Les femmes pasteures ont trouvé leur style

Les différences avec leurs homologues masculins sont à la fois sensibles et difficiles à pointer.

Beaucoup rechignent à pointer des différences claires avec leurs homologues masculins. « Qu’est-ce qui vous distingue d’un homme exerçant le même ministère que vous ? » Femmes et pasteures protestantes, la question leur paraît presque saugrenue.

« Peu importe que le culte soit célébré par un homme ou par une femme. Après il peut y avoir des différences théologiques, mais cela n’a rien à voir avec le sexe. Peut-être sommes-nous moins dogmatiques, plus concrètes », commence par répondre Florence Blondon, pasteure au temple de l’Étoile, à Paris.

« Le fait qu’une femme célèbre est surtout déroutant pour les fidèles de culture catholique, qui ne sont pas habitués à voir des femmes célébrer », renchérit Caroline Bretones, qui officie au temple du Marais, également dans la capitale.

Plus du tiers des pasteurs de l’Église protestante unie de France sont des femmes

Depuis 1965, « les femmes peuvent être appelées, au même titre que les hommes, à exercer un ministère dans l’Église ».

Les représentants de ce qui était encore l’Église réformée de France décident en effet d’accorder l’accès plein et entier des femmes au ministère pastoral.

À l’époque, cette évolution tranche un débat commencé au début du siècle. Et la décision passe de justesse : 55 % des délégués nationaux participants au synode national de Nantes votent pour, 45 % s’y opposent. Cinquante ans plus tard, plus du tiers des pasteurs de l’Église protestante unie de France (EPUdF) sont des femmes.

« Une plus grande liberté de parole et de ton »

« Être une femme pasteure apporte sans doute une certaine poésie aux liturgies », avance Isabelle Hervé, 43 ans, pasteure depuis quinze ans en Île-de-France. Elle évoque l’utilisation, dans ses prédications, d’un vocabulaire « plus sensible, par exemple très proche de la nature ».

Pour cette mère de deux enfants, mariée à un pasteur, les prédications assurées par les femmes sont aussi empreintes « d’une plus grande liberté de parole et de ton ».

« Il y a cinquante ans, elles cherchaient à être des pasteurs à la manière des hommes. Puis elles ont peu à peu trouvé leur style. »

« Accepter son autorité théologique et morale »

Et vis-à-vis des paroissiens ? « Avoir une femme pasteure, cela signifie accepter son autorité théologique et morale », résume-t-elle. Pas toujours évident…

Elle se souvient de l’expérience cuisante, au début de son ministère, de l’une de ses paroissiennes mettant constamment sa parole en doute.

Isabelle Hervé mentionne, à l’inverse, ces paroissiennes qui préfèrent être accompagnées par des femmes. « Elles posent des questions qu’elles n’oseraient jamais formuler devant un homme, comme sur le couple, l’éducation des enfants, la vie de famille… »