Pasteurs Protestants

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Les protestants ne connaissent pas de clergé, au sens de personnes que leur fonction séparerait radicalement des fidèles. Chaque protestant se considère comme engagé dans le sacerdoce universel. Martin Luther a développé radicalement ce principe très tôt en affirmant : « le baptême seul fait le chrétien. Tous nous sommes prêtres, sacrificateurs et rois. Tous nous avons les mêmes droits […]. L’État ecclésiastique ne doit être dans la chrétienté qu’une sainte fonction. Aussi longtemps qu’un prêtre est dans sa charge, il paît l’Église. Le jour où il est démis de ses fonctions, il n’est plus qu’un paysan. » (Manifeste à la nation allemande, 1520)

De ce fait, le pasteur, dont le tire officiel est « ministre du saint Évangile », ne saurait être comparé chez les protestants à un prêtre. Pasteur est finalement un nom d’usage, le mot propre est ministre, étymologiquement : serviteur. Le mot latin ministerium « fonction de serviteur [minister], service, fonction » a aussi donné le mot « métier ». Le pasteur est simplement quelqu’un dont le métier est le service du culte (prédication et sacrements) ainsi que la direction et l’accompagnement d’une Église sur un territoire donné. Ce terme étant à l’origine synonyme de berger, il peut en réalité désigner toute personne chargée de conduire spirituellement une communauté religieuse, et est donc utilisé aussi par les catholiques, à propos du prêtre, ainsi que de l’évêque notamment.

« Le pasteur de demain sera peut-être, en vertu de sa formation théologique, celui qui est, auprès de ses frères, le témoin de la Parole, celui qui y renvoie et cherche avec eux la voie de la fidélité au Seigneur. Cela ne signifie aucunement que tout fidèle devrait s’en remettre à lui du soin de fonder ses attitudes et ses options dans la foi. Cela signifie seulement que la lecture de la Bible n’est pas seulement naïve et qu’on ne saurait se passer de l’aide d’un technicien qui est, en même temps, homme de foi et soucieux de la vie de la communauté. Le pasteur servira ses frères en restant à sa place de serviteur de la Parole. Il ne prétendra pas savoir mieux qu’eux ce qu’ils ont à faire, mais seulement les reconduire sans cesse à la Parole1. »

Le phénomène des « enfants-sorciers » : réalité ou invention ?

Concept très honteux, mais devenu ces derniers temps la coqueluche de certaines églises de réveil. Et cela ne cesse de diviser certaines familles qui croient à cette sorcellerie. Ce phénomène des enfants-sorciers, nombreux congolais le disent clairement, est une invention des pseudo-pasteurs pour des fins qui leur sont propres. D’où il nous faut dénoncer sans complaisance ces agissements, car ils ont déjà causé du tort à de nombreux enfants dans nos villes.

Ces soi-disant pasteurs appellent par « enfants-sorciers », ceux qui, selon eux naissent sorciers, c’est-à-dire capables de jeter de mauvais sorts aux membres de leurs familles. Tout cela est ridicule et bizarre comme affirmation. Et pourtant, la médecine le dit bien, la formation de l’embryon qui donnera naissance à un enfant plus tard est assujettie à beaucoup de conditions. Et si ces conditions ne sont pas si plausibles, on peut arriver à un nouveau-né malformé sur tel ou tel aspect du corps. Et même les sociologues et les psychologues le disent aussi, l’enfant nait toujours dans un état d’inachèvement physique et psychologique qui nécessite les apports des parents et/ou de la société pour son accomplissement réel.

Alors comment arriver à traiter des enfants qui souffrent d’une certaine incapacité physique et/ou mentale de sorciers ? Et des parents quand ils apprennent cela des pseudo- pasteurs et de certains hommes de Dieu, ils ne tardent pas à exclure l’enfant du cercle familial allant même jusqu’à lui faire subir certains sévices sociaux. L’enfant est flagellé à chaque instant, on lui refuse même à manger, il n’a pas de place dans la maison mais plutôt derrière la maison. Et le cas de l’enfant Isaac à Pointe-Noire dit long sur ce mauvais phénomène des « enfants-sorciers ». Quel « inhumanisme-social » !

