Archev que Guy Vincent Kodja : Les voies de sa vie

 

• Bishop, Archevêque ou Arcbishop, quel est votre titre ?

– Je suis Archevêque. Ce qui est une fonction et non un titre.  L’Archevêque émane de l’Evêque. C’est un grade au-dessus de l’autre. Mais l’Archevêque est un évêque. C’est un mot qui vient des anges et des archanges. Tout comme on dit un ministre d’Etat et un ministre tout court. Mais un ministre d’Etat reste un ministre. Il y a des gens qui emploient le thème archibishop, ce n’est pas juste. C’est plutôt « Arc bishop »  qui est l’appellation anglaise de l’Archevêque.

• Comment entre-t-on dans la fonction d’Archevêque ?

– Plusieurs aspects sont pris en compte. A savoir le mérite, le travail, les réalisations, la dimension sur le plan national et international et le charisme de la personne. A ce jour, j’ai plus de 30 églises et on continue d’en ouvrir d’autres. J’encadre et j’ai des Bishop sous mon autorité.

• La question, c’est de savoir s’il y a une instance de notation qui vous suit et entérine votre choix ? 

– Non, pas du tout. Vous ne pouvez pas devenir Evêque si vous n’êtes pas un pasteur. Mais avant, il faut être un Apôtre, c’est-à-dire le chef des cinq ministères de l’Eglise. Car il y a l’Apôtre, le Prophète, le Pasteur, le Docteur, et l’Evangéliste.  C’est un Apôtre qui peut devenir Evêque parce qu’il est considéré comme le chef desdits départements. Jésus-Christ a eu douze Apôtres. Et chaque Apôtre représentait une tribu d’Israël. C’est l’Apôtre qui aspire à devenir un Evêque car c’est un rang honorable. Mais cela nécessite une certaine conduite dans la vie de tous les jours. Les gens voient le côté apparent et ignorent l’antichambre. Dieu n’utilise pas quelqu’un par hasard. Si je n’avais pas été préparé, je n’aurais pas pu avoir ce potentiel spirituel. Maintenant, je n’ai pas à me vanter ou faire de la publicité avec le don que Dieu m’a donné. Entre l’appel et l’exercice, il y a la formation. Ça fait 28 ans que je prêche la parole de Dieu. J’ai accepté le Seigneur en 1985. J’ai commencé à prêcher en 1986 et j’ai gagné la majorité des habitants de mon quartier à Jésus-Christ. Dans la même année, je suis né de nouveau, c’est-à-dire j’ai parlé en langues. J’ai exhorté les gens à confier leur vie à Jésus-Christ. On priait pour des malades. Et ceux qui me connaissent et qui m’ont vu vous le diront. D’autres iront plus loin en disant que depuis l’âge de 7ans, je prêchais la parole de Dieu. En 1987, Dieu m’a utilisé pour ressusciter un enfant qui était mort. Valérie Djira est là comme témoin. De 1986 à 1997, je me suis instruit.

• Est-ce que vous comprenez que les gens soient plutôt sceptiques à votre égard. On vous a découvert en tant que chanteur. Et là, on vous revoit tel que vous êtes aujourd’hui…?

– Je ne cherche pas à leur prouver que je suis Evêque. Parce que ce n’est pas par complaisance que j’occupe cette fonction. Ceux qui viennent à l’église et écoutent les messages savent que ça ne vient pas d’un petit pasteur. La Bible parle du Roi David dont personne ne savait qu’il était un roi. C’est Dieu qui a demandé à Samuel de le consacrer. Il n’a pas accédé directement au trône. Il a été beaucoup persécuté, poursuivi et il s’est caché dans les grottes. Mais le jour où son heure est arrivée, les gens l’ont intronisé. Sinon, il y a très longtemps que je faisais l’œuvre de Dieu. C’est parce que je n’en faisais pas un métier que les gens ne l’ont pas su. C’est en 1997, quand je revenais de Londres où mon avion a failli s’écraser, que l’appel s’est fait insistant. En 1998, je me suis mis  entièrement au service du Seigneur Jésus-Christ en ouvrant mon église. Je travaillais encore au BURIDA et les gens ne savaient pas que j’étais un pasteur.

• En peu de temps, vous avez bâti l’une des plus grandes églises évangéliques de la Côte d’Ivoire. Où avez-vous eu les moyens ?

