Dialogue judéo-musulman : un prêche dans le désert ?

Juifs, chrétiens, protestants, musulmans… Tous d’accord pour aller prêcher la parole de la concorde dans les écoles. Mais qui les écoute ?

 La salle polyvalente des halles de Tours, ce soir-là, est belle. Sans doute 150 à 200 personnes sont venues écouter le dialogue entre Moché Lewin, directeur exécutif des rabbins européens, et Nader Alami, un historien proche de Hassen Chalghoumi (NDLR : l’imam de la mosquée de Drancy n’a finalement pas pu venir à Tours), responsable des programmes jeunesse sur la chaîne BDM.
Des propos inquiétants puis rassurants, des promesses d’un lendemain où la politique de la main tendue remplacera celle de la main dans la figure. Oui mais voilà, au-delà du séduisant échange entre la tribune et la salle, que restera-t-il de cette rencontre si ce n’est la satisfaction d’avoir passé une bonne soirée entre amis ?
Car – tout le monde était d’accord sur ce point –, ce genre de débat doit s’exporter dans les écoles, les quartiers, les collèges, là où poussent, très tôt, les racines du mal. Paul Lévy, président de la communauté juive de Tours (organisatrice de la soirée), Moché Lewin et Nader Alami ont plaidé pour une intervention des imams, rabbins, pasteurs, curés, dans les écoles au nom d’une paradoxale « laïcité intrusive ». « La haine, ont-ils martelé, vient de la méconnaissance des autres. Il faudrait instaurer l’enseignement des religions à l’école. » « Lorsque vous demandez à de jeunes musulmans plus ou moins radicalisés s’ils ont lu le Coran, ils vous répondent que non… », a témoigné un auditeur, proche du terrain.
La pasteure protestante Florence Lusetti s’est dite volontaire pour aller porter la parole de l’instruction dans les écoles. Bien sûr, a répondu Paul Lévy, convaincu lui aussi par ce geste pédagogique. « C’est à partir de 7-8 ans que les propos d’exclusion commencent à germer », a témoigné le rabbin Lewin.

Ces enfants de mères célibataires qui grandissent sans tuteur

Tout au long de la soirée, il fut aussi question de la faillite de l’école, de la religion, de la famille, de la multiplication des mères célibataires confrontées très tôt à la dureté d’enfants grandis sans tuteur. « Les jeunes n’ont plus de repères, plus de référents, a martelé Nader Alami. Où sont les mouvements de jeunesse qui servaient, avant, de cadres ou de référence ? Ils sont la proie de ceux qui ont bien identifié ce vide. » Il fut aussi question des enfants juifs, non pratiquants, mais poussés vers les écoles confessionnelles au nom de leur sécurité. « Les parents ont peur, a lancé François Guguenheim, président régional du Crif, il faut que les responsables musulmans prennent publiquement la parole pour s’opposer aux islamistes. Eux seuls ont cette crédibilité. »

réagissez

Vous souhaitez témoigner, réagir, apporter des précisions, écrivez-nous :
– La Nouvelle République, courrier des lecteurs,
232, avenue de Grammont,
37000 Tours.
– Par courriel : nr.tours@nrco.fr
– Sur le site : www.lanouvellerepublique.fr