Les pseudo-hommes de Dieu qui sont auteurs de ces pratiques y compris les parents qui les acceptent ignorent peut-être certaines dispositions juridiques nationales et internationales qui traitent de la protection et de l’encadrement des enfants. Au Congo par exemple on parlera de la Loi n° 4-2010 du 14 juin 2010 ou Loi Potignon portant protection de l’enfant. Comment affirmer que les enfants sont sorciers, alors que la sorcellerie si elle existe est un acte volontaire d’un sujet majeur et hautement mâture ? 

A Brazzaville par exemple, un chef de famille avec ses trois enfants avait décidé de quitter une église de réveil à cause de tels agissements. Car ce dernier n’avait pas compris comment l’un de ses enfants qui avait à peine 5 ans d’âge commençait à être montré du doigt qu’il était « enfant-sorcier » ? Et cela a provoqué même le divorce du couple puisque l’épouse a cru à certaines de ces allégations. Quel traumatisme causé à ces enfants innocents ! Que ces faux pasteurs «inventeurs » du concept enfants-sorciers aient seulement le courage de dire que certains enfants africains en général et congolais en particulier naissent avec des comportements « totémiques » liés à leurs ascendance et cela n’a rien à avoir avec le phénomène des enfants qu’ils qualifient de sorciers.

Ainsi tout le monde le sait très bien, l’enfant qui nait à droit aux soins, à l’éducation, à la protection pour son épanouissement. Donc vous, faux pasteurs, arrêtez de détruire la cellule familiale, car ces enfants que l’on qualifie de sorciers dans certaines églises de réveil sont peut-être porteurs d’initiatives pour le Congo de à venir. Que ces choses-là cessent !

Besançon – Religion Emmanuelle Seyboldt, présidente des protestants de France

Le Synode national de l’Église protestante unie de France qui se tient à Lille du 24 au 28 mai 2017 a élu son conseil national. Dans la soirée, le bureau a été élu. Emmanuelle Seyboldt, pasteure à Besançon depuis 2013 date de la fusion des paroisses d’Audincourt et de Besançon, a été élue présidente. Interview.

Comment s’est passée cette élection ?

L’Église protestante unie de France regroupe 450 paroisses, 500 pasteurs et quelque 250 000 fidèles. Le conseil national est là pour répondre à toutes les questions de cette Église. Les questions pratiques comme les salaires des pasteurs, leurs formations. Mais aussi et surtout d’autres questions afin de poursuivre l’impulsion donnée au mouvement. Le conseil réfléchit à tous les sujets de société, l’entraide, la jeunesse. L’église protestante unie a aussi deux universités, instituts de théologie à Paris et Montpellier.

Le président de l’ancien conseil avait émis le souhait de ne pas se représenter. Une commission a donc été constituée celle ou celui qui assumerait le nouveau mandat. J’ai été « appelée ».

– Pourquoi avez-vous été choisie ?

Il faudrait demander aux membres de la commission. Mais je pense qu’il y a plusieurs facteurs. J’ai une très bonne connaissance de mon Église où j’ai exercé différents postes. Pasteure depuis 23 ans, j’ai eu cinq types de ministère, comme, par exemple, aumônier d’hôpital, dans un journal ou dans les équipes pédagogiques de la catéchèse.

Concrètement, comment allez-vous exercer votre présidence ? Quittez-vous Besançon ?

Je pars dès lundi matin pour Paris. Je serai remplacée à Besançon dès cet été par le pasteur Hope Nenonene, originaire du Togo et pasteur d’Audincourt depuis six ans.

– Quels seront les premiers signes de votre présidence ?