– Je ne comprends pas ces gens qui vont à l’église, qui disent croire en Dieu, mais qui ne croient pas aux miracles. Ils ne croient pas que Dieu peut changer leur vie. Ils ne croient pas que Dieu peut les élever. C’est en Côte d’Ivoire que je suis né et c’est ici que j’ai grandi. C’est ici aussi que Dieu m’a élevé devant tout le monde. C’est pour dire aux Ivoiriens que ce qu’Il a fait pour moi, Il peut aussi le faire pour eux. Dans la musique, on a été des précurseurs d’un mouvement, le rap. Et beaucoup de jeunes nous ont suivis. Parce qu’ils se sont dit : si nous avons réussi, eux aussi, ils peuvent réussir. Un homme de Dieu, c’est le sérieux dans ce qu’il fait. Avant de devenir pasteur, je travaillais et j’avais des affaires qui marchaient bien. Car depuis belle lurette, je fais des affaires. Pour construire cette église, j’ai apporté ma part grâce à mes économies en tant que Président-fondateur. Et chacun des fidèles de la MEG-VIE a apporté sa contribution. Donc, ce n’est pas une seule personne qui a bâti cette église. Et sachez également qu’il n’y a eu aucune aide extérieure pour la construction de ce temple.

• Est-ce que la MEG-VIE est affiliée à d’autres églises ?

– Non, la MEG-VIE est une institution. Elle n’est donc pas affiliée à une quelconque église. Car, ce sont les plus petits qui doivent s’affilier et pas le contraire. Par contre, nous collaborons avec d’autres églises sans problème. Nous collaborons également avec la Transatlantic Pacific Church (TAPAC), l’organisme mondial d’Evêques qui m’a consacré. Mais qui n’a aucune autorité sur nos églises.

• Qui sont vos amis dans le cercle des serviteurs de Dieu ?

– Dans l’œuvre de Dieu, je n’ai pas d’ami mais plutôt des frères. La Bible déclare : celui qui a trop d’amis, les a pour son propre malheur. L’église n’est pas un secteur amical, mais familial.  Avec la généalogie, il y a le père, la mère, les fils. L’expression «ami» n’est pas trop biblique. En tant que chrétien, vous pouvez avoir un seul ami ou deux, ça suffit.

• Est-ce que vous appartenez à une association de serviteurs de Dieu ?

– Je ne suis pas militant. Et je n’appartiens à aucune fédération de pasteurs. Il y a des pasteurs qui font de la politique. Et moi, je ne me mêle pas de ça. Je préfère être à l’écart. Parce que chaque association à sa vision. Sinon, j’ai des amis qui ont des fédérations avec qui j’ai de très bons rapports. Je préfère un réseau apolitique de leaders. Pour développer la vie sociale des pasteurs. Leur apprendre à être indépendants, à être à l’abri du besoin, et leur permettre de faire leur travail dans la crédibilité.

• En clair, vous faites cavalier seul…

– C’est ce que je viens de vous expliquer. On ne peut pas évoluer tout seul. Si vous faites cavalier seul, vous devenez “sectaires”. Or nous, on n’est pas une secte. Ce n’est pas parce que je ne suis pas dans une fédération que je fais cavalier seul. Il y a beaucoup de pasteurs qui me fréquentent parce qu’ils voient en moi un mentor, un père ou un grand frère. Je donne des conseils et j’aide des pasteurs d’autres églises. Je fréquente aussi des pasteurs qui me fréquentent également. Je vais prêcher dans leurs églises. Eux aussi, viennent prêcher dans la mienne. C’est un milieu dans lequel, je ne connais pas tout le monde. Même dans la musique, je ne me promenais pas avec tous les artistes.

• Ça donne l’impression que vous êtes trop suffisant…

– Je suis introverti de nature. Je suis très timide, contrairement à ce que les gens pensent. Je n’aime pas me faire voir. Pas que je suis suffisant. Même cette interview, je l’accorde par respect pour le directeur de ce magazine. Je n’aime pas créer le buzz, comme on dit. Je préfère vivre tranquillement. Mais bizarrement, les gens trouvent l’occasion pour m’exposer. Ceux qui me fréquentent sont mieux placés pour témoigner que je suis humble, que je ne méprise personne ; que je n’écrase personne et que je respecte tout le monde. Même mon domestique, je le respecte et depuis 14 ans, il est avec moi. Mes enfants l’appellent tonton. Si j’étais méprisant, il serait déjà parti.

• Venons-en à l’aspect des “affaires”. Est-ce normal pour un serviteur de Dieu de faire des affaires ?

