Voyages, foot… la belle vie des pasteurs suédois

Matchs de foot, vacances au soleil, dîners gargantuesques : les révélations sur les loisirs dispendieux de l’Église luthérienne de Suède jettent le discrédit sur cette institution financée par l’impôt.

Au prétexte de « bâtir des ponts culturels » ou de « renforcer la cohésion » entre leurs membres, des paroisses des quatre coins du royaume scandinave ont dépensé des fortunes en séjours à l’étranger, ont révélé mardi la radio SR (publique) et le quotidien Aftonbladet. A titre d’exemple, la paroisse de Botkyrka, une banlieue pauvre de Stockholm, a dépensé depuis 2010 la bagatelle de 2,8 millions de couronnes (300 000 euros) en voyages. Il s’agissait, explique-t-on, de « préserver l’unité et la communauté au sein de la paroisse ».

En 2014, 99 personnes appartenant à la paroisse de Huddinge, une commune de l’agglomération stockholmoise, ont participé à une conférence de cinq jours dans une station balnéaire sur l’île de Malte. Motif : faire connaissance avec le nouveau pasteur. La facture de cette villégiature s’est élevée à 800 000 couronnes, soit le double du produit de la quête cette année-là.

Le responsable d’une paroisse de Varberg (sud-ouest), à qui les journalistes demandaient en quoi assister à des matchs de Premier League à Londres profitait aux serviteurs de l’Église, a répondu qu’ils avaient souhaité comparer les rites de la messe et du ballon rond.

Eva Brunne, évêque de Stockholm, a tapé du poing sur l’autel et jugé inacceptable le train de vie de ces pasteurs. L’Église luthérienne suédoise était religion d’État jusqu’en 2010. 6,2 millions de Suédois, soit 63% de la population, en sont toujours membres et versent à ce titre un impôt prélevé automatiquement sur leur salaire.

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Voyages, foot, bonne chère : les coûteux passe-temps des pasteurs suédois

M atchs de foot, vacances au soleil, dîners gargantuesques: les révélations sur les loisirs dispendieux de l’Église luthérienne de Suède jettent le discrédit sur cette institution financée par l’impôt, en proie à la fuite des ouailles.

Au prétexte de “bâtir des ponts culturels” ou de “renforcer la cohésion” entre leurs membres, des paroisses des quatre coins du royaume scandinave ont dépensé des fortunes en séjours à l’étranger, ont révélé mardi la radio SR (publique) et le quotidien Aftonbladet. A titre d’exemple, la paroisse de Botkyrka, une banlieue pauvre de Stockholm, a dépensé depuis 2010 la bagatelle de 2,8 millions de couronnes (300.000 euros) en voyages divers et variés.

Un voyage à Malte pour… faire connaissance avec le pasteur

Il s’agissait, explique-t-on, de “préserver l’unité et la communauté au sein de la paroisse”. En 2014, 99 personnes appartenant à la paroisse de Huddinge, une commune de l’agglomération stockholmoise, ont participé à une conférence de cinq jours dans une station balnéaire sur l’île de Malte. Motif : faire connaissance avec le nouveau pasteur. La facture de cette villégiature s’est élevée à 800 000 couronnes, soit le double du produit de la quête cette année-là. “Il fallait bien faire quelque chose à l’occasion de l’arrivée de notre pasteur. Nous avons tous eu l’opportunité de le rencontrer et lui de rencontrer ses collaborateurs”, a justifié la présidente du conseil paroissial, Barbro Bergstedt.

Matches de Premier League à Londres pour comparer rites de la messe et du ballon rond !

Le responsable d’une paroisse de Varberg (sud-ouest), à qui les journalistes demandaient en quoi assister à des matchs de Premier League à Londres profitait aux serviteurs de l’Église, a répondu qu’ils avaient souhaité comparer les rites de la messe et du ballon rond. Eva Brunne, évêque de Stockholm, a tapé du poing sur l’autel et jugé “inacceptables” les voyages non motivés par des objectifs “d’échanges internationaux”. L’Église luthérienne suédoise était religion d’État jusqu’en 2010. 6,2 millions de Suédois, soit 63% de la population, en sont toujours membres et versent à ce titre un impôt prélevé automatiquement sur leur salaire. L’Église subit toutefois une véritable hémorragie de fidèles depuis plusieurs années dans un pays parmi les plus sécularisés du monde avec seulement 8% de pratiquants déclarés.

Lire pour croire…

Cet ancien pasteur évangélique, qui fonda une communauté pentecôtiste à Uppsala, interviendra aux JMJ de Cracovie en juillet.

De la megachurch à l’Église catholique,

de Ulf Ekman avec Henrik Lindell,

Cerf, 183 p., 14 €.

ekmanVisage énergique, regard ardent, Ulf ­Ekman, 66 ans, est peut-être le seul chrétien dont tous les Suédois connaissent le nom. Impossible d’ignorer ce pasteur chaleureux qui a publié plus d’une trentaine d’ouvrages spirituels à succès et qui avait fondé à Uppsala, en 1983, l’une des plus importantes communautés pentecôtistes européennes, « Livets Ord » (Parole de vie). Celle-ci rassemble un millier de communautés en Scandinavie, en Russie et dans le Caucase et concerne plus de 250 000 personnes à travers son réseau d’écoles bibliques, d’instituts de théologie et d’établissements scolaires privés.