Je voudrais vraiment poursuivre dans la dynamique créée il y a cinq ans quand a lieu l’union de l’Église réformée et l’Église luthérienne. L’Église protestante unie est entrée dans une dynamique de témoignage. Nous sommes là pour aider les gens à trouver les mots pour dire leur foi dans un monde qui subit une telle mutation. Il faut que l’Église bouge aussi. Nous en avons envie.

Emmanuelle Seyboldt, femme pasteur de Besançon, est élue au niveau national

Jusqu’alors, seule l’Eglise réformée d’Alsace et de Lorraine avait été dirigée par une femme, Thérèse Klipffel (1920-2006), de 1982 à 1988.

“Je n’étais pas candidate, j’ai été très surprise quand j’ai été appelée à cette fonction” 

Pasteur à Besançon depuis 2013 pour l’EPUdF, la principale Eglise protestante française, qui revendique 250.000 fidèles engagés dans ses rangs, Emmanuelle Seyboldt devient ainsi la première femme à la tête de la principale Eglise protestante de France.

“J’y vois une cohérence de notre Eglise: depuis 1965, elle accueille des femmes pasteurs. Que plus de 50 ans après des femmes soient appelées à ce type de responsabilités, c’est la logique”, juge-t-elle, abordant ses nouvelles fonctions “avec modestie et confiance”, dans une “continuité” avec son prédécesseur, Laurent Schlumberger.

Divorcée et remariée à un pasteur d’origine allemande, cette brune à l’allure sobre assume une famille recomposée avec sept enfants, donc cinq vivent encore sous son toit. En phase avec un “protestantisme qui n’a pas peur de ce que l’époque produit”, dit-elle.

Emmanuelle Seyboldt
Emmanuelle Seyboldt était notre invitée dans notre édition du 3 mai 2017.

La musique de Bach

Née le 18 août 1970 à Lunel (Hérault), fief du protestantisme cévenol, d’une mère “communiste militante” et d’un père très engagé dans l’Eglise réformée (calviniste), Emmanuelle Carrière-Seyboldt a grandi à Saint-Etienne, avant de suivre les enseignements de l’Institut protestant de théologie à Paris et Montpellier.

Reconnue comme pasteur en 1994, elle l’a été en Ardèche et dans l’Indre, assumant aussi des missions dans l’aumônerie hospitalière, à Poitiers, dans la presse protestante et le service de catéchèse de l’Eglise réformée de France. Avant d’être appelée aux plus hautes fonctions nationales, elle a eu des responsabilités régionales au sein de son Eglise dans l’Est.

Au sein d’une communion luthéro-réformée qui affiche une grande pluralité de tendances, des libéraux jusqu’aux “calvinistes orthodoxes” et aux charismatiques, Emmanuelle Seyboldt affiche une sensibilité doctrinale volontiers consensuelle.

“J’aime bien me qualifier de libérale évangélique, ou d’évangélique libérale. On a besoin de toutes les voix de l’Eglise”.

Marquée par la lecture de l’Américain Paul Tillich, apôtre du dialogue avec la culture, la philosophie et les religions non chrétiennes, la nouvelle présidente de l’EPUdF cite aussi, parmi ses influences théologiques, Lytta Basset et Marion Muller-Colard, et leur “manière de dire leur foi près du concret, de la vie”.

l’aube Pascale
L’aube Pascale à Besançon. Interviews de Pierre-Emmanuel Panis Pasteur Eglise Protestante / Reportage d’Emmanuel Rivallain et Denis Colle.

Une théologie “les mains dans le cambouis”

“Comme femme, mère, peut-être est-on amenée à développer davantage une théologie « les mains dans le cambouis ». Je ne suis pas une théologienne hors sol, universitaire, ce n’est pas ma façon de réfléchir”, explique-t-elle.

Organiste au temple dès sa plus tendre jeunesse, elle a appris le piano, le chant, la direction de choeur et l’alto, dans une grande proximité avec la musique, notamment celle du luthérien Jean-Sébastien Bach. Comme ses trois frères et soeurs, tous devenus musiciens professionnels.

