Pour un pasteur alsacien, l’homosexualité est une maladie que l’Eglise doit aider à guérir

Bernard Laiblé. (Photo : Facebook)En Alsace-Moselle, le débat sur l’opportunité d’une bénédiction des mariages homosexuels se durcit au sein des Eglises protestantes. Les paroisses de l’Union des Eglises protestantes d’Alsace-Lorraine (Uepal) ont jusqu’au 30 avril pour faire remonter leurs réflexions. Les dirigeants de l’Uepal prévoient ensuite de prendre une position officielle lors de leur assemblée fin juin.

A quelques semaines de sa clôture, les discussions se crispent sans surprise sur la nature même de l’orientation homosexuelle. Pour le pasteur Bernard Laiblé, de Wolfisheim, dans le Bas-Rhin, les débats organisés dans les paroisses donnent très largement la parole aux partisans d’une reconnaissance religieuse des unions de couples de même sexe. Le retraité, fermement opposé à une telle évolution, a rédigé en début d’année un texte intitulé « Pourquoi nous disons non à la bénédiction de ”mariages” homosexuels »dans le but de « montrer qu’il y a une autre compréhension de la question » au sein de son Eglise.

L’homosexualité, un péché ?

Pour Bernard Laiblé, le projet de bénir les mariages homosexuels menace « la cohésion interne de l’Eglise ». Il risquerait d’éloigner l’Uepal des autres Eglises chrétiennes, mais surtout d’une partie non négligeable des protestants eux-mêmes. S’appuyant sur la pensée des psychanalystes Freud et Jung, l’homme d’Eglise définit dans son texte de 14 pages l’homosexualité comme une « maladie psychique » caractérisée par la « non-acceptation de soi » et un « péché », contraire aux enseignements de la Bible. En réponse aux évolutions de la société, l’ancien inspecteur ecclésiastique défend donc l’idée que l’Eglise doit proposer son aide et son pardon aux homosexuels pour les mener à la « guérison » plutôt que d’accepter et favoriser leur égarement.

Pour ses détracteurs, cette intervention est discriminatoire et caractéristique de l’homophobie religieuse. Un groupe de partisans de la bénédiction des mariages homosexuels, qui avait publié en janvier un « Manifeste pour un débat serein », a réagi aux propos de Bernard Laiblé dans un nouveau texte. Ils y réfutent notamment la caractérisation de l’homosexualité comme maladie et dénoncent l’encouragement des thérapies pour « guérir » les homosexuels à l’heure où les initiateurs de ce type d’expériences aux Etats-Unis reconnaissent leur échec et les traumatismes qu’ils ont infligés à leur public.

Circulant d’abord en interne au sein de l’Eglise et parmi son réseau d’amis, le texte de Bernard Laiblé a finalement été relayé sur le réseau social Facebook par des sympathisants fin février et rassemble à ce jour près de 150 soutiens, (paroissiens, pasteurs…) Cette « contribution au débat », qui n’était d’après son auteur « pas destinée à sortir de l’Eglise » choque dans son contenu et a mené l’Uepal à rappeler ses pasteurs à l’ordre : pendant sa phase de réflexion interne, le débat de l’Eglise ne doit pas s’étaler dans les médias.