Un père de famille congolais devenu pasteur dans la Péninsule

Quand il était petit, Daniel K. Delpeche ne s’imaginait pas pasteur. Depuis un an, il prêche la bonne parole dans la Péninsule acadienne. Récit d’un parcours hors-norme.

Mérilda Robichaud a la foi chrétienne chevillée au corps. Plusieurs fois par semaine, elle se rend à l’Église évangélique de la Pentecôte, à Village-Blanchard, près de Caraquet où elle réside.

Dans ses mains, elle tient fermement sa Bible annotée de commentaires personnels et dont elle a souligné quelques passages. Dimanche encore, elle est allée communier avec le Tout-Puissant et écouter le prêche du nouveau pasteur permanent, Daniel K. Delpeche, nommé en septembre 2015.

Son arrivée est perçue comme une bénédiction. Il est bien apprécié.

«J’aime son interprétation des écrits bibliques, j’aime ce qu’il dit. Il fait toujours le lien avec la situation actuelle, ce que nous vivons au quotidien. Ses paroles sont émouvantes», commente Mérilda Robichaud.

«Il nous tient dans son cœur. Je sais que je peux compter sur lui. Il ne me laissera pas tomber. Sa présence apporte de la stabilité à notre église», se réjouit Denise Richardson, de Val-Doucet.

Pourtant, rien ne prédestinait ce père de famille originaire du Congo à vouer sa vie au Seigneur. Daniel K. Delpeche est né à Brazzaville. Comme tout Congolais, il a été élevé dans la foi chrétienne.

«Dans mon pays, tout le monde prie.»

Lui et les siens fréquentaient l’Église protestante. Mais croire en Dieu est une chose, devenir pasteur en est une autre. Avec le recul, il considère que tout était planifié à son insu. Une force divine lui a montré le chemin, une évidence qui s’est imposée à lui progressivement et qui l’a fait renoncer à sa vie «ordinaire».

Il y a tout d’abord eu ces pasteurs de renom qui, au Congo, l’ont impressionné quand il était jeune. Puis, la Bible qu’il a lue avec intérêt après avoir accompli un premier cycle universitaire.

«Je l’étudiais du matin au soir. Ç’a été mal perçu. Des amis m’ont rejeté.»

Il mentionne également ce rêve qu’il a fait tout juste après être arrivé au Canada, en 2007, où il était venu poursuivre sa formation en techniques de l’information.

«J’étais dans les rues de Montréal et je criais: « Jésus est vivant! Jésus est vivant! » Les gens me répondaient des insanités. Mais quand je me suis retourné, il y avait derrière moi une foule de personnes qui me suivaient et que j’avais converties.»

Lorsqu’il a raconté ses songes à sa femme restée en Afrique, celle-ci lui a rappelé qu’il était au Canada pour ses études, pas pour prêcher la sainte parole. Daniel K. Delpeche s’est alors efforcé de devenir un bon informaticien. Après que sa famille l’a rejoint au Nouveau-Brunswick, il a mené une existence paisible. Cependant…

«Je ne me sentais pas à ma place dans l’informatique. J’éprouvais une insatisfaction. Aujourd’hui, je comprends que dans tout homme et dans toute femme, il y a un vide que seul Dieu peut combler», déclare-t-il.

Le déclic s’est produit le 31 décembre 2009, un soir de fête au cours duquel sa fille âgée de 5 ans à l’époque a dit souhaiter que son père devienne pasteur.

«Ç’a été une révélation. Dieu m’adressait un message.»

Il s’est formé à l’Institut biblique du Québec, en suivant des cours par correspondance. Il a commencé par être assistant à l’Église nouvelle espérance, à Dieppe, jusqu’à être nommé à la tête de celle de Village-Blanchard dans laquelle il fonde de grands espoirs.

«De 2013 à 2015, cette église n’avait pas de pasteur résidant. Mon objectif est de développer les activités. J’aimerais aussi m’adresser aux jeunes. Soit ils quittent la province, soit ils se désespèrent. Je veux que la Péninsule acadienne retrouve ses lettres de noblesse», ambitionne-t-il.

Se voit-il dans le Nord-Est à long terme? Daniel K. Delpeche peine à se projeter.

«Cela dépend de la volonté de Dieu.»

Toujours est-il qu’il se sent désormais en adéquation avec ses aspirations profondes.

Le Seigneur ne prône pas la barbarie

«Le monde est devenu fou!», entend-on dire régulièrement ces temps-ci. Des hommes tuent d’autres hommes au nom de Dieu, le terrorisme s’est immiscé dans notre quotidien.

Qu’en pense Daniel K. Delpeche? Le pasteur de l’Église évangélique de la Pentecôte de Village-Blanchard refuse de se prononcer là-dessus.

«Je ne suis pas un juge, mais un enseignant de la parole divine», souligne-t-il.

Tout au plus assure-t-il que les préceptes du Seigneur ne prônent pas la barbarie.

Daniel K. Delpeche a visité le Québec, l’Ontario et la Colombie-Britannique. Installé au Nouveau-Brunswick depuis plusieurs années, il en apprécie le calme et les mœurs, proches de celles qu’il a connues au Congo.

«Nous accordons la même importance à la notion de la famille. J’ai deux filles. Je veux qu’elles grandissent dans un environnement où règnent de bonnes valeurs morales.»