Une femme nommée à la tête de la principale Eglise protestante

PARIS (Reuters) – Emmanuelle Seyboldt, femme pasteur de 46 ans, a été nommée samedi à la tête de l’Eglise protestante unie de France (EPUdF), principale Eglise réformée du pays.



C’est la première fois qu’une Eglise protestante française a une femme à sa tête.



“C’est normal qu’au bout de 50 ans de ministère féminin, les femmes arrivent aux postes de responsabilité”, souligne Emmanuelle Seyboldt dans une vidéo publiée sur le site de l’EPUdF.



La nouvelle présidente de l’EPUdF est pasteur dans l’Est de la France depuis 23 ans. Elle est aussi aumônière dans les hôpitaux.



L’église protestante unie de France, crée en 2012 d’une union de deux églises luthérienne et calviniste, revendique 500 pasteurs dont un tiers de femmes.



Les protestants célèbrent cette année les 500 ans de la Réforme lancée en 1517 par Martin Luther à Wittenberg, en Allemagne.





(Cyril Camu, édité par Tangi Salaün)


Emmanuelle Seyboldt prend la tête de l’Église protestante Unie de France

Vendredi 26 mai, l’Église protestante Unie de France a, pour la première fois, porté à sa tête une femme. À l’issue d’une semaine de synode à Lille – celui-ci se tient jusqu’à dimanche – Emmanuelle Seyboldt, pasteure à Besançon (Doubs), a été nommée présidente du Conseil national de cette Église qui fédère 250 000 fidèles engagés dans l’union des églises réformée et luthérienne. C’est une première au sein d’un protestantisme français très éclaté.VIDÉO : Qui sont les protestants aujourd’hui ?Pour Emmanuelle Seyboldt, qui succède à Laurent Schlumberger, la désignation d’une femme est à la fois un « événement », parce que « c’est la première fois », mais aussi « quelque chose de très banal et de très ordinaire ». Il lui semble « normal qu’au bout de plus de 50 ans de ministère féminin, les femmes parviennent aux postes de responsabilités ». À l’heure actuelle, plus du tiers des 450 pasteurs de l’Église protestante unie de France sont des femmes.À LIRE : A Berlin, Obama appelle les jeunes protestants à s’engagerEmmanuelle Seyboldt, âgée de 46 ans, divorcée et remariée, a déjà passé 23 ans dans cette Église, où elle a animé des paroisses très différentes avant de s’installer en Franche-Comté. Elle est également aumônier des hôpitaux, chargée de mission en catéchèse et rédactrice en chef du magazine protestant « Échanges ».Parmi ses priorités pour ce mandat : être « à l’écoute de la réalité de la vie des paroisses », mais aussi s’interroger sur la manière de « dire notre foi » et « de s’adresser au monde d’aujourd’hui ».

Une femme à la tête de la principale Eglise protestante française, une première

Emmanuelle Seyboldt a été désignée à la tête de la principale Église protestante française ce samedi.

Emmanuelle Seyboldt a été désignée à la tête de la principale Église protestante française ce samedi.

La pasteure Emmanuelle Seyboldt a été désignée samedi à la tête de la principale Église protestante française, qui réunit luthériens et calvinistes,  une première dans l’histoire des luthériens et réformés français.

Agée de 46 ans, divorcée et remariée, et actuellement pasteure à Besançon (est), elle a été élue pour diriger l’Eglise protestante unie de France (EPUdF) à l’issue d’une semaine de synode national à Lille (nord).

Elle est également aumônier des hôpitaux, chargée de mission en catéchèse, rédactrice en chef du magazine protestant Echanges et présidente du conseil régional de la région Est de l’Eglise réformée de France.

«Pour nous c’est une joie, mais cela n’a pas de signification profonde», explique Laurent Schlumberger qui quitte la tête de l’EPUdF, née en 2012 de la fusion de l’Eglise réformée (calviniste) et de l’Eglise évangélique luthérienne.

