L’Eglise réformée s’excuse après un licenciement

L’Eglise évangélique réformée du canton de Vaud (EERV) n’aurait pas dû licencier le pasteur Martin Hoegger. Son autorité exécutive, le Conseil synodal, l’affirme noir sur blanc: «Le Conseil synodal reconnaît que le licenciement de Martin Hoegger était regrettable», lit-on dans le journal EERV Flash de septembre. Le Conseil synodal se dit «conscient des blessures que cette décision a occasionnées à Martin Hoegger, ainsi qu’à l’Eglise, et s’en excuse.» Cette mise au point est le résultat d’une convention entre l’ancien ministre et son ex-employeur. Elle est «l’aboutissement d’un long processus de conciliation», précise le Conseil synodal.

S’excuser, c’est conforme à l’Evangile

De son côté, Martin Hoegger se dit «reconnaissant des excuses présentées». L’EERV lui avait retiré sa fonction de «responsable du dialogue œcuménique» en 2015. Les relations entre le Conseil synodal et le pasteur s’étaient envenimées: des échanges de courriers aux limites de l’insulte avec l’office des ressources humaines avaient mené Martin Hoegger à déposer une plainte pénale. Un recours aux prud’hommes était aussi prévu. Ces procédures sont abandonnées.

Martin Hoegger se dit heureux de cette issue. «C’est important de pouvoir s’excuser et d’aller de l’avant, c’est conforme à l’Evangile, dit-il. Je le vois comme un témoignage constructif pour l’Eglise et pour la société.» Désormais retraité de l’EERV, il continuera d’accompagner spirituellement la Communauté de Saint-Loup et s’engagera dans divers projets œcuméniques. Président de la Ministérielle (l’association des pasteurs et diacres vaudois), Eric Bornand parle d’une «bonne nouvelle: cette réconciliation est de bon augure pour la suite des relations entre les ministres et les autorités synodales».

Le conflit continue avec 5 autres pasteurs

Cette réconciliation ne change rien, en revanche, aux conflits entre l’EERV et les cinq autres pasteurs licenciés ces deux dernières années. Ainsi, la procédure intentée aux prud’hommes par Daniel Nagy se poursuivra sous peu. «Elle ira jusqu’à son terme, car la conciliation préalable n’avait pas abouti, rappelle Xavier Paillard, président du Conseil synodal. Cela dit, nous avons offert à chaque pasteur concerné la possibilité d’un processus de réconciliation en Eglise.»

Daniel Fatzer, qui a fait une grève de la faim de 23 jours après son licenciement en juin, se réjouit pour son collègue Hoegger. Même s’il regrette au passage «un manque de solidarité» envers les autres pasteurs licenciés. Selon lui, «le Conseil synodal s’évite deux procès à bon compte». Il se demande pourquoi son propre licenciement est maintenu, étant donné que les propos qu’on lui reproche, tenus à la radio lors d’un culte à Saint-Laurent, dénonçant l’injustice faite à Martin Hoegger, «sont avérés». Il a été licencié «parce qu’il a rompu une relation de confiance et passé outre les règles déontologiques», nuance Xavier Paillard. Lequel précise que l’offre de réconciliation est individuelle et n’annule pas les licenciements. (24 heures)

(Créé: 09.09.2016, 21h33)