Conflit à l’Eglise vaudoise: Béatrice Métraux prête à intervenir

Comment mettre fin à un conflit qui s’enlise? L’occupation de l’église Saint-Laurent par Daniel Fatzer, en grève de la faim depuis une semaine, agite les esprits. De nombreuses personnes soutiennent le pasteur licencié dans son bras de fer contre l’Eglise évangélique réformée vaudoise (EERV).

En face, des croyants et des ministres de l’Eglise jugent que cette affaire a assez duré. En témoigne un courrier signé de 40 ministres de l’EERV, que nous publions aujourd’hui. Les signataires se disent «blessés» par l’importance prise par cette histoire dans les médias. Ils affirment, pour leur part, «vivre leur ministère en toute liberté» au sein de leur Eglise.

Arrêter les frais

Entre un Conseil synodal qui déplore un «dégât d’image» jour après jour et un pasteur enfermé dans son combat, le mieux serait d’arrêter les frais. Mais qui pourrait ramener tout le monde à la table des négociations? Un nom était sur toutes les lèvres ce jeudi: Béatrice Métraux. La conseillère d’Etat a déjà offert ses bons services mercredi dernier, en organisant une séance de médiation entre Daniel Fatzer et le Conseil synodal. Elle n’a débouché sur aucun accord. Mais la ministre, qui refuse de commenter la situation, se dit aujourd’hui «à la disposition du pasteur comme du Conseil synodal pour reprendre la médiation».

Message entendu par Daniel Fatzer: «Elle m’a dit qu’elle était en tout temps à disposition pour prendre rendez-vous et nous sommes en train d’en discuter avec d’autres pasteurs licenciés.» Le Conseil synodal ne dit pas non. «Il n’est pas exclu que Béatrice Métraux puisse à nouveau être sollicitée, admet son président, Xavier Paillard. Mais nous devrons d’abord nous mettre d’accord sur le cadre exact d’une médiation.» L’attitude adoptée par le pasteur Fatzer depuis une semaine «ne rétablit ni le lien ni la confiance», estime Line Dépraz, membre du Conseil synodal.

Le Conseil synodal indique qu’il pourrait «prendre une décision» en début de semaine. Il est épaulé par la cellule de crise interne (une instance permanente composée de cinq personnes). «Quelques personnes extérieures, dignes de confiance, pour nous autant que pour Daniel Fatzer, pourraient également nous aider si une nouvelle médiation est entreprise», explique Line Dépraz.

Deux visions

Pour l’heure, les visions restent aux antipodes. Le Conseil synodal ne remet pas en cause le licenciement de Daniel Fatzer «avec effet immédiat». Le pasteur trublion a été licencié «pour justes motifs» mercredi de la semaine dernière après qu’il a prononcé le nom d’un collègue congédié et mis en cause nommément un ancien président du Conseil synodal lors d’un culte en direct sur Espace 2. Cette sanction est tombée après plusieurs mises en garde pour des faits antérieurs. «La décision de licenciement était motivée et elle était collégiale, rappelle Xavier Paillard. C’est une question d’équité en Eglise.»

Daniel Fatzer, quant à lui, en appelle à la liberté de parole: «On dit que j’ai été averti, recadré, accompagné, mais le président du Conseil synodal n’est pas un instituteur et cette Eglise n’est pas une salle de classe.» Le pasteur licencié réclame non seulement sa réintégration comme ministre dans l’EERV, mais aussi «un moratoire» sur les licenciements de quatre autres pasteurs intervenus depuis deux ans. Le Conseil synodal a pour l’instant pris acte de ces demandes «uniquement par voie de presse». (24 heures)

(Créé: 24.06.2016, 06h44)