Plus du tiers des 450 pasteurs de l’EPUdF sont des femmes, qui peuvent pleinement accéder au ministère pastoral en France depuis 1965, alors que l’Église catholique n’envisage pas d’ordonner des femmes prêtres, malgré les débats sur ce sujet.

Avec 250.000 fidèles engagés et un millier de lieux de culte, l’EPUdF est la première Église au sein d’un protestantisme français très éclaté.

Quelque 200 délégués de l’EPUdF étaient réunis jusqu’à dimanche lors d’une assemblée qui revêtait une dimension commémorative cette année, 500 ans après la diffusion par Martin Luther de ses «95 thèses»: le point de départ d’une Réforme protestante qui a eu un grand retentissement en France, notamment à la suite de Jean Calvin.

Selon l’EPUdF, 4% des Français se disent proches du protestantisme alors qu’en Europe, les protestants représentent 25% de la population et ils seraient plus de 500 millions dans le monde. 

La pasteure Emmanuelle Seyboldt élue à la tête de l’Église protestante unie

Emmanuelle Seyboldt est une femme très discrète. C’est simple, depuis le début du synode de l’Eglise protestante unie de France, réuni ce week-end à Lille, elle écoute attentivement, se plonge avec concentration dans les dossiers des débats, sourit quand les modérateurs plaisantent pour détendre l’atmosphère et faire oublier la chaleur étouffante, puis retourne immédiatement à son travail silencieux. Elle semble à la fois impressionnée, grave et pleinement au rendez-vous qui lui est fixé. Vendredi 26 mai, tard dans la soirée, elle a été élue présidente du conseil national de l’EPUdf. C’est la première fois qu’une femme occupe ce poste tant au sein de la jeune EPUdF, créée en 2012, que dans l’ancienne ERF (Eglise réformée de France) ou Eglise luthérienne évangélique de France.

Emmanuelle Seyboldt est pasteure depuis 1994. Issue de la paroisse réformée de Saint-Etienne, elle a fait ses études de théologie à l’Institut de protestant de théologie à Paris puis à Montpellier avant d’être nommée en paroisse en Ardèche puis à Châtellerault. Elle a été aumônier d’hôpital à Poitiers, puis chargée de mission pour la catéchèse au niveau national de 2007 à 2012. En 2013, elle retourne en paroisse à Besançon et assure la présidence de la région Est de l’ERF. Quand est créée la région unique luthéro-réformée en 2014, elle en devient la vice-présidente.Dans sa vie privée, la musique, et surtout Jean Sébastien Bach, sont ses compagnons préférés, autant que Paul Tillich ou Marion Muller-Collard. Les enfants occupent aussi une place importante dans sa vie : elle est mère de quatre enfants ; son mari Andreas, d’origine allemande, étant lui-même père de trois enfants.

Baptême du feu médiatique

En tant que nouvelle présidente de l’EPUdF, la tâche qui l’attend est immense, tant en interne qu’en externe. Le synode national, qui terminera ses travaux dimanche midi, doit adopter une nouvelle déclaration de foi, après un processus synodal intense. Quelle réception sera réservée à ce texte dans les paroisses ? Les synodaux s’inquiètent aussi de plus en plus ouvertement du manque de renouvellement des générations chez les pasteurs, les départs à la retraite n’étant pas compensés par les nouvelles arrivées. Et ce ne sont là que deux des nombreux enjeux qui attendent cette femme dont le sérieux n’est pas à démontrer, et qui semble habitée par la conviction que plus l’écoute est profonde, plus la parole, même rare, sera féconde.

Elle a vécu son baptême du feu médiatique samedi matin en plein débat sur les finances de l’Eglise unie. Se présentant aux journalistes avec enthousiasme et une joie évidente, qui dénotait par rapport à son relatif effacement de la veille, elle affirme aborder son ministère de présidente avec « humilité et confiance en ceux qui l’ont appelée à cette charge ». Elle veut « enraciner (son action, ndlr) dans la dynamique et l’impulsion données à notre Eglise ces dernières années », c’est-à-dire, « se saisir du geste de Luther pour assumer notre parole au seuil de notre Eglise ».