C’est dire si l’annonce, le 9 mars 2014, de sa décision de devenir catholique a fait « l’effet d’une bombe », comme l’écrit le journaliste franco-suédois Henrik ­Lindell en avant-propos à son livre d’entretiens avec Ulf Ekman (1). Ce jour-là, tous les quotidiens nationaux et régionaux de Suède ont fait leur une sur cet événement.

Pour éviter la pression médiatique, la réception officielle dans l’Église catholique de l’ancien pasteur et de son épouse, le 31 mai 2014, s’est faite à Djursholm, près de Stokholm, dans la chapelle d’un couvent des brigittines, cet ordre monastique fondé au XIVe siècle par sainte Brigitte de Suède.

Un « besoin de la chair et du sang du Christ »

L’unique sainte suédoise – jusqu’à ce dimanche 5 juin, où sera canonisée la religieuse Élisabeth Hesselblad (1) – a joué un grand rôle dans la vie des Ekman. « Ma femme s’appelle Birgitta et son parcours vers le catholicisme a commencé avec sainte Brigitte… dont le mari s’appelait Ulf », raconte-t-il dans un sourire. Étudiant la vie de cette sainte à partir de 2003, le couple est amené à s’interroger sur la Vierge Marie, les sacrements, l’intercession des saints, la succession apostolique…

« Plus on approfondit sa compréhension théologique de l’Église, plus on a envie d’aller dans le sens d’une unité plus profonde qui est en réalité catholique », explique-t-il. À force de rencontrer des catholiques, il renoue avec la tradition de l’Église historique, celle qui était présente en Suède avant la Réforme, qui se répandit en Scandinavie à partir de 1520. Ses préjugés anticatholiques tombent les uns après les autres, lui qui, comme tout Scandinave, avait grandi dans un certain rejet culturel des Européens du Sud.

Parallèlement, il se sent de plus en plus attiré par l’Eucharistie, y percevant la présence réelle du Christ et n’hésitant pas à parler de son « besoin de la chair et du sang du Christ ». « Jésus et l’Église sont un. L’Esprit et l’Écriture se tiennent ensemble. Là est vraiment le dépôt de la foi », s’enthousiasme le pasteur converti, en citant l’apôtre Paul qui affirme que « la maison de Dieu est l’Église du Vivant, pilier et soutien de la Vérité » (1Tm 3,15).

Quinze années de questionnement

Au bout de quinze années d’intense questionnement sur ce qu’est l’Église, il apparaît évident à Ulf Ekman qu’il doit l’intégrer : « Comme lorsqu’on est devant la vitrine alléchante d’une pâtisserie, il faut bien y entrer si l’on veut déguster les gâteaux ! »

Depuis qu’il a pris sa retraite en 2014 et quitté l’équipe de direction de « Livets Ord », l’ancien pasteur profite de son temps libre pour visiter diverses réalités ecclésiales en Amérique du Nord, en Grande-Bretagne, en Pologne, en Italie… et même au Kazakhstan où il a été invité par l’archevêque d’Astana, après que son livre a été traduit en russe.

Depuis deux ans également, plusieurs pasteurs luthériens suédois, désemparés par les évolutions de leur église, viennent se confier à lui et s’enquérir des démarches pour intégrer l’Église catholique.

N’aspirant, pour le moment, ni au diaconat ni au sacerdoce, Ulf Ekman s’est rendu également plusieurs fois à Lourdes, lieu qu’il affectionne depuis qu’il y a reçu une « grâce de guérison » lors de sa première visite, en tant que protestant, en octobre 2013. Arrivé épuisé, au bord du burn-out, il entendit clairement un triple appel à se confesser (sans pouvoir recevoir l’absolution, en tant que protestant), à aller à la messe et à se plonger dans les piscines. Après ces trois étapes, il s’est senti « totalement guéri physiquement et encore plus profondément attiré vers l’Église catholique. Par ­Marie ». Un témoignage qu’il partagera largement cet été, aux JMJ à Cracovie.

(1) Née dans une famille luthérienne, Élisabeth Hesselblad (1870-1957) s’était convertie au catholicisme en 1902. Elle restaura l’ordre du Très-Saint – Sauveur fondé par sainte Brigitte. Elle a été déclarée Juste parmi les nations en 2004 pour avoir caché des juifs à Rome durant la Seconde Guerre mondiale.

Claire Lesegretain

la-Croix.com

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La première volée de formation ministérielle romande finit en beauté

Les délégués des différentes Eglises réformées romandes étaient réunis samedi 28 mai à Neuchâtel en assemblée générale.

