Les protestantes méthodistes de Dabou prient pour des élections apaisées en Côte d’Ivoire

Dabou – Les membres de l’Union des femmes protestantes méthodistes de Côte d’Ivoire (UFPMCI), section Dabou, ont organisé, dimanche à Grand Boubouri, village situé à une quinzaine de kilomètres d e la commune, un culte d’action de grâce, afin que les prochaines échéances électorales se déroulent dans le calme.

‘’Nous avons pleuré de tout notre cœur devant Dieu pour lui demander de prendre pitié de notre pays et de nous épargner toutes sortes de troubles, pour que la Côte d’Ivoire connaisse la paix pendant et après ces élections’’, a affirmé Meledj Catherine, présidente des femmes du district de Dabou.

Avant cette journée, les fidèles venues de Sikensi, Lakota, Adzopé et Dabou ont observé deux jours de jeun, vendredi et samedi, ‘’pour que tout se passe dans la paix’’, selon Mme Gnamba Yao Henriette, présidente nationale de l’UFPMCI.

‘’Il faut prier, prier sans cesse et que la plaie de la division ne nous gagne pas’’, a pour sa part exhorté le président de l’église protestante méthodiste de Côte d’Ivoire, le révérend-pasteur Adou Yed Jonas, qui a reçu le soutien d’une forte délégation de l’église protestante évangélique conduite par le révérend N’Doubi José.

Dans son sermon, le pasteur Nomel Jeanne Dorgelès, prédicatrice du jour, a appelé les chrétiens à ‘’adorer Dieu en esprit et en vérité, pour que la Côte d’Ivoire ne connaisse plus les jours incertains qui sont le sort des nations africaines au moment des élections’’.

Créée en 1914, l’église protestante méthodiste compte aujourd’hui approximativement 72 000 fidèles avec qui rendez-vous a été pris, du 4 au 12 septembre à Débrimou, à Dabou, pour achever la 12ème conférence ordinaire entamée à Orbaff et procéder à la consécration de 18 nouveaux pasteurs, 13 ans après que les derniers pâtres l’aient été.

(AIP)
kkp/akn/tm

Pour les gens du voyage pentecôtistes, la Bible est un chemin vers l’écriture

Grostenquin (France) (AFP) – Au sein de la communauté évangélique tsigane “Vie et Lumière”, réunie jusqu’à dimanche en Moselle pour sa convention annuelle, la foi pousse des hommes éloignés de la culture écrite à se plonger dans la lecture et l’écriture pour devenir pasteurs.

Sur l’ancienne base aérienne de Grostenquin, où 30.000 gens du voyage pentecôtistes sont rassemblés depuis le 23 août, la parole de Dieu retentit partout: sous l’immense chapiteau bleu et jaune où ont lieu les cultes, mais aussi dans les caravanes ou dans cette voiture, dont la portière laissée ouverte laisse entendre la voix tonitruante d’un pasteur, enregistrée sur un CD.

Sur des tréteaux, des jeunes gens et des enfants vendent des CD de cantiques et des prêches des jours précédents, des Bibles et des coloriages à thème religieux.

Bastien, 39 ans, costaud à la tête rasée, déambule entre les caravanes, chargé d’une brassée de baguettes de pain. “Je me suis converti à l’Évangile en 2006, pendant le rassemblement de Grostenquin”, raconte-t-il.

Depuis, il a rejoint l’école biblique de la communauté, installée à Nevoy (Loiret), afin de devenir pasteur. Une démarche qui implique de passer un examen de lecture.

“Quand je suis rentré à l’école biblique, je savais déjà bien lire”, explique Bastien, précisant qu’il est allé à l’école “jusqu’à 12 ans”. “Tout le monde n’a pas cette chance: certains doivent réapprendre à lire, mais Dieu les aide, leur donne cette force”, ajoute-t-il, le sourire aux lèvres.

– “L’appel de Dieu” –

Forte d’environ 100.000 membres, la communauté “Vie et Lumière” forme plusieurs dizaines de pasteurs chaque année, en deux sessions de neuf semaines.

