Christianisme Rwanda – RDC : La face cachée des pasteurs américains

imageRick WARREN

Des pasteurs américains, ou si on veut des « hommes de Dieu », qui sont adeptes du fondamentalisme chrétien tel qu’il se vit en Amérique, ne se privent d’afficher au grand jour leur amitié préférentielle à Paul Kagamé et au Rwanda, pays dont on ne compte plus leur visite. Mais ce n’est ni le fait que Paul Kagamé soit mercenaire, ni le fait que son pays le Rwanda agresse et occupe la RD-Congo, ni que la taille démographique du Rwanda comparée à celle de son voisin la RD-Congo où vivent plus 60 millions d’habitants ne permet à ces pasteurs et à leurs églises d’engranger d’importants gains religieux et financiers, n’a jamais dissuadé les représentants du christianisme américain de préférer le Rwanda au Congo- Kinshasa.

Des écoliers, élèves et étudiants apprennent souvent dans des écoles et universités occidentales ainsi qu’africaines que l’Occident chrétien vit une longue période de paix et de stabilité politique. Il ne connait point de guerre, aucun affrontement violent et surtout visible entre ses membres. C’est notamment grâce à une homogénéité religieuse et spirituelle qui unit et rassemble ces États et leurs peuples, je dirais plutôt leurs élites. Le fait de partager et de se nourrir dans une même sphère spirituelle et religieuse suffit pour éloigner ou empêcher la naissance et l’extension des conflits. C’est du moins ce qui se lit et se conclut durant la période de scolarité. Alors, et si seulement il en serait le cas, il y a lieu de se demander pourquoi Kinshasa se fait régulièrement violer, violenter, massacrer, voler, exploiter par des chrétiens, c’est-à-dire par des membres d’une même famille spirituelle et religieuse, et ce, malgré l’appartenance de la RD-Congo à la chrétienté. N’est-ce pas que c’est le « christianisme » qui est la religion prédominante au Congo-Kinshasa ?

Mn texte ici présent n’a pas pour prétention de se lancer dans un procès du christianisme. Je prends bien soin de laisser ce champ aux autres, sauf qu’il se veut interpellateur sur la question de solidarité chrétienne qui s’entend comme le ciment des sociétés ayant en commun le christianisme comme spiritualité. Et en outre, c’est l’Occident colonisateur lui-même qui a décidé, voulu et souhaité partager sa perception religieuse avec ses colonisés. C’est de la volonté impériale du colon que la RD-Congo et son peuple sont devenus chrétiens. Je ne veux rien savoir sauf je me dis que ce faisant, le christianisme, le « divin et le spirituel devenu commun rapprocherait les peuples. C’est plutôt le contraire qui devient le principe. Le christianisme sépare plus qu’il ne fortifie le dessein des peuples et leurs âmes.

Aujourd’hui, Kinshasa compte un nombre assez impressionnant de pasteurs chrétiens, de prêtres. Et même malgré le fait d’avoir élevé un de ses fils au rang de cardinalat, il siège en plus à Rome, dans le temple des temples, ne change rien sur la situation de la RD-Congo. C’est en RD-Congo qu’il y a un génocide dont le christianisme spirituel et religieux n’en parle et voire ne condamne officiellement. Et au-delà, le constat est que des prières, de nuit comme de jour, de nos pasteurs et autres ne se montrent à même d’arrêter la descente du pays aux enfers. Cela date de 1885 à ces jours. Je le souligne pour que l’on ne répétât le slogan courant qui voudrait que ce soit Dieu lui-même qui l’aurait ainsi programmé et souhaité pour ce peuple.

Je voudrais aussi savoir pourquoi l’église kimbanguiste chrétienne a toujours été dans le camp des autres, notamment de Mobutu, de Laurent Désiré Kabila, du Rwanda via « Joseph Kabila ». Pourquoi les prières de Maman Olangi et autres « pasta » ne savent stopper l’humiliation que subit la RD-Congo de la part de ses voisins directs et mandatés. Comment comprendre que ce soit le pasteur et chrétien Ruberwa qui intimait hier l’ordre de négocier avec son M23 ?

Ailleurs, les choses se passent autrement. À travers le rabbinisme, les juifs et Israël s’imposent comme une force spirituelle et étatique. L’Iran et ses ayatollahs se font craindre et comptent parmi des référents sociologiques imparables. Le Japon et ses prêtres shintoïstes, et ce malgré la défaite du Japon et la présence Yankee sur son sol, ce peuple et son intelligence rayonnent à travers le monde. Des moines du Tibet perpétuent l’espoir et le rêve tibétains nonobstant l’emprise chinoise. Des soufismes islamiques et l’islam, malgré l’absence de son unité, donnent de la sueur au monde occidental chrétien qui se voit obligé de composer. L’influence et la peur de l’islam se fait sentir. On pourrait ce tableau avec des prêtres du taoïsme chinois, du confucianisme vietnamien qui a eu à accompagner des combattants Viêt-Cong pendant la guerre du Vietnam et la double défaite française en Indochine et américaine à Saigon. De cette lecture, Mbog Bassong tire la moralité suivante : « plus profondes sont les racines spirituelles, religieuses et culturelles ancestrales, plus haute est la cime qui mène aux connaissances « molles » et « dures », mais aussi aux formes de résistance et de lutte face à l’oppression des peuples et à celles de leurs dirigeants légitimes » (Bassong, 2012 : 18). Alors, qui dit mieux ?

À quoi servent des prières, accompagnées des privations et des sacrifices quand ces dernières se montrent efficaces et arrivent à peine à leur destination ? Ce qui signifierait quelque part que notre monde spirituel serait bouché ? Que le courant spirituel ne passe, comme ces prières ne savent percées des murs spirituels qui les retiennent en otage pour motif que nous nous sommes aliénés et que nous avons aliénés les nôtres. De manière générale, le spirituel devrait répondre aux questions physiques et métaphysiques posées par l’existence des hommes, voire des peuples, de ceux qui s’y soumettent. Mais dans le cas opposé, à quoi servirait-il quand aucun espoir n’est possible à l’horizon. Je suis d’avis avec l’évêque Dietrich Von Nehmen qui déclarait que « lorsque son existence est menacée, [celle des nations], l’église est dispensée des commandements de la morale. L’unité comme but sanctifie tous les moyens, l’astuce, la traîtrise, la violence, la simonie, l’emprisonnement, et la mort. Car tout ordre existe pour les fins de la communauté, et l’individu doit être sacrifié au bien général » (Dietrich Von Niehmen, évêque de Verden, De Schismati Libri 3, 1411). Il n’en est pas le cas avec le christianisme tel que vécu et imposé à l’homme d’Afrique et au congolais.

Le jour où le peuple du Congo saura consacrer son temps à répondre à la question de sa spiritualité commencera le début du processus de son émancipation et de sa renaissance comme peuple.

Likambo ya mabele Likambo ya makila

[Mufoncol Tshiyoyo]

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