Un pasteur brésilien avait arnaqué des centaines de victimes pour faire fortune !

Faits diversPrès de 200 parties civiles au procès de Raniero Petrucci, jugé pour une énorme fraude sociale en Belgique.

À en croire de nombreux sites internet brésiliens, le Professor Raniero Petrucci est un homme important et décoré, président du Conseil des pasteurs évangéliques de Formosa, une grande ville proche de Brasilia, la capitale du Brésil.

Il devra cependant répondre, ce matin, devant le tribunal correctionnel de Bruxelles, d’une étonnante fraude sociale qui, selon l’auditorat du travail, lui a permis de faire fortune au Brésil.

Cet homme né en Belgique en 1960, de nationalité italienne mais de sensibilité brésilienne, comparaît avec son épouse Hélène Stinat, de nationalité belge. Devant la chambre du conseil, 173 victimes s’étaient constitué partie civile.

L’histoire débute en 2007. Petrucci et son épouse tiennent alors une petite église évangélique brésilienne à Waterloo, nommée Philadelphia.

Le pasteur Petrucci se fait un nom et des centaines, puis des milliers de ressortissants brésiliens résidant illégalement en Belgique se pressent à ses portes. Pourquoi ? Parce que le pasteur propose des services bien particuliers. Par le biais de son asbl Missao Brasileuro ou Cleanse-Brasileuro promet à ces Brésiliens la régularisation de leur situation.

C’est ainsi que plus de 1.000 Brésiliens, principalement des femmes de ménage travaillant au noir, payent une cotisation annuelle de 24 euros à l’asbl. “Il leur promettait qu’il faciliterait la régularisation de leur situation par le travail”, indique Me Nadine Bourgeois, qui défend les intérêts de l’ONSS, partie civile dans le dossier.

Petrucci promettait aussi d’inscrire ses clients dans le registre des titres-service, leur faisant miroiter une vie tout à fait officielle en Europe. Il n’en était rien. Via plusieurs autres ASBL, les victimes étaient engagées fictivement.

Pour l’auditorat du travail, le pasteur Petrucci s’est enrichi via la cotisation annuelle de 24 euros pour les 4.000 membres de son ASBL, mais aussi par l’argent provenant du remboursement de Sodexho, couvrant les prestations effectuées par les ASBL dépendant de Missao Brasileuro. “De 2007 à 2009, ça turbinait fort. Sous couvert de sociétés de titre-service, il faisait travailler ces clandestins. Ils n’ont pas respecté la législation ni payé les cotisations sociales”, relève une source judiciaire.

L’ONSS estime son préjudice à 2,5 millions d’euros. Quant aux centaines – milliers ? – de travailleurs qui ont servi de vache à lait, leur préjudice n’est pas forcément financier : ils n’ont perdu que la cotisation annuelle de 24 euros. En revanche, leur préjudice moral est réel : ils ont fermement cru pouvoir régulariser leur situation grâce aux services du Professor Petrucci, qui a été placé sous mandat d’arrêt en avril 2009, avant de disparaître au Brésil à sa libération.

L’auditorat du travail, représenté par Dominique De Doyard estime qu’avec l’argent frauduleusement récolté, il avait déjà commencé à acheter des appartements et des terrains au Brésil, à Caldas Novas.

Le couple Petrucci-Stinat, est jugé pour escroquerie, fraude sociale, ainsi qu’un grand nombre d’infractions à la législation sur le travail.

Contactés par La DH, leurs précédents avocats ont indiqué qu’ils ne défendaient plus leur cause. Les différentes sources proches du dossier consultées n’ont pas permis de savoir s’ils allaient être représentés. Deux hommes de paille ainsi que huit ASBL et SPRL seront aussi jugés. L’audience de ce matin servira de fixation à une date ultérieure.

Surtout des femmes de ménage

L’immense majorité des victimes du pasteur Petrucci sont des femmes de ménage, surtout brésiliennes et parfois équatoriennes.

L’escroc présumé avait prévu, dans sa méthode, d’impliquer les employeurs de ces femmes. Ceux-ci, également souvent des femmes, imaginant rendre service, avaient accepté, même si elles se doutaient de la fraude.

Le pasteur avait bâti la fraude sur la promesse de régularisation. Il profitait de la crédulité de ses victimes, expliquant qu’avec un contrat de travail, elles pouvaient entrer dans le système des titres-service et être affiliées à des mutuelles, en obtenant un numéro de sécurité sociale. Ce numéro, comme ce contrat, étaient des faux. L’escroc pouvait donc conserver pour lui les cotisations sociales.