Malgré l’absence de consensus, le pasteur Fatzer arrête son jeûne de contestation

Alité sur son matelas pneumatique qu’il n’a pas quitté depuis 23 jours, le pasteur de l’Eglise lausannoise de Saint-Laurent, Daniel Fatzer, allume son micro. Installé sous une banderole balisée «Eglise habitée», il commence à parler. «Tout le monde est prêt?» s’assure-t-il. Entouré de pasteurs licenciés, dont il a intégré la défense à sa cause, il annonce l’arrêt de sa grève de la faim. «Mon 400 mètres sprint se termine ici, mais un marathon de résistance commence», image-t-il.

Le 15 juin dernier, le pasteur Fatzer avait annoncé sa grève de contestation afin de protester contre son licenciement immédiat pour justes motifs. Les dirigeants de l’église réformée lui reprochaient d’avoir cité nommément, durant un culte radiodiffusé, le nom d’un collègue licencié par l’Eglise.

Sur les bancs de Saint-Laurent, une trentaine de personnes sont venues écouter le prêche de ce pasteur désormais «bénévole en son église». «J’ai obtenu ce que je pouvais espérer d’un tel jeûne, poursuit-il. Sans cela, je n’aurais jamais rassemblé tout ce monde. J’ai reçu beaucoup de soutien, et obtenu une remise en question de mon employeur.» Celui qui prétendait poursuivre sa grève jusqu’à sa réintégration ne le fera donc pas. Les négociations entre le pasteur et l’EERV n’ont pas abouti, «la suite est à découvrir lors des sept à huit procès qui s’ouvriront à partir du mois d’août 2016».

Daniel Fatzer et l’Eglise évangélique réformée vaudoise (EERV) ont tenté des négociations, que le pasteur a quittées vendredi matin. «Je ne vous en dirai pas plus, au vu de l’embargo que je me suis engagé à respecter. Mais j’ai toujours dit que la réintégration de tous les pasteurs licenciés par l’Eglise depuis deux ans était l’un des points sur lesquels je ne transigerais pas.» Voilà qui ne semblait pas être à l’ordre du jour de l’institution.

Viser le pardon et la réconciliation

Dans un communiqué diffusé vendredi, le Conseil synodal de l’EERV «estime avoir fait plusieurs pas significatifs dans le sens des demandes du pasteur Daniel Fatzer. Il a proposé un chemin de pacification en Eglise, sans interférences avec les procédures juridiques en cours. Il a notamment ouvert, pour chaque personne licenciée, la possibilité d’un dialogue qui vise au pardon et à la réconciliation.»

Après avoir perdu dix kilos, le pasteur Fatzer rompra le jeûne vendredi soir. Il aura le droit, pour commencer, à un repas qui ne dépassera pas 175 calories.


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