Sète : les pasteurs doivent-ils marier les homosexuels ?

L a question posée à Sète lors d’un synode protestant : les pasteurs doivent-ils marier les homosexuels ?

Les chrétiens réformés, calvinistes et luthériens de l’Église protestante unie de France (EPUdF), sont réunis à Sète ce jeudi et jusqu’à dimanche. Ils sont invités à statuer sur la bénédiction des couples homosexuels, qui se heurte à de fortes oppositions.

Deux ans après l’adoption de la loi Taubira ouvrant le mariage civil à deux personnes de même sexe, la principale Église protestante de France (110 000 membres actifs revendiqués) a mis la bénédiction religieuse de ces unions à l’ordre du jour de son synode national, qui s’ouvre ce jeudi à Sète. Dimanche, 105 délégués de l’EPUdF seront appelés à voter pour ou contre une proposition en ce sens. Même si le mariage gay n’y fait pas l’objet du refus constaté parmi les responsables catholiques et dans les Églises protestantes évangéliques, le sujet est loin de faire consensus chez les luthéro-réformés, le courant historique du protestantisme français.

En 2014, l’Union des Églises protestantes d’Alsace et de Lorraine avait sursis à statuer et s’était donné “un délai de trois ans avant d’envisager de reprendre cette question”. Le synode national de l’EPUdF pourrait décider de faire de même à Sète, voire de répondre par la négative. Mais les rapporteurs en charge du dossier, sur la base de travaux menés depuis janvier 2014, se disent “favorables à ce qu’on ouvre tranquillement la possibilité de bénir des couples de même sexe”.

L’opposition du pasteur Gilles Boucomont

“Il ne s’agit pas de dire “le mariage des personnes de même sexe c’est bien”, “c’est pas bien””, dit l’un des rapporteurs, Isabelle Grellier. “Bénir, c’est dire que Dieu t’accueille tel que tu es, sur tes chemins faciles ou difficiles”, et qu’il “t’invite à réfléchir à ta vie à la lumière de l’Évangile”, a ajouté cette théologienne, qui ne voit pas la bénédiction comme un “satisfecit” : “C’est une possibilité qui sera portée – ou pas – par le pasteur local, en dialogue avec sa communauté”.

“C’est la pire des solutions, c’est un manque de courage”, rétorque Gilles Boucomont, pasteur du dynamique temple du Marais à Paris et vif opposant au projet : “Quand une personne va se présenter dans une paroisse pour devenir son pasteur, le seul critère de recrutement risque d’être : “êtes-vous pour ou contre la bénédiction des couples homosexuels ?” Réduire toute la foi chrétienne à cette question est effroyable”. Ce pasteur piétiste s’inquiète de ce que, “pour la première fois en France depuis 1517” (Réforme initiée par Luther), “une décision synodale majeure puisse être prise contre tous les textes bibliques”.

Avec une cinquantaine d’autres pasteurs et une centaine de conseillers presbytéraux il a signé un “appel” invitant le synode à ne pas statuer “dans la hâte de répondre à la pression de la société et l’évolution de ses mœurs”. Les signataires de ce texte redoutent qu’une décision dès cette année “entraîne de profondes déchirures” dans une EPUdF encore jeune, née en 2012 de la fusion des Églises luthérienne et réformée.