Interrogée sur les débats houleux qui ont secoué l’Eglise unie ces deux dernières années, elle explique : « Les débats sont importants, il faut les assumer sans les mettre au placard.  Oui, on peut s’engueuler franchement et rester frères et soeurs ».  Alors que son micro-cravate s’emmêle avec son pendentif en forme de colombe, elle sourit : « Le rôle de président est de dénouer les noeuds tout en douceur ».

Marie Lefebvre-Billiez

Envoyée spéciale à Lille

 

Une femme à la tête de la principale Eglise protestante de France

La pasteure Emmanuelle Seyboldt a été désignée samedi pour prendre la tête de la principale Église protestante française, qui réunit luthériens et calvinistes, à l'issue d'une semaine de synode à Lille / AFP/ArchivesLa pasteure Emmanuelle Seyboldt a été désignée samedi pour prendre la tête de la principale Église protestante française, qui réunit luthériens et calvinistes, à l’issue d’une semaine de synode à Lille / AFP/ArchivesCinq cents ans après la Réforme de Luther, elle est la première femme portée à la tête des luthériens et réformés français: Emmanuelle Seyboldt a été désignée à 46 ans présidente du conseil national de l’Eglise protestante unie de France (EPUdF), lors d’un synode à Lille.Jusqu’alors, seule l’Eglise réformée d’Alsace et de Lorraine avait été dirigée par une femme, Thérèse Klipffel (1920-2006), de 1982 à 1988.“Je n’étais pas candidate, j’ai été très surprise quand j’ai été appelée à cette fonction” de présidente, confie à l’AFP Emmanuelle Seyboldt, pasteur à Besançon depuis 2013 pour l’EPUdF, la principale Eglise protestante française, qui revendique 250.000 fidèles engagés dans ses rangs.“J’y vois une cohérence de notre Eglise: depuis 1965, elle accueille des femmes pasteurs. Que plus de 50 ans après des femmes soient appelées à ce type de responsabilités, c’est la logique”, juge-t-elle, abordant ses nouvelles fonctions “avec modestie et confiance”, dans une “continuité” avec son prédécesseur, Laurent Schlumberger.Divorcée et remariée à un pasteur d’origine allemande, cette brune à l’allure sobre assume une famille recomposée avec sept enfants, donc cinq vivent encore sous son toit. En phase avec un “protestantisme qui n’a pas peur de ce que l’époque produit”, dit-elle sans en faire un étendard.– La musique de Bach –Née le 18 août 1970 à Lunel (Hérault), fief du protestantisme cévenol, d’une mère “communiste militante” et d’un père très engagé dans l’Eglise réformée (calviniste), Emmanuelle Carrière-Seyboldt a grandi à Saint-Etienne, avant de suivre les enseignements de l’Institut protestant de théologie à Paris et Montpellier.Reconnue comme pasteur en 1994, elle l’a été en Ardèche et dans l’Indre, assumant aussi des missions dans l’aumônerie hospitalière, à Poitiers, dans la presse protestante et le service de catéchèse de l’Eglise réformée de France. Avant d’être appelée aux plus hautes fonctions nationales, elle a eu des responsabilités régionales au sein de son Eglise dans l’Est.Au sein d’une communion luthéro-réformée qui affiche une grande pluralité de tendances, des libéraux jusqu’aux “calvinistes orthodoxes” et aux charismatiques, Emmanuelle Seyboldt affiche une sensibilité doctrinale volontiers consensuelle. “J’aime bien me qualifier de libérale évangélique, ou d’évangélique libérale”, sourit-elle, en ajoutant: “On a besoin de toutes les voix de l’Eglise”.Marquée par la lecture de l’Américain Paul Tillich, apôtre du dialogue avec la culture, la philosophie et les religions non chrétiennes, la nouvelle présidente de l’EPUdF cite aussi, parmi ses influences théologiques, Lytta Basset et Marion Muller-Colard, et leur “manière de dire leur foi près du concret, de la vie”.“Comme femme, mère, peut-être est-on amenée à développer davantage une théologie +les mains dans le cambouis+. Je ne suis pas une théologienne hors sol, universitaire, ce n’est pas ma façon de réfléchir”, explique-t-elle.Organiste au temple dès sa plus tendre jeunesse, elle a appris le piano, le chant, la direction de choeur et l’alto, dans une grande proximité avec la musique, notamment celle du luthérien Jean-Sébastien Bach. Comme ses trois frères et soeurs, tous devenus musiciens professionnels.