“On ne forme pas des prédicateurs; on fait connaître les écritures à ceux qui ont reçu l’appel de Dieu”, précise Michel Calot, pasteur et enseignant à l’école biblique. “Beaucoup ont appris à lire et à écrire parce qu’ils ont reçu cet appel”, complète-t-il.

“D’année en année, ils (les responsables de cette formation) deviennent de plus en plus exigeants sur le niveau de lecture”, constate Andrée Chastel, alias “Doune”, présidente du Clive (Centre de Liaison et d’Information École Voyage). “Au début, ils ne demandaient que du déchiffrage, maintenant ils demandent de la compréhension. Dans les années à venir, ils vont demander de l’écriture”.

Mme Chastel a remarqué que “certains jeunes se mettent à travailler comme des malades pour avoir le niveau de l’examen, alors que d’autres se découragent”.

Gino, grand gaillard de 33 ans qui gagne sa vie en faisant des travaux de peinture, a déjà effectué la première moitié de la formation.

“On n’a pas trop l’habitude d’être enfermé dans des salles de classe, avec des horaires d’école”, s’amuse-t-il, avant d’ajouter que “le but final” permet de maintenir la motivation. “Je veux travailler à sauver des âmes”, s’enthousiasme cet ancien catholique, converti il y a six ans.

Militants associatifs et chercheurs s’accordent pour dire que les gens du voyage évangéliques sont très avides de pouvoir lire la Bible, bien que beaucoup d’entre eux souffrent de problèmes d’illetrisme.

Ce sont donc souvent les pasteurs ou les enfants scolarisés qui la lisent à haute voix pour les autres. Certains pasteurs contribuent également à diffuser un nouveau rapport à l’écrit vers les jeunes générations, en déchiffrant la Bible avec leurs enfants, le soir.

Toutefois, pour Marie-Claude Le Quéau, formatrice à la Fnasat (Fédération nationale des associations solidaires d’action avec les Tsiganes et les Gens du voyage), “il y a un frémissement, mais ce n’est pas encore vraiment gagné”.

“Ceux qui accèdent à la fonction de pasteur sont déjà des leaders dans les groupes, ce sont ceux qui comprennent le mieux le monde des sédentaires et souvent ceux qui ont été le plus scolarisés”, explique-t-elle.

En octobre 2012, un rapport de la Cour des comptes pointait le fait qu'”une partie particulièrement importante des enfants du voyage dans la tranche d’âge 12-16 ans semble échapper à l’obligation scolaire”.

Sud-Soudan : enfin, chez eux


 

Les pasteurs sud-soudanais Michaël Yat et Peter Yen ont enfin pu rentrer chez eux le 19 août. Ils ont échappé à la peine de mort.

300x200« C’est un grand jour pour nos pasteurs » s’est exclamé un chrétien d’une église évangélique à Juba, la capitale du Sud-Soudan. Ce jour-là, cette communauté chrétienne s’est rassemblée pour fêter l’arrivée de deux pasteurs, détenus injustement pendant plusieurs mois en prison au Soudan, anciennement Nord-Soudan. Les choses auraient pu très mal tourner. Michaël Yat et Peter Yen se trouvaient à Khartoum, capitale du Nord-Soudan au moment de leur arrestation. Ils étaient accusés d’espionnage.
Des documents, dont ils n’ont jamais eu connaissance, avaient été trouvés sur leur ordinateur après leur arrestation. De toute évidence, ils ont été piégés. C’est dans leur cellule, à la prison Kober de Khartoum,  qu’ils ont appris la nouvelle. Le juge retenait contre eux sept chefs d’accusation dont deux passibles de la peine capitale. Leur avocat disposait de moins de deux semaines pour apporter la preuve de leur innocence. Il n’a eu que quinze minutes pour rencontrer ses clients avant l’audience.
Dès le début de cette affaire, le pasteur Peter Yen avait déclaré  « Priez pour que cette épreuve soit à la gloire de Dieu ici au Soudan, et pour que nous soyons en paix même avec ceux qui sont contre nous. »  Le 5 août, la radio indépendante Tamazuj annonçait leur libération.  Cette information a été accueillie avec un grand soulagement. Mais voilà, bien qu’étant libres, ces deux pasteurs ont été retenus à l’aéroport de Khartoum, le 8 août et empêchés de quitter le pays. Finalement, Yat Michael et Peter Yen, ont pu rentrer au Sud-Soudan le 19 août. Sur place, ils ont rejoint d’autres chrétiens pour un culte de remerciement à Dieu. L’occasion de se rappeler que Dieu a le pouvoir de faire infiniment plus que tout ce que nous demandons ou même imaginons.