«Dans beaucoup de métiers, le collègue, c’est “celui qui fait le même métier que moi, mais moins bien”. A l’Office protestant de la formation (OPF) nous voulons amener les ministres à considérer leurs collègues comme leur première ressource», a expliqué Didier Halter, directeur de cet office, samedi 28 mai à Neuchâtel devant l’assemblée générale de la Conférence des Eglises réformées romandes (CER). Les premières volées de diacres et de pasteurs, depuis que les Eglises ont décidé d’unifier leur force dans la formation initiale et la validation des compétences, terminent leur formation cet été.

«La première volée s’achève avec de bons retours et de bons échos», se réjouit Didier Halter. Sept diacres (sur huit au début de la formation) et neuf pasteurs (sur dix) terminent donc cette formation de 60 jours, dont 20 communs entre pasteurs et diacres, répartis sur les 18 mois de leur stage initial en paroisse. Un programme jugé «lourd et exigeant» par les stagiaires, entre théorie, spirituel, journées en résidentiel et mini stages dans différents domaines.
Une formation qui vise à développer les compétences herméneutiques des pasteurs et la conception de la gestion de projets en réseau pour les diacres, en valorisant les apports des stagiaires et leurs expériences. Elle reste toutefois centrée sur son rôle de formation de ministres généralistes, aptes à occuper tout poste en Eglise, se refusant de créer des spécialités telles qu’«aumônier de jeunesse», par exemple.

Dans les mois à venir, le directeur de l’OPF va travailler sur la reconnaissance et le rôle du maître de stage. «Ce n’est plus un grand frère qui vient donner une tape sur l’épaule du stagiaire en lui disant “ça va passer”», explique Didier Halter. «Il a désormais un rôle pédagogique.» Des outils ont d’ailleurs été créés pour eux. «Par ailleurs, nous rencontrons des décalages entre les lieux de stage et les objectifs d’apprentissage. Par exemple parce que certaines tâches, comme le caté, ne se font plus en paroisse, mais au niveau de la région.» Là aussi, les solutions passent souvent par la collaboration entre ministres d’une région.

Durant les cinq années après leur stage, les jeunes pasteurs et diacres devront encore suivre entre cinq et dix jours de formation par année. Quant à la question de leur consécration, cette partie-là du processus n’est pas encore unifiée au niveau romand et dépend de chaque Eglise membre. Cette première volée recevra officiellement ses diplômes le 25 août. – Joël Burri, Protestinfo

Des domaines stratégiques
Outre l’OPF, la CER gère également l’Office protestant d’édition chrétienne et Médias-pro, éditeur de Protestinfo —et de quelques sites web tels que QuestionDieu.com — et partenaire protestant de la Radio télévision suisse (RTS) dans la production des émissions religieuses. Lors de la présentation des comptes et de la planification financière pour les années à venir devant l’assemblée générale, plusieurs Eglises membres se sont inquiétées de voir leur contribution à la CER augmenter, alors que leurs propres budgets diminuent. «La difficulté pour la CER, c’est les deux choses qu’elle porte, la présence dans les médias et la formation. Aujourd’hui, il est stratégiquement difficile de faire des économies dans ces domaines-là», a expliqué Xavier Paillard, président du Conseil exécutif de la CER. 

Réussite de la première volée de formation ministérielle romande

statue guillaume farel

Les délégués des différentes Eglises réformées romandes étaient réunis samedi à Neuchâtel en assemblée générale.

Photo: la CER s’est réunie à la Salle des pasteurs, à quelques mètres de la statue de Guillaume Farel sur l’esplanade de la collégiale. guillaumefarel.ch

Par Joël Burri

«Dans beaucoup de métiers, le collègue, c’est “celui qui fait le même métier que moi, mais moins bien”. A l’Office protestant de la formation (OPF) nous voulons amener les ministres à considérer leurs collègues comme leur première ressource», a expliqué Didier Halter, directeur de cet office, samedi à Neuchâtel devant l’assemblée générale de la Conférence des Eglises réformées romandes (CER). Les premières volées de diacres et de pasteurs depuis que les Eglises ont décidé d’unifier leur force dans la formation initiale et la validation des compétences, terminent leur formation cet été.

«La première volée s’achève avec de bons retours et de bons échos», se réjouit Didier Halter. Sept diacres (sur huit au début de la formation) et neuf pasteurs (sur dix) terminent donc cette formation de 60 jours, dont 20 communs entre pasteurs et diacres, répartis sur les 18 mois de leur stage initial en paroisse. Un programme jugé «lourd et exigeant», par les stagiaires, entre théorie, spirituel, journées en résidentiel et mini stages dans différents domaines.

Une formation qui vise à développer les compétences herméneutiques des pasteurs et la conception de la gestion de projets en réseau pour les diacres, en valorisant les apports des stagiaires et leurs expériences. Elle reste toutefois centrée sur son rôle de formation de ministres généralistes, aptes à occuper tout poste en Eglise, se refusant de créer des spécialités telles qu’«aumônier de jeunesse», par exemple.

