Eglise réformée vaudoise, le malaise s’accentue

La crise continue de secouer l’Eglise évangélique réformée vaudoise (EERV) qui découvre avec fracas ses fonctions d’employeur. Depuis 2006, l’Eglise a remplacé l’Etat qui employait et rémunérait ses pasteurs. Ces deux dernières années, cinq diacres et pasteurs ont été licenciés, dont le pasteur Fatzer en juin 2016, qui avait entamé un jeûne de contestation dans l’église lausannoise de St-Laurent. Aujourd’hui, sept procès ont été lancés.

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Le pasteur Daniel Nagy, 37 ans, en poste durant six ans à la paroisse des Avançons sur les communes de Bex et de Gryon, accuse son ancien employeur de l’avoir «abusivement licencié» en 2014, suite à des négociations concernant sa réaffectation. Aujourd’hui employé comme aumônier à l’Hôpital cantonal de Fribourg, Daniel Nagy réclame un dédommagement à l’EERV supérieur à 20 000 francs. La procédure en justice se déroulait sur les bancs du Tribunal des prud’hommes à Lausanne, commencée en mai, elle s’est prolongée mercredi soir.

Suzette Sandoz entendue en témoin

L’audition de l’ancienne conseillère nationale PLR Suzette Sandoz ouvre l’audience. Entendue comme témoin, en tant que membre du Synode, elle rappelle que «l’Eglise n’est pas un employeur ordinaire. Elle représente une dimension qui devrait impliquer que les rapports soient plus humains». Suzette Sandoz appuie le pasteur Nagy et prône une réconciliation.

Le pasteur Nagy est ensuite entendu. D’une voie submergée par l’émotion, il atteste qu’en 2014, l’EERV le charge de se trouver un poste de réhabilitation, ce qu’il accepte. En août de la même année, son représentant des ressources humaines lui fixe un délai de dix jours pour accepter une offre à la Vallée de Joux au 1er septembre. «C’était irréalisable de déménager, de changer de cure, de trouver des écoles pour les enfants dans un tel délai». Il raconte qu’après avoir été visiter la paroisse de la Vallée de Joux, sa femme, «valaisanne intégrée dans la commune de Gryon pleurait dans la voiture».

«J’avais prévu de rester dix ans de plus dans cette paroisse, je m’y sentais très bien, ma famille y était parfaitement intégrée. C’était inconcevable de partir aussi précipitamment. Il aurait été possible de changer de poste, moins loin, sans déménager», se défend-il. Suite à son licenciement, Daniel Nagy s’est trouvé durant neuf mois au chômage, avant d’être embauché à l’aumônerie de l’Hôpital cantonal de Fribourg.

Un pasteur «problématique»

Responsable des ressources humaines de l’Eglise, Nicolas Besson, décrit le pasteur comme étant un «homme difficile à gérer, dont les paroissiens de Bex se plaignaient». Sa présence à Gryon constituait «une situation paroissiale problématique», déclare-t-il en audience, représentant l’EERV. «Face à un pasteur qui ne facilitait pas la procédure de changement de poste, nous ne savions plus quoi faire au moment de lui asséner cette proposition».

Appelés en témoins par le pasteur Nagy, certains paroissiens ont été entendus en mai: ils louaient le travail de leur ancien pasteur et montraient leur incompréhension devant ce renvoi. L’EERV n’a produit aucun témoignage allant dans l’autre sens.

La nuit est déjà entamée lorsque le président du Tribunal des prud’hommes lève l’audience. Il délivrera sa délibération dans les trois semaines à venir.