Les Lambert, des Gitans qui « annoncent la Bonne Nouvelle »

Parmi eux, la famille Lambert qui vient chaque année nourrir sa foi et retrouver une communauté où le sentiment d’appartenance est primordial.

Des milliers de personnes se pressent sous l’immense tente jaune et bleu, aux fausses allures de chapiteau de cirque, malgré la pluie qui s’abat ce jour-là sur la Moselle. À la tribune, un pasteur pentecôtiste parle vigoureusement de « la patience de Dieu » – le thème du jour –, ponctuant sa prédication de références bibliques, de cantiques et d’anecdotes personnelles.

Dans la foule, sagement assis sur des chaises en plastique gris, Joseph et Nancy Lambert, 31 et 29 ans, écoutent attentivement. Non loin d’eux s’égayent leurs deux enfants, Siloë et Laïley, 6 et 9 ans.

Nourrir sa foi et retrouver sa communauté

Comme des milliers d’autres, les Lambert ont rejoint la convention annuelle de la Mission évangélique des Tsiganes de France (METF), plus connue sous le nom de « Vie et Lumière ». La famille a été parmi les premières à s’installer. Arrivés plus de trois jours avant le début du rassemblement (le 23 août), ils ont pu garer leur caravane à quelques encablures seulement du grand chapiteau, à une dizaine de mètres de la piste de cette base aérienne désaffectée, où se croisent des dizaines de voitures dans une sorte de chaos organisé.

« J’ai toujours grandi là-dedans. Ici, je viens d’abord nourrir ma foi, mais aussi retrouver ma communauté, celle des gens du voyage », détaille Joseph, désormais attablé sous l’auvent de sa caravane. Le jeune homme raconte une enfance sur les routes, au milieu des manèges.

Son père, Désiré, a longtemps été forain, avant que sa santé ne le contraigne à interrompre cette activité. Pasteur évangélique, il l’a initié aux rudiments de la foi, mais n’a jamais « imposé la religion ». « La seule chose qu’il m’a dite est : le jour où tu as besoin de Dieu, crie à Dieu. »

Le baptême

Joseph insiste sur l’importance de cette expérience personnelle, sans laquelle toute foi lui paraît impossible et vide de sens. Il résume la sienne à travers une question : « Est-ce que tu veux être sauvé ? » Cette interrogation, surgie en 2000, le conduit au baptême un an plus tard, dans cette Église dont la marque de fabrique est de ne baptiser que les adultes.

Sa femme, Nancy, est baptisée depuis 2004 : la conversion de sa famille date de la mort de sa mère, lorsqu’elle avait 16 ans, un événement sur lequel elle reste très pudique. « Le Seigneur a été mon rocher et mon secours », précise-t-elle malgré sa timidité, paraphrasant un psaume.

Aujourd’hui, Joseph est devenu pasteur. Après avoir suivi deux sessions de formation biblique, il est autorisé depuis huit ans à prêcher et présider des cultes. Il anime, l’hiver, une église évangélique à Montceau-les-Mines (Saône-et-Loire), où il s’établit d’octobre à avril.

Les mois d’été sont quant à eux consacrés à des missions itinérantes d’évangélisation. Mais cette activité pastorale, bénévole, ne l’exonère pas de travailler. Élagueur, il cherche ses employeurs sur les marchés. « Pour nourrir mes enfants, je coupe des arbres », résume-t-il en souriant.

