailleurs par la consommation. Ils se parlent.» Si elle regrette sa reconversion? «Absolument pas, je me sens enfin à ma place. Dans ce village il y a de la solidarité, une capacité d’accueil et du courage. Ces gens me touchent comme je n’ai jamais été touchée. Il y a des graines de paradis ici.» (24 heures)

(Créé: 11.07.2016, 10h00)

Affaire Fatzer: le grand ratage!

L’affrontement entre les deux pasteurs, le Président du Conseil synodal – qui exerce le pouvoir et représente l’EERV !- et l’autre – qui taquinait les médias – s’est terminé par un échec lequel n’est à l’honneur ni de l’un ni de l’autre.

On assiste à une dérive politique du conflit, à une querelle d’arguments plus ou moins faux et à une étrange affirmation de « pouvoir ».

La dérive politique : le gréviste de la faim dit avoir réalisé qu’il faisait aussi la grève pour tous les travailleurs malmenés par des employeurs et « poubellisés par une loi du travail brutale », et le président du Conseil synodal rétorque « son admiration pour la grande majorité des PME qui ont une gestion humaine des ressources humaines ». Bon ! Est-ce la CGT contre Hollande ?

Les affirmations erronées : Au gréviste de la faim qui soutient « qu’il y a sept à huit procès impliquant des pasteurs », le Président rétorque «  qu’il y a trois procédures en cours devant les prud’hommes, éventuellement quatre ». Il oublie sans doute les trois autres procédures qui ne sont pas devant les prud’hommes !

Une Eglise peu démocratique : Au gréviste de la faim qui dénonce une concentration du pouvoir entre les mains du Conseil synodal « sans contre-pouvoir », et affirme que « les fidèles ne se sentent pas entendus », le Président du Conseil synodal répond que « les assemblées de paroisse élisent des délégués à la région qui à leur tour élisent des délégués au Synode » et que l’on a « un parfait exemple de démocratie parlementaire ». Il omet de dire que, précisément, le Synode doit tout prochainement se prononcer sur une demande de consultation plus systématique des paroisses et que, dans le No de Bonne Nouvelle de juin 2016, il écrivait lui-même que  le déménagement du siège du Conseil synodal dans la maison des Cèdres « est le symbole d’une Eglise synodale » (or l’EERV est presbytéro-synodale et non pas synodale).

Une Eglise de « position dominante » : Enfin, quand le gréviste de la faim dit « quand on prend le risque de se faire engager par l’EERV, on se retrouve dans une situation où on ne peut aller nulle part si l’on se fait virer », le Président du Conseil synodal affirme simplement que «les pasteurs ne sont pas des employés plus captifs que les travailleurs de n’importe quelle branche où un acteur a une position dominante ». Et toc ! l’EERV est une entreprise à position dominante. Sans doute faudra-t-il signaler la chose à la Commission de la concurrence !

Je n’approuve nullement le procédé du gréviste de la faim qui a nettement dérapé dans son attitude, mais que penser des réponses de celui qui engage l’EERV face à la population ?

Il ne reste aux fidèles, ministres et laïcs, que la prière pour s’en remettre.

Le 10 juillet 2016

L’Etat doit-il subsidier les Eglises?

Jacques Neirynck

Après 23 jours, le pasteur Daniel Fatzer vient d’interrompre sa grève de la faim, sans avoir obtenu la réintégration des pasteurs licenciés par le Conseil Synodal, à commencer par lui-même. Tout en se gardant de s’immiscer et de trancher dans un conflit interne à une Eglise, à laquelle je n’appartiens pas, on peut saisir cette occasion pour réfléchir aux rapports entre l’Etat de Vaud et les Eglises. Quelle est la raison qui justifie le subside accordé par le pouvoir politique à une organisation religieuse ? La coutume sans doute. Mais cette habitude tombe en déshérence. Eglises et temples sont de moins en moins fréquentés. Il suffirait de temporiser dans la situation actuelle pour entrevoir un temps où les fidèles constitueront une si petite minorité que l’Etat n’y prêtera même plus attention. Dans ce canton de Vaud, il y a plus de citoyens sans appartenance religieuse que de fidèles dans l’EERV.