– Je dirai que c’est normal. Lorsqu’on apprend qu’un pasteur a escroqué quelqu’un, les gens se moquent de lui.  Donc, la seule manière pour éviter cela, il faut que le pasteur soit à l’abri du besoin. Pour éviter ce genre de dérives, le pasteur doit investir honnêtement dans des affaires. Aujourd’hui, avec ma fonction d’Archevêque, je ne fais plus les affaires comme par le passé. Mais il y a des gens qui travaillent pour moi. Les escroqueries, les vols, les mensonges sont causés par la pauvreté. D’ailleurs, si je n’avais pas mes propres affaires, je n’aurais pas pu construire cette église. Donc, c’est toujours important de travailler pour être à l’abri du besoin, pour qu’on vous respecte. Les gens peuvent ne pas m’aimer, mais je ne mendie pas. Je n’escroque pas mes fidèles, je ne donne pas de fausses prophéties. C’est mon travail qui me permet de vivre. Mon salaire, mon loyer, mes factures d’électricité ou d’eau,  ma voiture de service et bien d’autres charges devraient être pris en charge par l’église. Mais je ne l’accepte pas, je m’en charge moi-même.

• Peut-être que vous êtes plus riche que l’église ?

– Pas du tout, je ne peux pas être plus riche que l’église, puisque c’est l’église qui fait de moi ce que je suis. Les charges que j’assume, c’est une manière de ne pas être un fardeau pour l’église, qui risque de couler. Donc, je préfère payer mes pasteurs pour qu’ils fassent bien l’œuvre de Dieu. Quant à moi, j’ai toujours pris l’habitude de me battre pour atteindre mes objectifs.

• Un train de vie élevé, avec des bijoux en or, de grosses cylindrées, une belle résidence… le luxe ! Alors, tout ça fait jaser !

– Je ne comprends pas ce qui peut faire jaser des gens. Pourquoi d’autres peuvent avoir de belles voitures et pas les pasteurs ? C’est quelle loi qui le dit ? Avant de devenir pasteur, j’avais déjà ce train de vie. C’est dans ça que Dieu m’a vu et m’a appelé pour faire son œuvre. Un pasteur doit faire plus envie que pitié. Un pasteur ne doit pas tendre la main, mais il doit donner. Un pasteur doit soutenir, soigner et aider ses fidèles et non les dépouiller ou les escroquer. Un pasteur doit faire du social. Et chacun doit vivre selon ses moyens. La seule chose que je ne fais pas, c’est de vivre au-dessus de mes moyens. Si je n’ai pas la capacité financière d’obtenir quelque chose, je ne la convoite pas.

• Acceptez-vous le terme de pasteur boucantier ?

– Non, non, non, je ne suis pas boucantier ! Je ne sais pas ce que cela signifie. Le problème en Côte d’Ivoire, c’est que les gens ne voyagent pas beaucoup. C’est pourquoi, ils donnent des titres tendancieux. Au Nigeria, tout près de nous, il y a des pasteurs qui possèdent des Jets privés, des bateaux… Moi, je n’ai rien de tout ça. Donc seraient-ils des pasteurs boucantiers ?  Aux Etats-Unis, un pasteur qui a plus de 800 fidèles, a sa sécurité assurée  par les services secrets américains avec un protocole qui l’accompagne. Parce qu’ils connaissent la valeur et l’importance des serviteurs de Dieu. Sinon, ce genre de réflexion est de la méprise et du mépris à l’égard des pasteurs.

Pourquoi un directeur ou un ministre a-t-il le droit d’avoir une belle voiture et pas le pasteur ? Je dois démontrer que Dieu est le détenteur de l’or et la richesse de ce monde. Dis-moi, qui peut suivre un Dieu pauvre ? Si vous êtes un pasteur et que vous êtes misérable, qui va suivre votre Dieu ? A la MEG-Vie, tous mes pasteurs ont leur voiture. Les gens se méprennent. J’ai travaillé pour avoir ce que je possède. Et ils me méprisent parce qu’ils souhaitent que je sois comme ils veulent. Malheureusement, c’est un faux jugement de leur part. Car ce que je fais, ce n’est pas par rapport à eux. Moi, je suis ce que Dieu veut que je sois. Il faut que les gens comprennent que les pasteurs dont on se foutait par le passé, c’est fini. Et cette époque est révolue.

• On trouve que les pasteurs sont riches pendant que des fidèles n’ont pas le prix d’un ticket de bus…

– Quand j’aide les gens de mon église, vous n’êtes pas présents. Depuis  2000, je nourris et j’héberge des familles, je scolarise des enfants, etc. Je n’aime pas trop exposer ce que je fais. Donc, ne généralisez pas la situation. La MEG-Vie n’est pas celle que vous croyez. En ce qui me concerne, il n’y a pas de pauvres dans mon église. Même les veuves ne sont pas pauvres parce qu’on les amène à s’investir dans des activités telles que le commerce. C’est pourquoi, ceux qui viennent à l’église, on leur apprend à entreprendre. On leur apprend le leadership dans les affaires. Pour dire que je ne leur donne pas du poisson, je leur apprends à pêcher. Dans l’église, il y a des cadres, des hommes et des femmes d’affaires qui aident d’autres frères ou sœurs de l’église à s’épanouir.