Dans les mois à venir, le directeur de l’OPF travaille sur la reconnaissance et le rôle du maître de stage. «Ce n’est plus un grand frère qui vient donner une tape sur l’épaule du stagiaire en lui disant “ça va passer”», explique Didier Halter. «Il a désormais un rôle pédagogique.» Des outils ont d’ailleurs été créés pour eux. «Par ailleurs, nous rencontrons des décalages entre les lieux de stage et les objectifs d’apprentissage. Par exemple parce que certaines tâches, comme le caté, ne se font plus en paroisse, mais au niveau de la région.» Là aussi, les solutions passent souvent par la collaboration entre ministres d’une région.

Durant les cinq années après leur stage, les jeunes pasteurs et diacres devront encore suivre entre cinq et dix jours de formation par année. Quant à la question de leur consécration, cette partie-là du processus n’est pas encore unifiée au niveau romand et dépend de chaque Eglise membre. Cette première volée recevra officiellement ses diplômes le 25 août.

Des domaines stratégiques

Outre l’OPF, la CER gère également l’Office protestant d’édition chrétienne et Médias-pro, éditeur de Protestinfo —et de quelques sites web tels que QuestionDieu.com — et partenaire protestant de la Radio télévision suisse (RTS) dans la production des émissions religieuses. Lors de la présentation des comptes et de la planification financière pour les années à venir devant l’assemblée générale, plusieurs Eglises membres se sont inquiétées de voir leur contribution à la CER augmenter, alors que leurs propres budgets diminuent. «La difficulté pour la CER, c’est les deux choses qu’elle porte, la présence dans les médias et la formation. Aujourd’hui, il est stratégiquement difficile de faire des économies dans ces domaines-là», a expliqué Xavier Paillard, président du Conseil exécutif de la CER.

iciHaïti – Politique : Séminaire à l’intention des pasteurs haïtien en RD


iciHaïti – Politique : Séminaire à l’intention des pasteurs haïtien en RD
29/05/2016 08:08:31

iciHaïti - Politique : Séminaire à l'intention des pasteurs haïtien en RD

Vendredi, le Consulat Général d’Haïti à Higuey en République Dominicaine, en collaboration avec la Direction Générale du Ministre des Affaires Étrangères et des Cultes, a organisé un séminaire à l’intention des pasteurs haïtiens de la zone.

Jean Tolbert Alexis, le Ministre-conseiller, Responsable du Consulat d’Haïti à Higuey et Marc Elie Nelson, Directeur Général du Ministre des Affaires Étrangères, se sont réjouit du succès de cette initiative, qui s’inscrit dans la ligne droite de La chancellerie, d’accompagner les différentes communautés haïtiennes de la diaspora par le renforcement des capacités et les échanges à caractère participatif et inclusif.

IH/ iciHaïti

« Mariage » homosexuel autorisé pour les pasteurs de l’Église presbytérienne d’Écosse

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L’Église presbytérienne d’Écosse a décidé lors de son assemblée générale samedi à Edimbourg de permettre à ses pasteurs de se marier avec une personne de même sexe.

Dans un discours ambigu qui n’est pas sans rappeler celui du pape François, l’Église presbytérienne d’Écosse a confirmé  «soutenir la vision traditionnelle du mariage comme une union entre un homme et une femme », mais a approuvé la création de paroisses dont le pasteur ou le diacre aura épousé une personne de même sexe.

Les protestations n’ont pas pu empêcher cette nouvelle victoire du lobby LGBT.

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L’Église presbytérienne d’Écosse a également annoncé que son Forum théologique de l’année prochaine aborderait la  compréhension théologique du «mariage gay».

Le reportage de la BBC a montré cette illustration choquante des promoteurs de cette subversion. 

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Le flirt entre le lobby LGBT et l’Église presbytérienne est déjà consommé dans bien d’autres pays comme le Canada ou les Etats-Unis.

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Un pasteur aux prud’hommes: plaidoiries repoussées à la rentrée

«Les gens considèrent toujours que les vacances d’été et les vacances de Noël, c’est la fin du monde!», a plaisanté Jean-Michel Dolivo, jeudi en fin d’après-midi, lors de la deuxième audience aux prud’hommes dans l’affaire opposant le pasteur Daniel Nagy à l’Eglise évangélique réformée du canton de Vaud (EERV). Mais convaincu que le monde tournera toujours en septembre, l’avocat a demandé le renvoi à la rentrée de la troisième audience, prévue initialement le 15 juin.

Maître Christophe Tafelmacher, représentant de Daniel Nagy, a en effet été accidenté et ne reprendra le travail que cet été. «Il était trop tard pour annuler l’audience d’aujourd’hui, raison pour laquelle je le remplace, mais c’est lui qui connaît ce dossier et il serait souhaitable que ce soit lui qui présente la plaidoirie», a complété Jean-Michel Dolivo. Une requête à laquelle l’EERV et son avocat ne se sont pas opposés: «Nous souhaitons que ce procès se déroule dans des conditions loyales», a insisté Olivier Subilia, défenseur de l’Eglise.

Deux témoins se sont exprimés lors de cette audience, l’annulation du troisième témoignage ayant été demandée par maître Subilia, reconnaissant la personne se présentant à la barre comme membre du public de la première audience.