L’Etat verse 60 millions de francs en 2014 aux Eglises réformée et catholique vaudoises, qui se les répartissent. Une somme qui représente moins de 0,7 % du budget de l’Etat. Avec 34,5 millions de francs, l’EERV couvre notamment les salaires des ministres et la formation. Le canton est propriétaire des cures. Et les communes entretiennent leurs églises. Ainsi, l’Etat assure la tradition de ces institutions, tout comme il maintient l’existence de théâtres, d’orchestres, de musées. Au regard de la loi, les Eglises remplissent une fonction sociale en perpétuant une tradition spirituelle, qui soutient maintes personnes dans les difficultés. Bien évidemment cette activité d’ordre culturel ne peut s’exercer sous le contrôle de l’Etat. Les ministres du culte, comme les écrivains, les journalistes, les enseignants, jouissent de la liberté de parole. Même si celle-ci n’est pas absolue, ses limites sont très larges.

Le conflit entre le Conseil Synodal et plusieurs pasteurs licenciés provient du mécanisme de subsidiation. Les pasteurs et les prêtres sont les employés de leurs Eglises et non de l’Etat. Jusqu’en 2007, les pasteurs dépendaient directement de l’Etat. Depuis, celui qui paie est devenu le maître. Autant l’Etat se gardait comme la peste d’intervenir dans la prise de parole des ministres du culte, autant les organes dirigeants des Eglises sont tentés de le faire. Il faut d’urgence revenir au statut d’avant 2007. Les subsides consentis aux Eglises n’ont pas pour but de permettre une censure interne.

Car la Réforme a surgi précisément comme refus du centralisme romain. La multiplicité des Eglises réformées et l’absence d’un double du pape permettent une diversité et une liberté, qui devraient caractériser les chrétiens. Ils ne vivent pas tous dans les mêmes conditions, ils n’ont pas tous les mêmes traditions, ils disposent de conceptions du monde différentes. La foi religieuse ne peut se transmettre qu’en s’adaptant à cette divergence culturelle. C’est bien la tâche que s’était attribuée les pasteurs de l’église Saint Laurent à Lausanne : aller à la rencontre des gens pour les rencontrer là où ils se trouvent et non pas là où l’on suppose qu’ils devraient être.

L’Eglise catholique (dont je suis) a grand besoin d’Eglises réformées pour encourager sa rénovation. Ainsi, en instituant des femmes pasteurs, le protestantisme a démontré qu’il est concevable et souhaitable de consacrer des femmes prêtres. De même, en utilisant les langues vernaculaires plutôt que le latin, la Réforme a entrainé le même mouvement pour l’Eglise catholique.

A l’invitation des pasteurs de Saint Laurent, j’ai pu animer un culte dont j’avais choisi les lectures parmi l’oeuvre des écrivains de langue française, plus accessibles, plus parlants, plus proches de nous que le prophète Isaïe ou l’apôtre Paul. Cela ne m’avait jamais été proposé auparavant. Ce qui vient de se passer me fait craindre que cela ne se passera plus jamais. Et qu’un jour l’objet du litige lui-même, le salaire d’un pasteur transitant par une caisse synodale deviendra obsolète.

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Appel des organisations protestantes à accueillir des exilés : “C’est aux religieux de prendre leur …

Plusieurs organisations protestantes de France, regroupées au sein du collectif “Exilés: l’accueil d’abord !”, ont lancé vendredi un appel à accueillir les exilés dans de meilleures conditions en France, notamment dans des familles volontaires. Ce collectif est composé de l’Eglise protestante unie de France, de l’ONG la Cimade, de la Fédération protestante de France et de la Fédération de l’entraide protestante, ainsi que de l’Union bouddhiste de France et de l’association Coexister.

“C’est aux religieux de prendre leur part de responsabilité, à la foi d’interpeller, de dénoncer à des moments, mais aussi d’accompagner” explique ce samedi sur France Info Daniel Cassou, pasteur, et chargé de communication pour l’Eglise protestante unie de France.

“Il ne faut pas attendre que la Méditerranée devienne le plus grand cimetière du monde pour réagir (…). Nous voulons interpeller les autorités publiques par une démarche citoyenne, républicaine, autour de la Fête nationale du 14 juillet, qui va rassembler tous les Français autour de la devise nationale ‘Liberté égalité fraternité’.”

