Dietrich Bonhoeffer, pasteur martyr

Dietrich Bonhoeffer (1906-1945) est l’un des plus grands théologiens du XXè siècle. Pasteur luthérien, ce résistant fut exécuté le 9 avril 1945 à l’âge de 39 ans dans un camp de concentration nazi, après une longue période d’emprisonnement. Penseur reconnu, il fut aussi un homme d’engagement. Jusqu’au bout, par fidélité et conviction, il s’est fait le témoin d’un amour qui le précédait. Il est pourtant né dans une famille de la haute-bourgeoisie allemande, un milieu d’intellectuels, de médecins ou de juristes, où le protestantisme était plus culturel plus que fervent. Sa volonté de se tourner vers la théologie et de devenir pasteur répondait à une conviction, celle que l’Eglise va mal. Et à une volonté, celle de la réformer.

Plusieurs dates ont marqué sa vie. La rencontre avec le pasteur français Jean Lasserre (1908-1983) au début des années 1930, aux Etats-Unis, a été décisive. Cet homme lui a fait découvrir notamment le sens du Sermon sur la Montagne. Un passage de l’Evangile (Mt, 5) qui lui inspira le texte “Vivre en disciple” où il livre une réflexion sur l’extraordinaire de l’appel évangélique. Il était alors directeur du Séminaire de formation théologique et pastorale de l’Eglise confessante en Allemagne, à Finkenwalde. Son enseignement fut fortement imprégné de sa vision de l’appel à suivre le Christ, non hors du monde, mais bien en son coeur, même si cet appel est protestataire.

Quand il a rejoint les rangs de l’Eglise confessante, Dietrich Bonhoeffer était encore un tout jeune homme. Ce mouvement de résistance au nazisme s’était initialement créé pour protester contre le renvoi de l’Eglise des pasteurs d’ascendance juive. Il s’agit d’un courant au sein de l’Eglise protestante mené par Martin Niemöller (1892-1984), un leader célèbre à l’époque qui fut emprisonné en camp de concentration de 1937 à 1945. L’Eglise confessante avait décidé de créer des séminaires pastoraux, pour former des jeunes à la théologie, avec un fort esprit de résistance.

Dietrich Bonhoeffer, martyr protestant? Rapidement la Gestapo s’est méfiée de ce résistant issu d’une famille profondément pacifiste et d’un milieu opposé depuis la première heure à Hitler. Arrêté puis exécuté au camp de concentration de Flossenbürg le 9 avril 1945, il n’aurait sans doute pas aimé qu’on le qualifie de marytr protestant. “C’est un peu le cas“, considère pourtant Henry Mottu. Il faut dire que l’Eglise allemande après la guerre a longtemps refusé de le considérer comme tel. Il a fallu du temps pour le réhabiliter dans les années 60, tout comme il a fallu du temps à l’Allemagne pour réhabiliter peu à peu les mouvements de résistance anti-nazis.