Elle l’a fait: Madame la pasteure joue dans une sitcom

Carolina Costa, pasteure et comédienne, 35 ans Il est loin le temps où l’Eglise excommuniait les comédiens. Pour le culte de Noël, le 25 décembre dernier, Carolina Costa a prêché dans la cathédrale…

Carolina Costa, pasteure et comédienne, 35 ans

Il est loin le temps où l’Eglise excommuniait les comédiens. Pour le culte de Noël, le 25 décembre dernier, Carolina Costa a prêché dans la cathédrale Saint-Pierre, à Genève, aux côtés des pasteurs Vincent Schmid et Georges Braunschweig. Un culte diffusé par la RTS, et en eurovision, s’il vous plaît. Comédienne et pasteure, la jeune femme de 35 ans ne voit toutefois pas un culte religieux comme l’équivalent d’un spectacle. «Même si, dans les deux cas, il faut se laisser habiter par quelque chose d’autre.»

«Ma femme est pasteure!»

Dès la mi-février, on pourra la découvrir dans une série web, jouant une pasteure vaudoise. Elle a préféré camper cette fiction, inspirée de sa vie, dans le canton de Vaud, et pas à Genève, où elle officie: «Sur Vaud, il y a encore des cures, ces magnifiques maisons qui peuvent se révéler glaciales en hiver! Alors qu’à Genève, nous vivons en appartement…» Le tournage a lieu ce mois-ci à Vuillerens.

On le voit, Carolina Costa ne se disperse pas, elle noue les fils de sa vie en un même brin; 50% pasteure, 50% comédienne et productrice, elle consacre les mercredis à sa fille, Anna, née en 2010.

Amour inconditionnel

Elle célèbre mariages ou enterrements aussi bien dans les paroisses du Grand-Lancy, de Plan-les-Ouates, de Carouge ou de Troinex-Vernier. Elle anime des groupes de parole pour jeunes adultes. Entre café philo et catéchisme, ses réunions proposent aux participants de devenir «artisans du sens». «Chacun reçoit le texte biblique différemment, il n’y a pas une seule vérité. On a trop prêché au lieu d’enseigner à vivre!» Une démarche qu’elle rapproche volontiers du bouddhisme. «Nous essayons de voir comment la pratique de l’amour peut s’appliquer au quotidien.» C’est son leitmotiv. Adolescente, elle a été marquée par Walter Isnardi, un pasteur anarchiste argentin exilé à Genève. C’est grâce à lui qu’elle a été touchée par la figure de Jésus, cet autre «anarchiste révolutionnaire de l’amour».

Mais le parcours de Carolina Costa n’est pas linéaire, elle qui voulait d’abord devenir chanteuse pop. Après ses études de théologie, elle entre en 2004 dans une école parisienne pour travailler le chant. Elle y rencontre son futur mari, Victor Costa, comédien. «Il est agnostique mais, à l’époque, il a prié Dieu pour qu’il ne se passe rien entre nous!» Les voies du Seigneur sont impénétrables. Non seulement les jeunes gens se marient en 2008, mais l’agnostique espagnol doit désormais compter avec une femme pasteure. Car il y a eu, depuis, un «appel» et un petit changement d’orientation professionnelle.

Comédie spirituelle

Plutôt que de mettre sa passion pour la scène entre parenthèses, Carolina Costa la développe en parallèle avec son ministère et crée une série TV avec son époux. Elle joue la Suissesse Charlotte, lui l’Espagnol Miguel, dans Bienvenue chez nous, qui narre depuis 2011 les aléas de l’intégration et du mariage. Cette fois, en 2015, avec Ma femme est pasteure!, elle rapprochera encore un peu plus ses deux vocations, comédie et spiritualité. Ce ne sera pas du prosélytisme pour autant. «Je n’ai pas envie d’évangéliser, mais d’interpeller les gens sur le sens des choses.» Parler d’amour. Parce que celle qui a connu une tempête, dont elle ne dira rien, y a trouvé sa planche de salut. Pendant la cérémonie lors de laquelle elle a été consacrée pasteure, le 23 mars 2014, elle a demandé aux fidèles: «Quel mérite avez-vous d’aimer seulement ceux qui vous aiment? Aimez ceux qui vous font du mal. Un amour inconditionnel est la seule voie pour traverser la souffrance, le non-sens, l’absurde…»

«Ma femme est pasteure!», dès la mi-février, un nouvel épisode à découvrir chaque semaine sur le site du quotidien «20 minutes».


Profil
Carolina Costa Née en 1980 dans la principauté de Monaco, d’un père italien qui travaillait dans le café et d’une mère danoise, elle arrive à Genève à l’âge de 4 ans. En 2004, après ses études en théologie, elle entre à l’école La Manufacture Chanson à Paris et y rencontre Victor Costa. Elle devient pasteure à l’âge de 28 ans et crée la maison de production Atalahalta. La série TV Bienvenue chez nous commence à être diffusée en 2011. Elle publie en 2012 un livre à l’usage des couples, Mariage: en route pour l’aventure! (Editions Olivétan).