Les aventures de Faka Bilumba

Les aventures de Faka Bilumba

Par François Zoomevele Effa – 06/03/2015

Par François Zoomevele Effa

Vous aimeriez, comme Aimé CESAIRE, lancer une prière virile sur votre continent en miniature, et prophétiser tant de belles choses… Mais il arrive que même la foi sauvage du sorcier et le génie créatif de l’amour inconditionnel que l’on voue à sa patrie ne suffisent plus. Vous appréhendez certainement les futures dérives d’un certain féminisme local qui se décline dans une originalité très camerounaise le 8 mars prochain. Alors, il est temps de rencontrer certaines dames qui ne se contentent de se faire belles et de se taire, qui ne veulent pas jouer les faire valoir et les potiches de la Républiques, et qui , malgré les apparences, sont la majorité silencieuse du pays. Vous vous en doutez, je les ai rencontrées, et elles ont parlé.

«Je suis une «ancienne de l’église». Mon obédience est l’ EPC, L’église presbytérienne camerounaise. Vous comprendrez que je ne donne pas mon nom car je risque d’être excommuniée. Dans les manifestations qui se passeront le 8 mars, j’ai envie de dire à toutes les femmes de mon église d’aller défiler, non pas dans le folklore ambiant habituel en chantant des hymnes de soutien à la gloire de la femme du chef d’état, mais en revendiquant nos vrais droits. Nous sommes la seule église protestante du pays dans laquelle les femmes n’ont pas le droit de devenir des Pasteurs ! Pourquoi ? Oui, je me le demande, alors que nous sommes majoritaires, alors que nos associations internes comme l’ ACF (L’association chrétienne des femmes) sont le fer de lance dans la dynamique de cette église. Nous continuons donc, selon de vieilles conceptions des théologies machos, à être considérées comme cause fatale du péché adamique, nous les descendantes d’Eve.»

© Journalducameroun.com
François Zoomvele Effa

«Laisse comme ça Ancienne, toi aussi ! J’ai la solution, nous allons faire un schisme et créer notre église presbytérienne que nous déclinerons au féminin, et les femmes, nous la majorité, pourrons devenir des pasteurs. Nous sommes protestants ou pas ! Et quand des protestants ne sont plus d’accord ils se détachent et créent une église. Nous n’innoverons pas, car il y a déjà eu dans les années 30 l’ EPA (église protestante africaine) qui avait refusé de se soumettre à la dictature linguistique et liturgique «boulou ». Puis, il y a eu dans les années 60 l’ EPCO qui se voulait contre l’œcuménisme, et très récemment l’EPCR Du pasteur NGOMO. Je parie tout ce que tu veux que ces machos vont avoir une peur bleue, tu verras, ils vont céder, et nous pourrons exercer un ministère qui nous est interdit juste parce que nous sommes des femmes, et ça c’est droit que nous devons revendiquer.»

«Tu sais Catherine, il y a tant de réformes que nous devons apporter à ce presbytérianisme camerounais. La corruption est tellement officielle alors que c’est l’église qui devrait montrer l’exemple. Je crois savoir qu’ils ne veulent pas que nous soyons des pasteurs car nous risquons de dénoncer certaines pratiques mafieuses chroniques.Les détournement de fonds, les abus de biens sociaux ne sont jamais punis quand ce sont nos pasteurs qui les font. Depuis qu’ils ont envahi les directions des établissements secondaires et des hôpitaux, certains pasteurs de l’ EPC ont volé et pillé ces institutions les menant à la ruine, parfois à la fermeture. Il suffit de voir ce que sont devenus les hôpitaux prestigieux d’antan comme celui de ENONGAL, les collèges de Foulassi de Elat, un vrai scandale au vu et su de tous. J’ai vu dimanche dernier, une grande cérémonie pour le jubilé de la paroisse Marie GOCKER à Yaoundé. Je ne savais pas qu’il fallait des sièges spéciaux pour les envoyés du chef de l’Etat dans une église, des places d’honneur devant tout le monde. Et, comme c’est le Fameux NDONGO, la chose, la marque, la fabrique et le doungourou de Barthélémy qui s’y était collé, ce fut la catastrophe et l’épouvante dans toute son horreur.»

«AKOUMBA, ma sœur, laisse-moi cette honte-là. Ce bout d’homme se croyait au comité central de son parti politique. Comment a-t-il pu commencer son discours en s’adressant d’abord au président du sénat, alors qu’il était invité par les modérateurs de l ‘EPC et de la paroisse? Puis nous parler de l’évangile selon son saint Barthélémy qui «spiritualiserait la matière et demanderait l’ardeur de l’amour» pour finir par son vieux credo: un seul mot, continuez! C’est à peine s’il ne finissait pas comme dans le temps en Guinée équatoriale par loué soit Barthélémy. En citant Lamartine et Camus, notre professeur avait oublié qu’il y avait des références théologiques comme Martin Luther King.»