• Cela ne vous gêne-t-il pas qu’on colle l’étiquette d’«église de stars» à la MEG-Vie ?

– Vous ne pouvez gagner à Jésus que les gens de votre milieu. Les stars ont le droit de connaître le Seigneur comme tout le monde. Parce que si tu n’as pas Dieu  dans ta vie, tu es sans limite. Or en étant avec Dieu, il y a des choses que tu ne peux pas faire. C’est pourquoi il faut les encourager à aimer et à prier Dieu. Car très souvent, ils sont malades et c’est compliqué pour eux. Si ces artistes priaient et confiaient sincèrement leur vie à Dieu, on aurait évité beaucoup de malheur dans ce milieu vicieux. Sachez qu’à la MEG-Vie, il y a plus de non-stars que de stars. C’est parce que les gens se réfèrent à 2 ou 3  stars pour dire que c’est l’église des stars. Mais rien ne me gêne, car c’est de ce milieu que je viens, c’est ma famille. Les artistes chanteurs que Dieu a prévus pour moi, je ne peux pas les chasser de l’église, s’ils viennent. Et, je ne les vois pas comme des stars, mais plutôt comme des âmes. Ce n’est pas comme s’ils ont un traitement spécial. Ils s’assoient et prient comme tout le monde.

• Venons-en à la musique. Turbo, c’est fini ?

– Oui. Je crois que c’est fini (il rit).

• Alors, que devient l’aventure RAS et le mouvement rap qui est aujourd’hui  orphelin ?

– RAS a été une étape de ma vie grâce au Seigneur pour qu’on me reconnaisse dans l’avenir. Les gens oublient que lorsqu’on démarrait avec ce groupe, on avait entre 20 et 25 ans. Bientôt, j’aurai 50 ans. Mon premier fils a 27 ans. Vous me voyez aller faire du rap encore ? Quand tu es un père, il faut être responsable. Sinon, je deviens l’ami de jeu de mon enfant. Chaque chose en son époque. Il faut savoir partir. On ne va pas s’éterniser dans ce mouvement, il faut que d’autres jeunes fassent leur preuve. La vie est cyclique. On fonctionne par génération. Sinon, l’esprit de RAS est toujours présent dans le rap ivoirien.

• Avez-vous des nouvelles de Power ?

– Power est mon frère. Nous sommes toujours en contact. Lui, par contre, il continue sa carrière musicale en tant que chanteur-rappeur et arrangeur. Il prépare même un nouvel album.

• Comment se comporte le double album que vous venez de sortir ?

– Je ne veux pas faire une carrière musicale. L’album précédent baptisé ‘’Jésus, prends mon gbo’’ est sorti en 2003. Mais j’ai sorti cette œuvre pour dire merci à Dieu. C’est un double album de reconnaissance composé de 17 titres. Il y a de la louange et de l’adoration et il se comporte déjà bien auprès des mélomanes.

• Depuis quelques semaines vos prédications sont diffusées sur radio JAM qui n’est d’ailleurs pas une radio confessionnelle. Pourquoi ?

– Effectivement mes messages sont diffusés tous les dimanches d’abord à 8h00 et repris à 21 heures. Je viens du peuple qui me connaît. Parce que je ne suis pas un pasteur ordinaire. J’ai un parcours, du groupe RAS à la fonction d’Archevêque. Ceux qui m’ont entendu en tant qu’artiste, je veux qu’ils m’entendent maintenant en tant qu’Archevêque. Donc, il faut que je leur donne le message pour qu’ils puissent comprendre que ce n’est pas de l’amusement. Et les révélations et la profondeur des prédications qui sont données. Il faut atteindre une haute dimension spirituelle pour les prêcher. Cela permettra aux gens de me sortir du carcan d’artiste. Parce que je ne suis plus artiste. Je suis un Président d’Eglise, un Patriarche et un Archevêque reconnu sur le plan international. C’est pourquoi, je passe sur une radio commerciale pour faire diffuser mes messages.

• Que retenir de vous, finalement ?

– Qui suis-je pour que les gens portent leur regard sur moi ? Je souhaite plutôt qu’on se tourne vers le Seigneur Jésus-Christ. Me concernant, qu’on retienne que je suis quelqu’un qui aime faire du bien. Et qui a l’amour profond pour son prochain. Un conseil pour se racheter du mal que l’on fait : c’est de faire du bien. Que les Ivoiriens soient fair-play et apprennent  de nouveau à s’aimer véritablement.

 

Par O. A. Kader, C. Kipré & Charly L.

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