Un pasteur déterminé

Avant son licenciement en été 2014, Daniel Nagy a reçu le soutien de La Ministérielle, l’association professionnelle des pasteurs et des diacres de l’EERV. Le secrétaire général de cette association a été appelé à la barre. Dans son témoignage, il explique qu’en raison de conflits existant dans la paroisse qu’il occupait, Daniel Nagy a été plus ou moins contraint de demander un changement de poste. Par la suite, ce sont les discussions infructueuses entre des représentants du Conseil synodal (exécutif de l’Eglise), «campés sur leurs positions» et un Daniel Nagy «déterminé. Qui sait défendre ses intérêts» qui ont conduit au licenciement contesté.

«Pour moi, c’était clair que Daniel avait demandé un changement de poste, et qu’un changement de poste était inévitable», a déclaré Alain Martin. «Mais j’ai mal compris qu’une simple demande de délai soit comprise comme un refus.» Daniel Nagy devait quitter la paroisse des Avançons (Bex-Gryon), dans les Alpes vaudoises et les paroisses qui lui auraient été proposées se trouvaient à la Vallée de Joux ou dans le Nord vaudois. «Personnellement, je pense que mettre un jeune collègue dans une situation aussi difficile n’était pas adéquat», a également déclaré le représentant de l’organisation professionnelle, rappelant la situation particulière de cette paroisse née d’une fusion au début des années 2000.

Pour Mgr Forte, Amoris laetitia articule réalisme pastoral et miséricorde

Dans un article paru dans l’Osservatore Romano en langue française le 19 mai 2016, Mgr Bruno Forte, archevêque de Chieti (Italie), et secrétaire spécial du Synode des évêques sur la famille, a livré aux lecteurs sa perception de l’exhortation apostolique post-synodale Amoris laetitia. Pour lui, Amoris laetitia « est le fruit d’une convergence exemplaire de collégialité épiscopale, de synodalité du peuple de Dieu tout entier et d’exercice du ministère pétrinien ». Il a, en effet, souligné le processus de consultation large qui a précédé les deux assemblées synodales. Contrairement à ce qui a pu être dit, a-t-il ajouté, aux synodes, il n’y avait pas d’un côté une Église des progressistes et de l’autre une Église des conservateurs. Ainsi, l’exercice de collégialité mise en œuvre au cours de ces assemblées a été une expérience de communion et de « diversité réconciliée ». Quant au style du pape François, il l’a qualifié de « style d’écoute et de valorisation de toutes les composantes de la communio ». Le pape François, a-t-il insisté, « a fait siennes les conclusions des deux assemblées en les assumant dans leur quasi-totalité ». Il a aussi expliqué que l’exhortation ne vise pas à donner des recettes toutes faites sur la crise du mariage mais à susciter chez les acteurs pastoraux l’accueil, l’accompagnement, le discernement et l’intégration des situations familiales. « La bonne nouvelle du Dieu incarné parle aussi ainsi », a-t-il conclu.

L’Osservatore Romano en langue française du 19 mai 2016 (*)

L’exhortation apostolique du pape François Amoris laetitia (« La joie de l’amour ») est le fruit d’une convergence exemplaire de collégialité épiscopale, de synodalité du peuple de Dieu tout entier et d’exercice du ministère pétrinien. Le collège des évêques a participé à la maturation de ce qui y est exprimé avant tout au moyen d’une très ample consultation, réalisée à travers des questionnaires envoyés avant les deux assemblées synodales, celle « extraordinaire » d’octobre 2014 et celle « ordinaire » d’octobre 2015. Les réponses provenant du monde entier ont concerné non seulement les pasteurs des Églises diocésaines et ceux engagés à Rome dans le service de collaboration directe au Successeur de Pierre, mais également de nombreuses institutions culturelles, des organismes pastoraux et des personnes expertes en la matière ou désireuses d’offrir leur contribution en répondant à l’invitation des diocèses et des Conférences épiscopales.

La participation aux assemblées synodales des évêques élus pour représenter toutes les composantes de la Catholica a été caractérisée par une grande franchise et a connu également des moments où la diversité d’approches a semblé ralentir ou même faire obstacle au chemin : l’invitation explicite du Saint-Père à parler toujours avec une liberté absolue et avec responsabilité devant Dieu et devant l’Église, a permis une vivacité et une intensité sur le chemin que – au dire de nombreuses personnes – l’on n’avait pas connue depuis l’époque du concile Vatican II. Loin de montrer une Église divisée entre « progressistes » et « conservateurs », comme tant de « médias » ont voulu le faire croire, une telle richesse de contributions a aidé à élever la température spirituelle du chemin synodal, rendant possible l’expérience d’une progressive « diversité réconciliée », fruit de la volonté commune d’obéir au Seigneur et de lire les signes des temps à la lumière de sa parole.

