Un mouvement tout neuf veut «renouveler» l’Eglise

Sur l’échiquier protestant, ils se situent à mi-chemin entre les réformés classiques et leurs cousins de tendance évangélique. Mais plutôt que de mettre le doigt sur ce qui divise les disciples de Martin Luther, les fondateurs du Rassemblement pour un renouveau réformé (R3) cherchent avant tout à les fédérer. «Nous ne sommes pas dans l’opposition, mais dans la complémentarité», insiste Gérard Pella, membre du comité.

Officiellement et publiquement porté sur les fonts baptismaux ce soir, entre les murs de la communauté de Saint-Loup, le R3 veut «affirmer des valeurs fondamentales» à l’heure où les Eglises réformées romandes traversent une période chahutée: les temples se vident et les fidèles sont vieillissants. Sur sol vaudois, la ratification en 2012 d’un rite pour les couples homosexuels déjà engagés civilement a généré de grosses crispations.

«Soif de renouveau»

«La décision du Synode (parlement, ndlr) de l’Eglise d’accepter une célébration pour les couples de même sexe a choqué beaucoup de réformés, pas seulement ceux de tendance évangélique. Mais la constitution du R3 n’est pas seulement une réaction à cette détermination synodale. Nous avons véritablement soif de renouveau pour une Eglise protestante que nous souhaitons plus communautaire et plus spirituelle. Et souhaitons rassembler ceux qui ont la même soif, tout en demeurant à l’intérieur de l’Eglise réformée», détaille Gérard Pella.

Plusieurs pasteurs en activité au sein de l’Eglise évangélique réformée vaudoise (EERV) font d’ailleurs partie du comité du R3. Et les spécialistes de l’œcuménisme Shafique Keshavjee et Martin Hoegger, qui ont également été ministres au sein de l’EERV, en sont les coprésidents.

«Manifeste bleu»

Sur le plan théologique, le nouveau mouvement s’inscrit dans le courant confessant de l’Eglise et réaffirme la place centrale de la personne du Christ, mort et ressuscité. «Il est important que les gens se rendent compte qu’il y a des couleurs différentes au sein de l’Eglise réformée. Nous en représentons une nous-même, une couleur qui se décline elle-même en de multiples nuances», image le pasteur, qui prêche pour une EERV «dans laquelle les relations entre les autorités et les communautés ainsi que leurs ministres soient marquées par la confiance, tout en prenant en compte la vraie diversité des courants théologiques».

Le Rassemblement pour un renouveau réformé a couché ses positions sur les pages d’un document de 25 pages, sous le titre de «Manifeste bleu». «C’est la couleur du ciel et de l’eau, qui rappelle le lien vital entre le ciel et la terre», explique Gérard Pella. Le R3 affiche par ailleurs son soutien à la création de la Haute Ecole de théologie qui ouvrira l’an prochain sur la Riviera et qui constituera une alternative à la voie universitaire.

Libre et critique

Pour mémoire, un autre mouvement protestant, baptisé Pertinence, avait vu le jour en février dernier dans le canton. Lui aussi en lien avec l’EERV, Pertinence est né sous l’impulsion du théologien Jean-François Habermacher, épaulé par une dizaine de personnes d’horizons divers (pasteurs, professeurs d’université, consultant). Son credo: nourrir, au fil d’ateliers thématiques, de débats et d’articles, un dialogue autour d’un christianisme «libre, critique et démocratique, en prise sur les réalités d’aujourd’hui». Et procéder à un travail de fond, «et pas seulement à quelques arrangements cosmétiques». (24 heures)

(Créé: 14.04.2016, 07h50)