Les évangéliques en «pèlerinage» à Béthel

23.02.15 – L’Eglise Bethel, à Redding en Californie. Ce nom était presque inconnu il y a trois ans en Europe. Mais plusieurs pasteurs s’y sont rendus pour un temps. Et un nombre croissant d’Eglises se disent renouvelées par la culture de l’honneur lancée par Bethel. Enquête.

La musique de Jesus Culture, groupe de Bethel, a conquis une grande partie du monde évangélique depuis 2010. Les pasteurs Bill Johnson et Kris Valloton sont invités dans de nombreux pays pour prêcher. Le pasteur réformé Thierry Juvet, d’Yverdon-les-Bains, s’y est rendu en octobre pour la deuxième fois avec son épouse Monique. «A chaque fois, nous y avons été accueillis comme si nous faisions partie de la famille, même par ceux qui ne nous connaissaient pas!». Margarete et Arno Schubert, de l’Eglise Face à Face de Rennes, visitaient Bethel pour la troisième fois en été : «La fascination du phénomène Bethel, c’est qu’en y allant, on voit le surnaturel de Dieu.»

Culture de l’honneur
De plus en plus de pasteurs européens sont notamment attirés par la notion de culture de l’honneur. Dans le livre portant ce nom, Danny Silk relate la manière dont l’Eglise Bethel cherche à honorer chaque membre de l’Eglise. Christian Kuhn, responsable du mouvement d’Eglises de maisons
@home, a été touché par ce témoignage. «Ils vivent un niveau de confiance mutuelle que je n’ai vu nulle part ailleurs». Confession réciproque des péchés, possibilités même pour les enfants de prendre la parole durant un culte, guérisons intérieures : autant de conséquences d’une attitude considérée comme nouvelle.

«Dans la plupart des confessions évangéliques, on est parti du principe que l’humain est pécheur mais gracié ; théologiquement, c’est juste». explique Christian Kuhn. «Mais l’optique de Bethel est que l’homme est avant tout créé à l’image de Dieu, puis sali par le péché. On considère ainsi l’être humain comme une créature merveilleuse, pour laquelle le péché est un accident de parcours et qui peut être restaurée par Dieu si elle le demande.»

Relations transformées
Cette approche engendre un changement d’attitude, comme l’illustre Margarete Schubert : «La culture de l’honneur change la manière de fonctionner de notre équipe de responsables, notre vision des personnes dans notre assemblée et nos réactions dans les conflits». Pour Marc Gallay, pasteur au Gospel Center à Lausanne, «la culture de l’honneur répond avant tout à un problème présent dans les milieux charismatiques, à savoir l’orgueil que certains leaders cultivent».
Pierre Bader, pasteur de la paroisse réformée de Corsier-Corseaux, se dit transformé par le temps passé à Redding. Ce travail intérieur produit en lui «d’autres attitudes, d’autres façons d’aimer son prochain et de penser la vie de Jésus dans l’Eglise». Il a voulu voir sur place «comment ils mettent très concrètement en pratique l’Evangile, autant dans leurs relations que dans la prière pour les malades et la prophétie».