Églises et féminisme : quelle priorité ?

Le 26 mai 2017, l’Église protestante unie de France a élu sa première femme présidente : la pasteure Emmanuelle Seyboldt. L’occasion de revenir sur la place du féminisme dans les Églises protestantes.

Le protestantisme est la seule branche du christianisme à accepter les femmes au ministère pastoral. Chez les catholiques, les prêtres doivent être des hommes célibataires. Chez les orthodoxes, ce sont des hommes qui peuvent être mariés et pères de famille. Ce fut d’ailleurs longtemps la pratique au sein de la toute jeune église romaine des premiers siècles.

Chez les protestants, les pasteurs sont généralement mariés, parfois même divorcés, et de nombreuses églises acceptent des femmes. Contrairement à une idée répandue, les luthéro-réformés ne sont pas les seuls à accepter le ministère pastoral féminin : il y a des femmes pasteures chez les libristes, les baptistes, les réformés évangéliques et même chez certaines dénominations pentecôtistes.

Réforme a interrogé deux femmes pasteures sur la place que le féminisme occupe dans leur ministère. Ruth Wolff-Bonsirven est inspectrice ecclésiastique (équivalent d’évêque) au sein de l’Union des Églises protestantes d’Alsace et de Lorraine (UEPAL). Nicole Deheuvels est conseillère conjugale à la Fondation La Cause, directrice du département Solos / duos, membre du mouvement des Attestants de l’Église protestante unie de France (EPUdF). Leur positionnement vis-à-vis du féminisme est sensiblement différent.

Témoignage de Nicole Deheuvels :

« En tant que présidente de l’association la Bienvenue, je n’ai jamais eu de mal à recruter des femmes pour rejoindre le conseil d’administration. Je me demande si les associations qui ont des difficultés font vraiment des efforts. Je fréquente de nombreux milieux évangéliques, qui sont eux-mêmes traversés par différents courants. Certains sont ouverts aux différents ministères féminins, d’autres sont plus frileux. J’ai été invitée dans des Assemblées de Dieu (pentecôtistes, ndlr) à animer des week-ends d’activités, notamment le culte et la prédication. D’autres Églises évangéliques m’ont proposé de prêcher puis ont changé d’avis. Mon mari était furieux.

Moi, je n’ai pas l’énergie pour cette lutte. Je sais bien qu’il faudrait se battre pour les copines, mais d’un autre côté, je n’ai jamais fait du féminisme un combat. J’ai suffisamment à faire avec ceux qui veulent bien (travailler avec moi) ! Je suis arrivée au ministère à une période où j’estimais qu’il n’était ni urgent ni nécessaire de faire du féminisme une priorité. Je suis reconnaissante aux féministes d’avoir ouvert une route pour moi, pour que, de fait, ce ne soit pas un besoin. J’ai préféré m’orienter vers un travail au niveau conjugal pour retrouver une harmonie entre les hommes et les femmes. Je constate un grand effritement au niveau des couples, lié au fait que, notamment, les hommes ont du mal à trouver leur place et que les femmes, disons-le, ont du mal à abandonner une sorte d’agressivité. »

Témoignage de Ruth Wolff-Bonsirven :

« Nous sortons de plusieurs millénaires de patriarcat. C’est la femme qui a tendu le fruit à Adam ! Cette pensée a perduré dans les Églises, et il nous est difficile aujourd’hui de sortir de cette posture. Certes, cela dépend des dénominations. Il y en a où tout est à faire. Et même dans les autres (où les femmes peuvent être pasteures, ndlr), la cause des femmes reste un non-sujet. En Église, on réfléchit aux migrants, à la diaconie, et ce sont des causes justes. Mais pourquoi ne pas parler aussi de la cause des femmes, des violences intra-familiales, etc. ? C’est dramatique de ne jamais parler du sexisme ambiant. On accepte sans rien dire les inégalités salariales, ou l’excision dans les pays où nos Églises envoient des missionnaires.

