Au Texas, la guerre des toilettes est déclarée

Tout est parti d’une affaire de toilettes. Où aller quand on est transgenre : chez les hommes ou chez les femmes ? La ville de Houston, dans le très conservateur Texas, a tranché en mai dernier : les transgenres ont le droit de choisir dans quelles toilettes ils préfèrent se rendre. Fort bien. Seulement voilà, cette décision, qui fait partie d’un ensemble de décrets visant à renforcer les droits des groupes minoritaires, n’a pas été du goût d’un groupe de pasteurs chrétiens. Ces derniers sont parvenus à réunir 50 000 signatures pour demander son abrogation. Mais la ville a campé sur ses positions. Les pasteurs ont alors intenté des poursuites contre la municipalité.

Houston Mayor Annise Parker smiles during a news conference after her first City Council meeting following her inauguration in Houston January 4, 2010. REUTERS/Richard Carson (UNITED STATES - Tags: POLITICS HEADSHOT) - RTR28J6QC’est alors que s’ouvre l’acte 2, l’arroseur arrosé. Les avocats de la ville se sont retournés contre les pasteurs et ont demandé à cinq d’entre eux de leur remettre sermons et autres discours, afin de vérifier les propos qu’ils avaient pu tenir sur des thèmes tels que l’homosexualité ou l’identité de genre. Ainsi que sur la maire de Houston, Annise Parker, elle-même homosexuelle (photo ci-contre, Reuters).

Là-dessus, nouveau retournement de situation: lorsque l’affaire a été rendue publique, les réseaux sociaux se sont enflammés… contre la ville, comme le révèle la BBC. Les défenseurs des pasteurs ont en effet vu dans la demande des avocats une atteinte au Premier Amendement, qui garantit la liberté de religion et d’expression. 

Des militants chrétiens ont alors fait campagne sur Twitter sous le hashtag #HoustonWeHaveAProblem (en référence à la phrase prononcée par Jack Swigert lors de la mission spatiale Apollo 13), qui est déjà apparu plusieurs milliers de fois.

Traduction :«Vous voyez où cela nous mène? Envoyez-lui une Bible, ou au moins une copie de la Constitution.»

Leur pétition en ligne, temporairement bloquée par Twitter, a recueilli plus de 11 000 signatures en dix jours. Face à la pression de l’opinion publique, la ville a dû renoncer à consulter les sermons des pasteurs. La maire a tweeté «Nous n’avons jamais voulu interférer dans les sermons des pasteurs ou nous immiscer dans la religion.»

Mais la polémique continue malgré tout, d’autant que plusieurs personnalités sont entrées dans le débat. C’est le cas de ce bon vieux Chuck Norris (sous le chapeau ci-contre), qui, en fervent défenseur de la liberté d’expression, a écrit dans un journal en ligne : «Je suis Texan, et ça m’énerve quand je vois que c’est l’Etat de l’Etoile solitaire [surnom donné au Texas, ndlr] qui met un olá à la Constitution américaine

Lundi, c’est l’ancien gouverneur de l’Arkansas et commentateur de l’ultra-conservatrice chaîne d’informations Fox News, le républicain Mike Huckabee, qui a pris position. En pleine émission, il a appelé tous les pasteurs américains à envoyer leurs sermons à Annise Parker, ainsi que tous les téléspectateurs à lui envoyer des bibles. On espère sa boîte aux lettres solide.

Tatiana SALVAN