Les initiateurs du mouvement reprochent aux autorités de compliquer l’accueil des migrants : “Malheureusement, il y a plus de familles qui sont prêtes à accueillir que de réfugiés qui ont l’autorisation d’être accueillies.
Les arguments des autorités sont des arguments techniques, politiques, pour que les réfugiés restent dans des camps, soit en Syrie, soit aux Portes de l’Europe, mais la question reste bien plus large, nous avons des réfugiés en France que nous devons accueillir de manière bien plus humaine. Je crois qu’il faut que nous prenions conscience que l’accueil de ces réfugiés est un problème humain qui va durer, ça n’est pas un épiphénomène, donc nous devons avoir un autre regard sur les exilés” ajoute Daniel Cassou.

Les organisateurs de la campagne appellent les pasteurs à afficher la bannière “Exilés : l’accueil d’abord” au fronton des temples. Ils vont également envoyer des lettres aux députés, et lancer des appels via les réseaux sociaux.

Le pasteur Fatzer cesse sa grève de la faim

Le pasteur Daniel Fatzer a stoppé le 8 juillet 2016 sa grève de la faim entamé 23 jours plus tôt à l’église St-Laurent de Lausanne pour protester contre son licenciement. S’il n’a rien obtenu dans son cas personnel, il se réjouit d’avoir soulevé dans le grand public des questions telles que la brutalité du droit du travail suisse ou le déficit démocratique au sein de l’Eglise évanglique réformée vaudoise  (EERV).

Toujours avec la même mise en scène, matelas gonflable au milieu de l’église, entouré de trois de ses collègues licenciés comme lui, et de quelques membres de son groupe de soutien, le pasteur Fatzer n’a pas changé de ton. «J’arrête ce jeûne de contestation parce que j’ai obtenu ce que je pouvais en espérer. Je remercie mon ex-employeur. J’ai perdu 10 kg au seuil de l’été. J’en avais besoin. Lorsque l’on m’a signifié mon licenciement, j’avais promis à mon employeur un feu d’artifice médiatique.”

Sur le fonds, le ministre n’a néanmoins rien obtenu puisque, selon un communiqué de l’EERV, «Daniel Fatzer a quitté la table de la médiation ce vendredi matin au terme d’une deuxième rencontre.» Dans cette affaire, la Conseillère d’Etat Béatrice Métraux avait, en effet, offert ses bons offices. Une décision sur laquelle le pasteur ne fera aucun commentaire, respectant un engagement à la confidentialité.

Reprendre des forces pour un nouveau combat

Le pasteur tient aussi à “reprendre des forces pour le marathon de combats qui s’annonce”, Il rappelle notamment que plusieurs cas opposant l’EERV à ses ex-employés devront être traités par les tribunaux dès cet automne. Selon Xavier Paillard, président du Conseil synodal  de l’EERV quatre procédures en cours devant les prud’hommes, y compris le cas de Daniel Fatzer.

Pour le pasteur cette grève de la faim médiatisée a servi à sensibiliser la population vaudoise aux dysfonctionnements graves de cet employeur. Il se décrit lui-même comme un «lanceur d’alerte». Au fil des jours, dans une église Saint-Laurent «visitée du matin au soir, j’ai réalisé que je faisais aussi ce jeûne pour tous les gens qui sont maltraités par la loi sur le travail. J’aurais aimé que l’Eglise puisse être présentée comme un employeur modèle. Ce n’est pas le cas.»

Les autorités de l’EERV ont pris acte de la fin du jeûne du ministre licencié. «Nous regrettons énormément le battage médiatique orchestré par le pasteur Fatzer, a souligné Lise Dépraz, pasteure et membre du Conseil synodal. Alors que beaucoup de gens s’engagent dans l’EERV, il est triste de focaliser toute l’attention sur un conflit d’ordre privé entre l’Eglise et quelques pasteurs.» (cath.ch-apic/ag/mp)

Les protestants du Havre se mobilisent pour l’accueil des exilés

À l’initiative de l’Église protestante unie de France, un collectif intitulé « Exilés, l’accueil d’abord ! » a été fondé il y a quelques semaines. À l’approche du 14 juillet et de cette fête nationale où l’on exalte les valeurs de la devise républicaine : liberté-égalité-fraternité, il appelle à « un accueil conforme aux principes républicains et aux capacités de la France ».

Autour de cet appel, une campagne de sensibilisation est engagée, tant sur le plan national que dans les régions. Ainsi, l’Église protestante unie du Havre-Etretat-Montivilliers et l’Entraide protestante prennent trois initiatives. La première est l’envoi d’un texte qui interpelle les parlementaires de la région havraise. Il porte les signatures de Pauline Raoul-Duval et Frédéric d’Herbécourt, présidents respectifs de l’Entraide protestante du Havre et du conseil presbytéral de l’Église protestante unie du Havre-Etretat-Montivilliers.

