Election du pape «LEglise cherche des pasteurs pour proclamer l …

RFI : Quelle est votre réaction à l’élection du pape François ?

Monseigneur Samuel Kleda : Je suis très content d’abord parce que le Seigneur nous a donné un autre pape. Je suis très content avec toute l’Eglise qui est à Douala et toute l’Eglise qui est au Cameroun, et aussi de toute l’Eglise qui est en Afrique.

Qu’est-ce qui vous a frappé lors de la première apparition de ce nouveau pape à la loggia du Vatican ?

D’abord, sa simplicité, sa manière d’être et le fait d’insister immédiatement sur la prière, et de prier simplement avec tous les pèlerins, tous les Romains qui étaient là et qui attendaient la grande nouvelle. Cela nous montre que c’est quelqu’un qui va chercher l’essentiel pour l’Eglise. Et quand je parle de l’essentiel pour l’Eglise ici, c’est-à-dire Jésus-Christ.

Et quand il a récité un Notre-Père, cela vous a frappé ?

Beaucoup. Cela m’a frappé parce que c’est la prière que tous les chrétiens récitent. Si les hommes parviennent à reconnaître qu’ils sont enfants de Dieu, c’est le point le plus important.

Est-ce que vous aviez déjà vu un pape qui demande à la foule de prier le Seigneur pour que celui-ci le bénisse ?

Non, c’est quelque chose de vraiment nouveau. Cela traduit un nouveau style de vie vraiment, d’un pasteur qui se présente de manière humble. L’humilité que le Christ nous a enseignée.

On dit en effet que c’est le « pape des pauvres » et qu’il habitait un modeste appartement à Buenos Aires après avoir renoncé aux fastes de l’archevêché ?

Oui mais cela, c’est tout un programme. Le fait même qu’il ait choisi le nom « François », sans doute que cela fait allusion à Saint-François d’Assise qui a pris l’évangile à la lettre en prenant les biens de son père pour les donner aux pauvres. Alors le pape François, s’il s’est retiré, c’est pour être au milieu de pauvres, pour pouvoir évangéliser ces pauvres-là par le témoignage même, comme l’exemple de Saint-François d’Assise.

« Les cardinaux ont choisi un pape qui vient du bout du monde », a-t-il dit avec un petit sourire. Un pape qui vient du continent latino-américain, est-ce que cela vous surprend ?

Cela ne me surprend pas. Ce que l’Eglise cherche, c’est d’avoir des pasteurs pour proclamer l’évangile. Peu importe l’origine. Ce qui compte, c’est la force de la personne ou le témoignage de vie de la personne parce que l’évangile ne compte pas sur le territoire, sur l’origine ou sur les lieux. Non ce que l’évangile nous demande, ce que le Christ nous demande, c’est le témoignage de vie que la personne mène.

Oui mais tout de même, le continent latino-américain n’est-il pas celui où il y a le plus de catholiques dans le monde ?

Oui, ça c’est sûr. Mais pour ma part, peu importe le lieu. Il pouvait venir de n’importe où, mais qu’on traite de Jésus-Christ, c’est cela qui est important pour moi.

Le nouveau pape n’est pas africain, êtes-vous déçu ?

Non, je viens de le dire. Ce n’est pas un problème de continent, un problème de lieu. Un pape africain pourrait être élu ou un pape d’un autre continent, c’est un service, pas une promotion. D’ailleurs, cela se montre bien dans l’attitude du cardinal Jorge Mario Bergoglio.

C’est la première fois depuis 1 300 ans qu’un pape ne vient pas du continent européen. Est-ce que ce n’est pas encourageant pour la suite ? Est-ce que ce n’est pas le signe que peut-être que la prochaine fois, ce sera un pape africain ?

Pourquoi pas ? Ca pourrait être un pape africain si réellement l’Eglise dans la prière, en écoutant l’Esprit saint, se rend compte que c’est une personne qui peut proclamer l’évangile. Cette personne pourrait être en Afrique ce n’est pas impossible.