Cet exercice de collégialité épiscopale a été une expérience vivante et enrichissante de cette ecclésiologie de communion qui a trouvé son expression dans le discours prononcé par François le 17 octobre 2015 à l’occasion de la célébration des cinquante ans de l’institution du synode. Dans celui-ci, le pape dit entre autres : « Le monde dans lequel nous vivons, et que nous sommes appelés à aimer et à servir même dans ses contradictions, exige de l’Église le renforcement des synergies dans tous les domaines de sa mission » (1). Et il a ajouté : « Ici, le Synode des évêques représentant l’épiscopat catholique, devient une expression de la collégialité épiscopale à l’intérieur d’une Église entièrement synodale » (2).

En favorisant l’exercice de cette responsabilité collégiale, l’élan guidé et constant du Saint-Père a été quoi qu’il en soit décisif, qui s’est placé comme évêque parmi les évêques, tout en étant bien conscient de l’unicité du devoir attribué par le Seigneur à l’apôtre Pierre et à ses successeurs. Dans le discours cité plus haut, il a affirmé : « Jésus a constitué l’Église en mettant à son sommet le collège apostolique, dans lequel l’apôtre Pierre est le “rocher” (cf. Mt 16, 18), celui qui doit “confirmer” les frères dans la foi (cf. Lc 22, 32). Mais dans cette Église, comme dans une pyramide renversée, le sommet se trouve sous la base. C’est pourquoi, ceux qui exercent l’autorité s’appellent “ministres” : parce que, selon la signification originelle du mot, ils sont les plus petits entre tous. C’est en servant le peuple de Dieu que chaque évêque devient, pour la portion du troupeau qui lui est confiée, vicarius Christi, Vicaire de ce Jésus qui, à la dernière Cène, s’est baissé pour laver les pieds des apôtres (cf. Jn 13, 1-15). Et, dans un tel horizon, le Successeur de Pierre n’est rien d’autre que le servus servorum Dei » (3).

On perçoit dans ces paroles la présentation exacte du style avec lequel l’évêque de Rome venu « presque du bout du monde » entend exercer son devoir : pasteur de « l’Église qui préside dans la charité », selon la très belle définition que saint Ignace d’Antioche donne du siège romain (Aux Romains, préambule), le style du pape François est un style d’écoute et de valorisation de toutes les composantes de la communio, mais également d’orientation ferme et sereine pour guider le peuple de Dieu sur les sentiers où le Seigneur l’appelle : « Une Église synodale est une Église de l’écoute, avec la conscience qu’écouter “est plus qu’entendre”. C’est une écoute réciproque dans laquelle chacun a quelque chose à apprendre. Le peuple fidèle, le Collège épiscopal, l’évêque de Rome, chacun à l’écoute des autres ; et tous à l’écoute de l’Esprit Saint, l’“Esprit de Vérité” (Jn 14, 17), pour savoir ce qu’il dit aux Églises (Ap 2, 7) » (4).

Dans cette lignée, François a voulu décrire le ministère pétrinien en ayant recours à une citation significative de saint Jean-Paul II : « Tandis que je rappelle la nécessité et l’urgence de penser à “une conversion de la papauté”, je répète volontiers les paroles de mon prédécesseur le pape Jean-Paul II : “L’évêque de Rome sait bien (…) que le désir ardent du Christ est la communion pleine et visible de toutes les communautés dans lesquelles habite son Esprit en vertu de la fidélité à Dieu. Je suis convaincu d’avoir à cet égard une responsabilité particulière, surtout lorsque je vois l’aspiration œcuménique de la majeure partie des communautés chrétiennes et que j’écoute la requête adressée de trouver une forme d’exercice de la primauté ouverte à une situation nouvelle, mais sans renoncement aucun à l’essentiel de sa mission” » (5). Ce qui est ainsi exprimé semble se réaliser dans l’exhortation apostolique Amoris laetitia qui, en pleine fidélité à la doctrine de l’Église sur le mariage et la famille, ouvre de nouvelles voies dans l’application pastorale de celle-ci, en interpellant en particulier le discernement des pasteurs face aux situations concrètes qui se présentent à leur accueil et à leur accompagnement.

C’est ici que l’esprit de la synodalité ressort dans les voies ouvertes par le document post-synodal : si, d’un côté, François a inséré des passages nouveaux par rapport au travail du synode (il suffit de penser à la magnifique réflexion sur l’amour, inspirée par la première Lettre aux Corinthiens, 13, 4-7 : chapitre IV, « L’amour dans le mariage »), de l’autre, il a fait siennes les conclusions des deux assemblées en les assumant dans leur quasi-totalité, sans céder en rien à la banalisation avec laquelle les « médias » voulaient présenter le travail synodal. L’exhortation ne donne pas de recettes simples, et ne se réduit pas non plus à résoudre la question de la communion à donner ou refuser aux divorcés remariés : ce qui est proposé avant tout est un « regard, fait de foi et d’amour, de grâce et d’engagement, de famille humaine et de Trinité divine », pour contempler « la famille que la parole de Dieu remet entre les mains de l’homme, de la femme et des enfants pour qu’ils forment une communion de personnes, qui soit image de l’union entre le Père, le Fils et le Saint-Esprit » (n. 29).

