Au Malawi : l’argent du miracle

A la rencontre de l’homme le plus riche du pays…

Il s’appelle Shepherd Bushiri et il a à peine 30 ans. Et il en est déjà à son troisième jet privé spécialement aménagé à son goût – c’est-à-dire tape à l’oeil. Sa photo tout sourire embarquant dans son nouveau jouet s’étalait hier à la une des quotidiens malawites.

La question est donc : comment ce jeune homme a-t-il fait fortune ? C’est simple : il est le leader de ces Eglises évangéliques qui pullulent entre le Nigéria, l’Afrique du Sud, le Zimbabwe et donc le Malawi. La sienne s’appelle la Lumière et Rassemblement Chrétien. Comme il en est le fondateur, il se fait appeler Major I ou plus simplement, le Prophète. On lui attribue des villas en Afrique du Sud, au Malawi, et l’intention d’ouvrir une banque, histoire de simplifier les flux financiers. Parce qu’évidemment, les fidèles, eux, paient.

Rassemblement dans l’église de Charleston © MaxPPP – 2016

Comment a-t-il fait pour se distinguer des autres pasteurs vedettes? Sa recette est simple : les autres super-pasteurs proposent des services relativement classiques, prophéties, guérison du SIDA par apposition des mains ou sermons tonnants et trébuchants. Lui est plus moderne, plus direct, il va directement à l’essentiel : il promet de l’argent ! C’est simple, dans son Eglise, vous priez, vous passez à la caisse et vous serez récompensés au centuple. D’où l’importance d’être riche et de le montrer. Voilà pourquoi il a acheté trois jets privés en moins d’un an. Enfin, c’est ce qu’il dit. Parce qu’une radio malawite s’est penchée sur cette affaire d’avion et a remarqué que les trois avions étaient identiques sur les photos et surtout portaient la même immatriculation.

Conclusion – malveillante bien sûr – de la radio : le prophète Bushiri a juste inauguré trois fois le même avion. Bref un gros mensonge qui fait écho à des scandales de plus en plus fréquents en Afrique autour de ces pasteurs prédateurs.

L’attentat d’Istanbul qui est au cœur de votre revue de presse

Un attentat kamikaze commis par l’Etat islamique, autre secte particulièrement dangereuse, qui a fait, au dernier bilan, une dizaine de morts et une quinzaine de blessés en plein cœur touristique d’Istanbul. Essentiellement des touristes allemands.

Evidemment, l’ensemble de la presse allemande fait sa Une sur cet attentat qui en frappant la Turquie, touche en même temps l’Allemagne. Ça donne « Cette fois, c’est le cœur de la Turquie qui est frappé », à la une de la Suddeutsche Zeitung. « La menace terroriste atteint un nouveau seuil », dans les pages de la Frankfurter Allgemeine Zeitung, « le cauchemar stambouliote » dans le Spiegel, ou encore ce simple titre dans la Tageszeitung :  “terror as usual”. Et le quotidien ajoute :

« même si cela peut sembler cynique, l’attentat du 12 janvier à Istanbul ne sort même pas la Turquie de l’ordinaire. Après tous les morts de ces derniers mois, ceux de mardi sont quelques victimes de plus. Une statistique de plus, même si celle-là touche tout particulièrement l’Allemagne ».

Fatalisme que le quotidien turc Hürriyet tente de conjurer en évoquant dans son édito une « nouvelle guerre » : « un des aspects neufs de l’attentat d’Istanbul est qu’il a été commis par un terroriste étranger sur le sol turc ». Sous-entendu, les Kurdes n’ont rien à y voir. Dans cette nouvelle guerre mondiale qui s’annonce, ajoute Hürriyet, « il n’y a pas de champs de bataille ou de limites géographiques précises, comme l’Afghanistan, la Somalie ou le Mali. C’est le monde entier qui est désormais le champ de bataille.