Le pasteur Daniel Fatzer arrête sa grève de la faim

Le pasteur trublion Daniel Fatzer a décidé de cesser son jeûne de contestation, après 23 jours. L’ancien ministre de l’Eglise évangélique réformée vaudoise (EERV) annonce également qu’il devrait quitter l’église Saint-Laurent, à Lausanne, qu’il occupait jour et nuit depuis le 15 juin dernier.

Face aux médias, le pasteur a expliqué cet après-midi les raisons qui l’ont incité à stopper sa démarche. «J’ai hésité à continuer, dit-il. Si j’étais un moine ermite je n’aurais pas hésité une minute à continuer. On peut aller jusqu’à 60 jours. Mais j’ai une famille qui s’use de mon combat.»

Il devrait reprendre son premier repas ce vendredi soir, sous contrôle médial. «Il ne devra pas dépasser 175 calories», précise-t-il. Et de lancer un trait d’humour: «Je remercie mon ex-employeur de m’avoir permis de perdre dix kilos au seuil de l’été, j’en avais besoin.»

Médiation échouée

Une médiation entre le pasteur Daniel Fatzer et le Conseil synodal, organisée par la conseillère d’Etat Béatrice Métraux, a échoué. Après une première séance lundi, une deuxième s’est tenue ce vendredi matin et s’est terminée sans trouver d’accord.

Dans un communiqué diffusé peu après, le Conseil synodal «a pris acte avec regret que Daniel Fatzer a quitté la table de la médiation».

Daniel Fatzer demandait notamment sa réintégration comme pasteur au sein de l’EERV, ainsi que la réintégration de quatre autres pasteurs licenciés par l’Eglise depuis deux ans. Un point qui n’était pas à l’ordre du jour pour l’institution.

«Des pas significatifs»

Le Conseil synodal «estime avoir fait plusieurs pas significatifs dans le sens des demandes du pasteur Daniel Fatzer. Il a proposé un chemin de pacification en Eglise, sans interférences avec les procédures juridiques en cours. Il a notamment ouvert, pour chaque personne licenciée, la possibilité d’un dialogue qui vise au pardon et à la réconciliation.»

En d’autres termes, des solutions individuelles pourrait être trouvées. Mais pas question de décréter «une amnistie générale» sur les licenciements, comme le réclamait Daniel Fatzer.

Daniel Fatzer jeûnait pour protester contre son licenciement de l’EERV «avec effet immédiat», survenu après un coup d’éclat en direct lors d’un culte radiodiffusé sur Espace 2, où il a cité nommément deux collègues pasteurs. Il entendait dénoncer cinq autres licenciements intervenus au sein de l’institution depuis deux ans.

«Déficit démocratique»

«L’EERV est en déficit démocratique, estime Daniel Fatzer, il n’y a en effet ni droit d’initiative ni droit de référendum dans cette Eglise. C’est la voie que j’aurais choisi cas échéant. J’ai donc choisi de m’adresser au peuple vaudois tout entier.»

Il rappelle que son jeûne visait à soutenir des collègues et pas à défendre sa propre situation. «Au fil des jours, dans l’église Saint-Laurent visitée du matin au soir, j’ai aussi réalisé que je faisais aussi ce jeûne pour les travailleurs nombreux, maltraités dans notre pays par la loi sur le travail.»

Même si rien de concret n’a été obtenu, ce «400 mètres haies», comme il l’appelle, sera suivi d’un «marathon de résistance» dès 2017: pas moins de sept démarches en justice sont annoncées, lancées par des pasteurs licenciés contre leur ancien employeur, l’EERV.

(24 heures)

(Créé: 08.07.2016, 13h35)