Lancement de la campagne dimanche

La deuxième action, c’est la présence cet été d’une grande bannière sur la façade du temple. Une invitation est faite enfin à tout citoyen ou collectif intéressé de relayer cette interpellation sur les réseaux sociaux. Les pasteurs et le conseil presbytéral de l’Église protestante unie du Havre-Etretat-Montivilliers rappellent que les protestants de notre région ne sont pas inactifs face aux nombreuses demandent formulées chaque jour, chaque semaine de l’année par des migrants : distribution alimentaire (ceci depuis 2004), accueil, recherche de solutions pour l’hébergement, écoute, soutien moral et apport de conseils.

Le lancement de la campagne a lieu ce dimanche 10 juillet. À 10 h 30, le culte dominical sera placé sous le signe de l’accueil et fera écho à l’interpellation des parlementaires, puis la bannière sera déployée à 11 h 45.

Collectif « Exilés : l’accueil d’abord ! » sur Facebook et Twitter. Pasteur Marion Heyl : 06 74 64 38 75 et marionheyl@laposte.net. Pasteur Emmanuel Rouanet : 06 40 95 33 71 et emmanuel.rouanet@laposte.net

Satisfait de son «feu d’artifice médiatique», le pasteur Fatzer met fin à sa grève de la faim

Caméras, appareil photo et bloc-notes prêts à immortaliser l’instant, les journalistes ont répondu présents à l’invitation du pasteur Daniel Fatzer, vendredi en l’église Saint-Laurent à Lausanne. Quelques membres de son groupe de soutien sont également là. Le ministre qui poursuit un «jeûne de contestation» strict depuis une vingtaine de jours, trône sur un matelas gonflable au milieu du temple. Alignés sur des chaises à ses côtés, trois des quatre anciens collègues licenciés au cours des trois dernières années par l’Eglise évangélique réformée du canton de Vaud (EERV).

«Je mets fin à cette grève de la faim, car j’ai obtenu ce que je pouvais obtenir. J’ai alerté la population sur la situation dans l’Eglise réformée vaudoise. Et j’ai obtenu le soutient de la population», déclare le pasteur qui occupe le temple du centre lausannois depuis le 18 juin, au lendemain de son licenciement pour faute grave, intervenu à la suite de deux mentions nominatives de situations personnelles d’autres pasteurs prononcées lors du culte radio, diffusé en direct sur Espace 2, le 12 juin.

Un feu d’artifice médiatique

«Lorsque l’on m’a signifié mon licenciement, j’avais promis à mon employeur un feu d’artifice médiatique», a rappelé Daniel Fatzer, durant sa conférence de presse. Et c’est sans doute tout ce que le ministre a obtenu, puisque, selon un communiqué de l’EERV, «Daniel Fatzer a quitté la table de la médiation ce vendredi matin au terme d’une deuxième rencontre.» Dans cette affaire, la Conseillère d’Etat Béatrice Métraux avait, en effet, offert ses bons offices. Une décision sur laquelle le pasteur ne fera aucun commentaire, respectant un engagement à la confidentialité.

«Si j’étais ermite, il est certain que je poursuivrais le mouvement, mais j’ai une famille qui souffre de cette situation», a déclaré le pasteur qui déclare avoir perdu 10 kilo durant ces 23 jours de contestation. «Il me faut par ailleurs reprendre des forces pour le marathon de combat qui s’annonce», ajoute-t-il. Il rappelle notamment que plusieurs cas concernant l’EERV devront être traités par les tribunaux dès cet automne. «Il y a sept à huit procès impliquant des pasteurs, dont un a déjà été gagné», rappelle Daniel Fatzer. Des chiffres contestés par Xavier Paillard, président du Conseil synodal (exécutif) de l’EERV: «Il y a trois procédures en cours devant les prud’hommes. Quatre si l’on compte le cas de Daniel Fatzer.»

Pasteurs captifs

«Je n’ai pas fait cela pour moi, je l’ai fait pour mes quatre autres collègues», insiste Daniel Fatzer. S’oppose-t-il par principe au licenciement d’un pasteur? «Quand on prend le risque d’être engagé par l’EERV, on se retrouve dans une situation où l’on ne peut aller nulle part si l’on se fait virer. Les pasteurs sont captifs de cette Eglise. Donc oui, je pense que l’on ne devrait pas pouvoir licencier un pasteur, et l’Eglise devrait y être sensible au moment d’engager quelqu’un dans le ministère.»

