Les ministres de l’Eglise réformée vaudoise craignent pour leur place

SynodeEERV14fev 2A la suite de licenciements, un climat d’insécurité s’est installé parmi les pasteurs et diacres. Le Conseil synodal rassure et veut mettre en place des outils permettant un meilleur dialogue.

Par Joël Burri

«Le Conseil synodal a entendu qu’un climat de souffrance, voire de crise régnerait dans notre corps ministériel», a déclaré John Christin, répondant des ressources humaines au sein de l’organe exécutif de l’Eglise évangélique réformée du Canton de Vaud (EERV). «Ces dernières années 1 à 2 avertissements formels ont été prononcés chaque année, il y a eu 1 à 2 licenciements et 1 à 2 non-renouvellements de contrats». Le Conseil synodal s’est ainsi voulu rassurant durant les communications au Synode (organe délibérant) qui se réunissait samedi 14 février à Saint-Sulpice. Xavier Paillard, président du Conseil synodal a, pour sa part, insisté sur le fait que «ces cas sont peu nombreux», sur un corps ministériel d’environ 300 employés.

Pour John Christin, «le Conseil synodal regrette de telles issues, mais c’est toujours après avoir étudié toutes les pistes pour éviter un licenciement que de telles décisions ont été prises. Si bien que le Conseil synodal assume pleinement la décision qu’il a prise dans chacun de ces cas.»

Inspiré par le fait qu’il s’exprimait devant le synode le jour de la Saint-Valentin, Xavier Paillard a invité les délégués à se garder de «confondre l’amour avec la gentille, gentillesse bien vaudoise.» Aimer son prochain implique de fixer un «cadre pour le vivre ensemble». «La liberté des ministres ne s’exprime que dans les limites fixées par le Synode et mises en œuvre par le Conseil synodal», a rappelé John Cristin.

Un sentiment de crainte parmi les pasteurs et diacres vaudois

Ces quelques licenciements ont ainsi provoqué un climat de crainte parmi les ministres. «Il convient de distinguer les crises réelles, avérées, et le malaise ressenti», prévient John Christin. «Plusieurs ministres qui n’ont aucune raison de s’inquiéter sont malgré tout inquiets.» Il invite donc les pasteurs et diacres à en parler. Il espère, en particulier, que la mise en place d’entretiens annuels permettra aux employés de l’Eglise d’entendre des retours rassurants sur leur travail. «Le conseil synodal entend les craintes des uns, mais aussi la reconnaissance des autres», a souligné Xavier Paillard.

Selon le Conseil synodal, 3% des situations professionnelles sont problématiques. «Moi j’ai une autre réalité. Nous avons, en une année, soutenu 35 personnes, soit 10 à 12% des ministres», note Alain Martin, aumônier et secrétaire général de la Ministerielle, l’organisation professionnelle des ministres vaudois. «Mais je peux bien comprendre qu’un certain nombre de ces cas, de moindres importances se règlent au niveau de la région ou de l’Office des ressources humaines et ne remontent pas jusqu’au Conseil synodal». Malgré ce désaccord sur l’ampleur du problème, Alain Martin se dit «heureux que le Conseil synodal reconnaisse qu’il y a une souffrance dans le corps ministériel»

Peu de désaccords théologiques

Les conflits entre ministres et employeurs sont rarement liés à des désaccords théologiques, selon le secrétaire général de la Ministerielle. «Le plus souvent, il s’agit de problèmes relationnels. Par exemple, un ministre peut être critiqué dans sa manière d’organiser le leadership.» Il invite également les pasteurs et diacres à chercher de l’aide en cas de difficulté. «Une commission de conciliation a été mise en place, et pour les avoir vus à l’œuvre, je trouve qu’ils font un travail remarquable.»

Le principal problème: l’épuisement

Mais pour Alain Martin le principal problème qui touche les pasteurs et diacres vaudois est d’un autre ordre: «Il y a beaucoup de fatigue, pour ne pas dire épuisement.» Il explique, «comme dans tous les métiers de service et d’écoute, les ministres sont pris entre leur volonté de servir et de prendre soin d’eux-mêmes.» S’il reconnaît que les principaux responsables de cet épuisement sont les pasteurs et diacres eux-mêmes, il pointe aussi les postes qui ne sont pas repourvus immédiatement et qui poussent les ministres de la région à combler quelques vides.