Face à face tendu entre gitans évangélistes et policiers

Hier, 200 évangélistes ont envahi les pelouses du jardin de la Rode dans une ambiance lourde

Vous aimez les scoops ? Venez voir les pelouses de la Rode. Elles sont envahies par les gitans !” Hier, en fin d’après-midi, plusieurs lecteurs de La Provence ont appelé la rédaction. Juste avant qu’un concert de deux-tons ne déchire la quiétude martégale. En gage de scoop, il ne s’agissait, pourtant que d’un “banal” rassemblement de gitans évangélistes venus faire une étape à Martigues, Gignac et Vitrolles sur leur long chemin de pèlerinage annuel.

Sur place, le face-à-face a été très tendu entre la communauté composée de près de 200 personnes et les policiers. Des dizaines de policiers en tenue, issus de tout le pourtour de l’étang de Berre, des équipages de la brigade anticriminalité mais aussi les motards et des maîtres-chiens ont été appelés sur le dispositif. La situation a d’abord été explosive lorsque, au cours d’une tentative de pourparlers, des coups ont fusé. Vidéos à l’appui, les gitans accusent les policiers d’avoir frappé un pasteur. Alors, face aux gilets pare-balles, les jeunes de la communauté, bombent leurs torses nus, fièrement.

Ces évangélistes, qui appartiennent au plus grand mouvement évangéliste mondial, l’association Vie et Lumière, se défendent pourtant d’être violents. “Notre communauté vient en mission pour porter la parole de la Bible, annonce même Mickaël Debord, l’un des 10 pasteurs (dont 4 stagiaires) du groupe. Mais à chaque fois, c’est la même chose. Les communes n’ont pas d’aires pour nous accueillir. Or, ces aires sont obligatoires !

Autour du pasteur, les visages sont tantôt tendus, tantôt souriants. Les enfants, eux, profitent de leur halte temporaire pour se baigner dans l’étang. “On a rentré la majorité des caravanes sur le terrain. Il en reste une dizaine. Qu’on les laisse accéder et puis après, c’est fini“, expose sans aménité Will, autre membre de cette communauté. Les barrages policiers les empêcheront d’accéder au jardin de la Rode. Mais les rues de Ferrières sont complètement congestionnées. Les riverains se succèdent les uns après les autres, inquiets. “Pourtant, nous ne sommes pas des voleurs, nous sommes Chrétiens, annonce un autre membre. Et regardez, nos caravanes sont propres, on, ramasse nos déchets. Nous sommes juste de passage, qu’on nous laisse une chance ..

Refus

Le député-maire Gaby Charroux s’est rendu sur place pour parlementer avec les pasteurs. En gage de bonne volonté, il a emmené les représentants de la communauté visiter deux terrains sur lesquels stationner les caravanes. “On a proposé plusieurs solutions. Ils les ont refusées parce qu’ils veulent reste ici, sur les pelouses, regrette-t-il. Ce qui me chagrine, c’est que Martigues est une des seules villes du département à être dans les règles en matière d’accueil de gens du voyage et l’on pâtit de l’incurie des autres communes.

Les gitans, qui étaient venus repérer les lieux une semaine auparavant, n’en démordaient pas. “Nous ne bougerons pas. Nous avons prévu de rester huit jours et c’est seulement à l’issue de notre mission que nous partirons.

D’ici demain, les évangélistes devraient donc dresser de grandes tentes dans lequel ils discuteront de passages de la Bible avec tous ceux qui le souhaitent. Et prôner la paix et l’amour de son prochain.


Recours à la force publique ?

Hier soir, le sous-préfet de l’arrondissement d’Istres Simon Babre a annoncé à Gaby Charroux son intention de déposer, ce matin même, un référé afin d’envisager l’expulsion des évangélistes. Dans ce cas, le recours à la force publique pourrait être demandé.