Xavier Paillard rétorque: «les pasteurs ne sont pas des employés plus captifs que les travailleurs de n’importe quelle branche où un acteur à une position dominante. Il peut être engagé par une autre Eglise réformée. En outre avec sa formation en théologie, il peut trouver du travail comme journaliste, enseignant ou une autre fonction à caractère social.»  

Les fidèles ne se sentent pas entendus

Daniel Fatzer dénonce aussi le «déficit démocratique» de l’Eglise, concentrant, ces dernières années tout le pouvoir entre les mains du Conseil synodal et des l’Office des ressources humaines. «Il n’y a pas de réel contre-pouvoir; le synode ne joue pas ce rôle. Les fidèles ne se sentent pas entendus.» Xavier Paillard conteste également: «les assemblées de paroisses élisent des délégués à la région, qui à leur tour élisent des délégués au synode. Et à chaque niveau, l’assemblée élit un conseil exécutif ainsi qu’une commission de vérification des comptes et de la gestion. On a un parfait exemple de démocratie parlementaire.»

Un droit du travail brutal

«Au fil des jours, j’ai réalisé que je faisais aussi ce jeûne pour les travailleurs nombreux qui sont venus me soutenir et qui sont maltraités par une loi sur le travail qui permet à n’importe quel employeur de se débarrasser d’un employé et qui ne permet même pas aux prud’hommes d’obliger une entreprise à réengager quelqu’un. Il se pourrait que la prospérité de notre pays se fasse sur des déchetteries de travailleurs poubellisés par une loi brutale», a également plaidé Daniel Fatzer. «J’aurais aimé que l’Eglise puisse être présentée comme un employeur modèle. Ce n’est pas le cas.» Xavier Paillard ne pense pas que l’Eglise se comporte comme n’importe quel autre employeur. «D’abord, je dis toute mon admiration pour la grande majorité des PME qui ont une gestion humaine des ressources humaines. Et je crois que l’Eglise n’est pas en reste dans ses offres de formation, de suivi de ceux qui travaillent pour elle et d’accompagnement des personnes en situation de fragilité.»

Malgré l’absence de consensus, le pasteur Fatzer arrête son jeûne de contestation

Alité sur son matelas pneumatique qu’il n’a pas quitté depuis 23 jours, le pasteur de l’Eglise lausannoise de Saint-Laurent, Daniel Fatzer, allume son micro. Installé sous une banderole balisée «Eglise habitée», il commence à parler. «Tout le monde est prêt?» s’assure-t-il. Entouré de pasteurs licenciés, dont il a intégré la défense à sa cause, il annonce l’arrêt de sa grève de la faim. «Mon 400 mètres sprint se termine ici, mais un marathon de résistance commence», image-t-il.

Le 15 juin dernier, le pasteur Fatzer avait annoncé sa grève de contestation afin de protester contre son licenciement immédiat pour justes motifs. Les dirigeants de l’église réformée lui reprochaient d’avoir cité nommément, durant un culte radiodiffusé, le nom d’un collègue licencié par l’Eglise.

Sur les bancs de Saint-Laurent, une trentaine de personnes sont venues écouter le prêche de ce pasteur désormais «bénévole en son église». «J’ai obtenu ce que je pouvais espérer d’un tel jeûne, poursuit-il. Sans cela, je n’aurais jamais rassemblé tout ce monde. J’ai reçu beaucoup de soutien, et obtenu une remise en question de mon employeur.» Celui qui prétendait poursuivre sa grève jusqu’à sa réintégration ne le fera donc pas. Les négociations entre le pasteur et l’EERV n’ont pas abouti, «la suite est à découvrir lors des sept à huit procès qui s’ouvriront à partir du mois d’août 2016».

Daniel Fatzer et l’Eglise évangélique réformée vaudoise (EERV) ont tenté des négociations, que le pasteur a quittées vendredi matin. «Je ne vous en dirai pas plus, au vu de l’embargo que je me suis engagé à respecter. Mais j’ai toujours dit que la réintégration de tous les pasteurs licenciés par l’Eglise depuis deux ans était l’un des points sur lesquels je ne transigerais pas.» Voilà qui ne semblait pas être à l’ordre du jour de l’institution.