On retrouve un refus net de toute spiritualisation abstraite du lien nuptial (« Un idéal céleste de l’amour terrestre oublie que le mieux c’est ce qui n’est pas encore atteint, le vin bonifié avec le temps », n. 135), ainsi qu’une valorisation ferme et résolue de l’« éros » dans la lignée de ce que Benoît XVI affirmait dans Deus caritas est (cf. n. 4) (6) : « Nous ne pouvons considérer en aucune façon la dimension érotique de l’amour comme un mal permis ou comme un poids à tolérer pour le bien de la famille, mais comme un don de Dieu qui embellit la rencontre des époux » (n. 152). François est convaincu que « la pastorale familiale doit faire connaître par l’expérience que l’Évangile de la famille est une réponse aux attentes les plus profondes de la personne humaine : à sa dignité et à sa pleine réalisation dans la réciprocité, dans la communion et dans la fécondité. Il ne s’agit pas seulement de présenter des normes, mais de proposer des valeurs en répondant ainsi au besoin que l’on constate aujourd’hui » (n. 201).

François propose ainsi la voie de l’accueil, de l’accompagnement, du discernement et de l’intégration pour toutes les situations familiales, aussi bien celles des familles unies fidèlement dans l’amour, que celles des « familles blessées » ou de qui a contracté une nouvelle union : « Il est important de faire en sorte que les personnes divorcées engagées dans une nouvelle union sentent qu’elles font partie de l’Église, qu’elles “ne sont pas excommuniées” et qu’elles ne sont pas traitées comme telles, car elles sont inclues dans la communion ecclésiale. Ces situations exigent aussi [que ces divorcés bénéficient d’un] discernement attentif et [qu’ils soient] accompagnés avec beaucoup de respect, en évitant tout langage et toute attitude qui fassent peser sur eux un sentiment de discrimination ; il faut encourager leur participation à la vie de la communauté. Prendre soin d’eux ne signifie pas pour la communauté chrétienne un affaiblissement de sa foi et de son témoignage sur l’indissolubilité du mariage, c’est plutôt précisément en cela que s’exprime sa charité » (n. 243). C’est là que l’exercice de la synodalité entre en jeu, en appelant chacun à devenir protagonistes du chemin commun : « L’Église doit accompagner d’une manière attentionnée ses fils les plus fragiles, marqués par un amour blessé et égaré, en leur redonnant confiance et espérance, comme la lumière du phare d’un port ou d’un flambeau placé au milieu des gens pour éclairer ceux qui ont perdu leur chemin ou qui se trouvent au beau milieu de la tempête. N’oublions pas que souvent, la mission de l’Église ressemble à celle d’un hôpital de campagne » (n. 291).

En référence aux concubinages et aux unions de fait, l’exhortation – répétant avec clarté l’exigence pour les disciples du Christ appelés au mariage de s’unir de façon stable dans le lien nuptial – invite à affronter « toutes ces situations d’une manière constructive, en cherchant à les transformer en occasions de cheminement vers la plénitude du mariage et de la famille à la lumière de l’Évangile. Il s’agit de les accueillir et de les accompagner avec patience et délicatesse » (n. 294). Il faut choisir entre la logique de la marginalisation et celle de l’intégration, la seule qui soit conforme à la miséricorde révélée dans le Christ (n. 296) : « Il s’agit d’intégrer tout le monde, on doit aider chacun à trouver sa propre manière de faire partie de la communauté ecclésiale, pour qu’il se sente objet d’une miséricorde « imméritée, inconditionnelle et gratuite”. Personne ne peut être condamné pour toujours, parce que ce n’est pas la logique de l’Évangile ! » (n. 297). Et – souligne le pape François – cela vaut non seulement pour les divorcés qui vivent une nouvelle union, mais pour tous, quelle que soit la situation dans laquelle ils se trouvent.

