Le retour des mômiers

Un colloque, une revue et un livre se penchent sur la rupture que l’Eglise réformée vaudoise a connue durant plus d’un siècle. Et sur les retrouvailles d’il y a cinquante ans

L’Eglise réformée vaudoise fêtera en mars prochain le jubilé de la fusion qui lui a redonné son unité en 1966. Une occasion d’examiner les causes de la rupture de 1845, qui a vu la naissance de l’Eglise libre deux ans plus tard. Le professeur émérite de sociologie des religions à l’Université de Strasbourg Jean-Pierre Bastian, originaire de Lutry, raconte l’histoire de ces « mômiers ». « Dès 1818 des mouvements de dissidents, piétistes et partisans d’une Eglise régénérée et plus active, vont rompre avec l’Eglise nationale. Tout un ferment d’agitation spirituelle précède la rupture de 1845. En 1830, il existe déjà une vingtaine de communautés indépendantes. Dans l’Eglise nationale, au même moment, un mouvement apparaît qui souhaite renouveler l’engagement chrétien et une Eglise plus vivante, aussi du point de vue social.

Ce mouvement compte des figures importantes, chez les pasteurs comme chez les laïcs, notamment Théodore Rivier, d’une famille du refuge huguenot, un homme de pouvoir autant politique qu’économique. » Ces deux forces vont déboucher, en 1845, sur une fracture de l’Eglise nationale. En été, une quarantaine de pasteurs refusent de se soumettre à l’ordre que leur donne Henri Druey. L’homme fort du pouvoir radical à l’époque veut qu’ils lisent lors du culte du 3 août 1845 un texte engageant chacun à voter en faveur de la nouvelle Constitution, qui ne garantit pas la liberté religieuse. Dans la ligne de ces opposants, la plupart dans la mouvance libérale, anti radicale, deux tiers des pasteurs démissionnent en novembre. Cet affrontement entre le pouvoir radical et la majorité des pasteurs va déboucher, en mars 1847, sur la création de l’Eglise libre. La division perdurera jusqu’à la fusion des deux Eglises, libre et nationale, en mars 1966, pour donner naissance à l’Eglise évangélique réformée du canton de Vaud. 

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  • Un colloque jeudi 8 octobre, de 8 h 45 à 12 h 30, UNIL-Dorigny, Anthropole 5021, à l’occasion du 50e anniversaire de la fusion de l’Eglise libre et de l’Eglise nationale du canton de Vaud. Entrée libre. Programme sur www.unil.ch/ftsr
  • Une revue « Passé simple », septembre 2015. « La rupture religieuse vaudoise de 1845. Comment naquit l’Eglise libre ».
  • Un livre Jean-Pierre Bastian, « La fracture religieuse vaudoise, 1847-1966. L’Eglise libre, la Môme et le canton de Vaud », à paraître, Labor et Fides, sortie en librairie le 16 mars 2016