Qu’on arrête d’avoir peur de parler des questions de genre. D’où cela vient-il que nous avons des assignations à des fonctions sexuées ? Qu’est-ce que cela veut dire d’être homme ou femme, quand Galates dit qu’il n’y a plus « ni homme ni femme » ? Si nous annonçons un Dieu juste, un Dieu de paix, nous ne pouvons pas accepter les inégalités hommes / femmes. Il faudrait que l’on puisse réfléchir à ces sujets en Église sans que personne ne se sente atteint dans sa virilité ou dans sa féminité, dans sa domination ou dans sa soumission. »

 

La parité au sein des Églises protestantes ?

En résumé, les trois principales Églises protestantes françaises nous ont fourni la répartition entre les hommes et les femmes au sein de leur corps pastoral. À l’ÉPUdF un pasteur sur trois est une femme, à l’UEPAL 40% sont des femmes, à la Fédération Baptiste, on compte une femme pasteure pour 10 hommes.

Église protestante unie de France : 156 femmes et 290 hommes parmi les pasteur-e-s

Fédération des Églises évangéliques baptistes : 8 femmes et 107 hommes

Union des Églises protestantes d’Alsace et de Loraine : 102 femmes et 149 hommes

La pasteure de Besançon présidente de l’Eglise protestante unie

Synode de l’Eglise protestante unie de France © Maxppp – PHOTOPQR/L’EST REPUBLICAIN/MAXPPP

Emmanuelle Seyboldt, pasteure de Besançon, sera sans suspens élue à la tête de l’Eglise protestante unie de France vendredi 25 mai lors du synode de Lille.

Pasteure à Besançon depuis quatre ans, Emmanuel Seyboldt officie depuis 23 ans au sein de l’Eglise protestante unie de France. Elle doit en prendre la tête lors du synode de Lille qui se tient depuis jeudi 24 mai. Un rassemblement marqué cette année par les 500 ans de la réforme luthérienne.

Une femme à la tête de l’Eglise

Emmanuelle Seyboldt sera la première femme présidente de l’Eglise protestante de France : “Ça dit une grande logique de notre Eglise qui a des femmes pasteures officiellement depuis 1695, ça fait plus de 50 ans et donc il est normal qu’au bout de 50 ans de ministère féminin ce soit au tour d’une femme d’être nommée à la présidence”.

Le fait que l’on soit divorcé, remarié, ça fait partie des choses qui sont indifférentes.

A 46 ans, Emmanuelle Seybolt est divorcée et remariée, “c’est une conséquence de notre théologie, de notre vie d’Eglise. On accepte les femmes et le fait que l’on soit divorcé, remarié, ça fait partie des choses qui sont indifférentes”.

De nombreux protestants en Franche-Comté

La Franche-Comté n’est pas la région de France où il y a le plus de protestants “même si le Pays de Montbéliard compte une particularité luthérienne qui est très forte donc il y a beaucoup de protestants, explique Emmanuelle Seyboldt. Mais dans le reste de la Franche-Comté, c’est moins important, il y a une quinzaine de paroisses, surtout vers Montbéliard. A Besançon, on compte 700 familles dans la paroisse”. Cette répartition “vient d’une ancienne histoire avec le sud de l’Allemagne, le Pays de Wurtemberg, raconte la pasteur de Besançon. Le prince avait épousé une princesse de Montbéliard et donc le protestantisme s’est implanté à ce moment là à Montbéliard”.