Plutôt que d’offrir une nouvelle norme générale, impossible à formuler face à la variété et à la complexité des situations, le pape encourage donc « au discernement responsable personnel et pastoral des cas particuliers » (n. 300). Ce discernement, confié aux pasteurs mais tel qu’il exige l’engagement de toute la communauté chrétienne, devrait conjuguer la fidélité à la doctrine de l’Église et l’attention aux situations concrètes et au poids des circonstances atténuantes (cf. n. 301 sq) : « Le discernement doit aider à trouver les chemins possibles de réponse à Dieu et de croissance au milieu des limitations » (n. 305). Il faut souligner l’attention marquée que le pape demande en ce qui concerne le pluralisme des situations et l’inculturation de la foi : « Bien entendu, – affirme-t-il – dans l’Église une unité de doctrine et de praxis est nécessaire, mais cela n’empêche pas que subsistent différentes interprétations de certains aspects de la doctrine ou certaines conclusions qui en dérivent ». Et il ajoute : « Dans chaque pays ou région, peuvent être cherchées des solutions plus inculturées, attentives aux traditions et aux défis locaux » (n. 3). On est frappé par l’alliance constante de réalisme pastoral et de miséricorde : « Contempler la plénitude que nous n’avons pas encore atteinte, nous permet de relativiser le parcours historique que nous faisons en tant que familles, pour cesser d’exiger des relations interpersonnelles une perfection, une pureté d’intentions et une cohérence que nous ne pourrons trouver que dans le Royaume définitif. De même, cela nous empêche de juger durement ceux qui vivent dans des conditions de grande fragilité. Tous, nous sommes appelés à maintenir vive la tension vers un au-delà de nous-mêmes et de nos limites, et chaque famille doit vivre dans cette stimulation constante » (n. 325). Il faut observer que l’invitation à une action pastorale chorale, placée sous le signe de l’accueil et de la miséricorde, s’exprime dans toute l’exhortation par un langage concret et familier, qui sait être également évocateur ou poétique, comme cela convient aux paroles dites pour décrire et illuminer l’amour. Dans ce sens, on est frappé par les citations littéraires, comme celle du poète uruguayen Mario Benedetti (au n. 181) qui décrit plus que toute élaboration abstraite la tendresse nécessaire à l’amour : « Tes mains sont ma caresse/mes accords quotidiens/je t’aime parce que tes mains/travaillent pour la justice./ Si je t’aime c’est parce que tu es/mon amour mon complice et tout/et dans la rue, bras dessus bras dessous/nous sommes bien plus que deux » (« Te quiero », dans Poemas de otros, Buenos Aires 1993, p. 316).

En François parle le pasteur habitué depuis des années à s’adresser avec amour aux personnes ayant besoin d’aimer et d’être aimées : « Chers fiancés : ayez le courage d’être différents, ne vous laissez pas dévorer par la société de consommation et de l’apparence. Ce qui importe, c’est l’amour qui vous unit, consolidé et sanctifié par la grâce » (n. 212). Allant jusqu’à utiliser des expressions que toute mère ou père pourraient adresser à leurs enfants : « C’est bon de se donner toujours un baiser le matin, se bénir toutes les nuits, attendre l’autre et le recevoir lorsqu’il arrive, faire des sorties ensemble, partager les tâches domestiques » (n. 226). La bonne nouvelle du Dieu incarné parle aussi ainsi.

(*) Titre et notes de La DC.

(1) DC 2015, n. 2521, p. 76.

(2) Idem, p. 79.

(3) Idem, p. 78.

(4) Idem, p. 77.

(5) cf. Saint Jean-Paul II, lettre encyclique Ut unum sint, 25 mai 1995, 95 ; DC 1995, n. 2118, p. 593.

(6) Cf. DC 2006, n. 2352, p. 167-168.

Voyages, foot, bonne chère: les coûteux passe-temps des pasteurs suédois

Matchs de foot, vacances au soleil, dîners gargantuesques: les révélations sur les loisirs dispendieux de l’Église luthérienne de Suède jettent le discrédit sur cette institution financée par l’impôt, en proie à la fuite des ouailles.

Au prétexte de “bâtir des ponts culturels” ou de “renforcer la cohésion” entre leurs membres, des paroisses des quatre coins du royaume scandinave ont dépensé des fortunes en séjours à l’étranger, ont révélé mardi la radio SR (publique) et le quotidien Aftonbladet.

A titre d’exemple, la paroisse de Botkyrka, une banlieue pauvre de Stockholm, a dépensé depuis 2010 la bagatelle de 2,8 millions de couronnes (300.000 euros) en voyages divers et variés. Il s’agissait, explique-t-on, de “préserver l’unité et la communauté au sein de la paroisse”.

En 2014, 99 personnes appartenant à la paroisse de Huddinge, une commune de l’agglomération stockholmoise, ont participé à une conférence de cinq jours dans une station balnéaire sur l’île de Malte.

Motif: faire connaissance avec le nouveau pasteur. La facture de cette villégiature s’est élevée à 800.000 couronnes, soit le double du produit de la quête cette année-là.

“Il fallait bien faire quelque chose à l’occasion de l’arrivée de notre pasteur. Nous avons tous eu l’opportunité de le rencontrer et lui de rencontrer ses collaborateurs”, a justifié la présidente du conseil paroissial, Barbro Bergstedt.

Le responsable d’une paroisse de Varberg (sud-ouest), à qui les journalistes demandaient en quoi assister à des matchs de Premier League à Londres profitait aux serviteurs de l’Église, a répondu qu’ils avaient souhaité comparer les rites de la messe et du ballon rond.

Eva Brunne, évêque de Stockholm, a tapé du poing sur l’autel et jugé “inacceptables” les voyages non motivés par des objectifs “d’échanges internationaux”.

L’Église luthérienne suédoise était religion d’État jusqu’en 2010. 6,2 millions de Suédois, soit 63% de la population, en sont toujours membres et versent à ce titre un impôt prélevé automatiquement sur leur salaire.

L’Église subit toutefois une véritable hémorragie de fidèles depuis plusieurs années dans un pays parmi les plus sécularisés du monde avec seulement 8% de pratiquants déclarés.