Viser le pardon et la réconciliation

Dans un communiqué diffusé vendredi, le Conseil synodal de l’EERV «estime avoir fait plusieurs pas significatifs dans le sens des demandes du pasteur Daniel Fatzer. Il a proposé un chemin de pacification en Eglise, sans interférences avec les procédures juridiques en cours. Il a notamment ouvert, pour chaque personne licenciée, la possibilité d’un dialogue qui vise au pardon et à la réconciliation.»

Après avoir perdu dix kilos, le pasteur Fatzer rompra le jeûne vendredi soir. Il aura le droit, pour commencer, à un repas qui ne dépassera pas 175 calories.


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Le pasteur Daniel Fatzer arrête sa grève de la faim

Le pasteur trublion Daniel Fatzer a décidé de cesser son jeûne de contestation, après 23 jours. L’ancien ministre de l’Eglise évangélique réformée vaudoise (EERV) annonce également qu’il devrait quitter l’église Saint-Laurent, à Lausanne, qu’il occupait jour et nuit depuis le 15 juin dernier.

Face aux médias, le pasteur a expliqué cet après-midi les raisons qui l’ont incité à stopper sa démarche. «J’ai hésité à continuer, dit-il. Si j’étais un moine ermite je n’aurais pas hésité une minute à continuer. On peut aller jusqu’à 60 jours. Mais j’ai une famille qui s’use de mon combat.»

Il devrait reprendre son premier repas ce vendredi soir, sous contrôle médial. «Il ne devra pas dépasser 175 calories», précise-t-il. Et de lancer un trait d’humour: «Je remercie mon ex-employeur de m’avoir permis de perdre dix kilos au seuil de l’été, j’en avais besoin.»

Médiation échouée

Une médiation entre le pasteur Daniel Fatzer et le Conseil synodal, organisée par la conseillère d’Etat Béatrice Métraux, a échoué. Après une première séance lundi, une deuxième s’est tenue ce vendredi matin et s’est terminée sans trouver d’accord.

Dans un communiqué diffusé peu après, le Conseil synodal «a pris acte avec regret que Daniel Fatzer a quitté la table de la médiation».

Daniel Fatzer demandait notamment sa réintégration comme pasteur au sein de l’EERV, ainsi que la réintégration de quatre autres pasteurs licenciés par l’Eglise depuis deux ans. Un point qui n’était pas à l’ordre du jour pour l’institution.

«Des pas significatifs»

Le Conseil synodal «estime avoir fait plusieurs pas significatifs dans le sens des demandes du pasteur Daniel Fatzer. Il a proposé un chemin de pacification en Eglise, sans interférences avec les procédures juridiques en cours. Il a notamment ouvert, pour chaque personne licenciée, la possibilité d’un dialogue qui vise au pardon et à la réconciliation.»

En d’autres termes, des solutions individuelles pourrait être trouvées. Mais pas question de décréter «une amnistie générale» sur les licenciements, comme le réclamait Daniel Fatzer.

Daniel Fatzer jeûnait pour protester contre son licenciement de l’EERV «avec effet immédiat», survenu après un coup d’éclat en direct lors d’un culte radiodiffusé sur Espace 2, où il a cité nommément deux collègues pasteurs. Il entendait dénoncer cinq autres licenciements intervenus au sein de l’institution depuis deux ans.

«Déficit démocratique»

«L’EERV est en déficit démocratique, estime Daniel Fatzer, il n’y a en effet ni droit d’initiative ni droit de référendum dans cette Eglise. C’est la voie que j’aurais choisi cas échéant. J’ai donc choisi de m’adresser au peuple vaudois tout entier.»

Il rappelle que son jeûne visait à soutenir des collègues et pas à défendre sa propre situation. «Au fil des jours, dans l’église Saint-Laurent visitée du matin au soir, j’ai aussi réalisé que je faisais aussi ce jeûne pour les travailleurs nombreux, maltraités dans notre pays par la loi sur le travail.»

Même si rien de concret n’a été obtenu, ce «400 mètres haies», comme il l’appelle, sera suivi d’un «marathon de résistance» dès 2017: pas moins de sept démarches en justice sont annoncées, lancées par des pasteurs licenciés contre leur ancien employeur, l’EERV.

(24 heures)

(Créé: 08.07.2016, 13h35)