Évangélisation

Siloë et Laïley sont encore trop petits pour se rendre ce soir à la tente des jeunes, qui accueille chaque jour les adolescents du rassemblement. Ses espoirs pour leur avenir ? « Mon désir de pasteur est qu’ils rencontrent Jésus. J’aimerais qu’ils aient un avenir, un petit travail et un foyer chacun. » La cadette fera la semaine prochaine son entrée au CP. L’aîné suit les cours par correspondance. Le jeune père a fait de l’éducation une question prioritaire. « J’ai appris à lire à 13 ans. C’est trop tard. Je ne veux pas que mes enfants reproduisent le même schéma. »

Cet été, la famille a sillonné les routes de France, en mission d’évangélisation. Avant cela, Joseph a participé à la retraite annuelle des gens du voyage, à Nevoy (Loiret), là où se rassemblent chaque année les membres des 134 missions coordonnées par Vie et Lumière.

La « saison des missions » débute toujours ainsi, et s’achève à la convention annuelle. « Cette année, on a tourné en Midi-Pyrénées », détaille Joseph. Huit villes dans lesquelles il reste 15 jours en moyenne. Au total, entre 50 et 70 caravanes se joignent à tout ou partie de ces étapes. Parmi eux, des évangéliques convaincus, ou des indifférents à la foi. C’est eux que le jeune pasteur entend d’abord évangéliser.

L’indifférence

Dans son petit camion, qu’il utilise aussi pour travailler, un petit chapiteau permet d’abriter ceux qui viennent assister aux cultes et aux prédications des sept pasteurs qui participent à la tournée estivale. « On évangélise d’abord notre peuple, mais nous n’avons rien contre la présence de sédentaires », insiste-t-il.

Sur la trentaine de fidèles qui fréquentent chaque semaine son culte évangélique pendant les mois d’hiver, la moitié ne sont d’ailleurs pas des Gitans. Il reste que les relations avec les sédentaires sont encore difficiles. « Le regard change peu à peu, mais il y a encore du boulot », reconnaît le jeune pasteur. « En réalité, nous souffrons plus de l’indifférence que des insultes. Nous sommes plus souvent vus comme des voleurs de poules que comme des annonciateurs de la Bonne Nouvelle. »

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Repères

La convention estivale de « Vie et Lumière » réunit tous les ans plusieurs milliers de personnes issues de la communauté des gens du voyage, venues principalement de France mais aussi de Belgique ou du Royaume-Uni. Cette année, près de 30 000 personnes ont répondu à cette invitation. 6 000 caravanes sont ainsi stationnées jusqu’à dimanche sur l’ancienne base aérienne de Grostenquin, prêtée par l’État pour l’occasion.

Le mouvement Vie et Lumière est né au début 1950 dans le contexte du « réveil tsigane », à l’initiative du pasteur pentecôtiste Clément Le Cossec, surnommé « l’apôtre des Gitans ». Aujourd’hui, le mouvement compte 260 églises et 1 800 pasteurs.

Des pasteurs des églises protestantes de la région de l’Iffou se constituent en collectif

Daoukro – Des pasteurs officiant pour le compte de 42 églises protestantes dont certaines d’obédience évangélique installées dans la région de l’Iffou ont constitué un collectif qui se veut un cadre de collaboration et d’entraide dans la conduite de leur mission d’annonce de l’Evangile.

Le bureau de ce regroupement dénommé “Collectif des pasteurs des églises protestante s et évangéliques de Daoukro” a été officiellement installé samedi, en présence de nombreuses autorités religieuses, traditionnelles ainsi que de personnalités politiques.

Lors de la cérémonie d’installation, le président du Collectif, Yao Daniel, a décliné les raisons qui ont présidé à sa création dont celle de “renforcer la fraternité et prôner le partage entre les ministres du culte protestant dans le Iffou mais au-delà entre tous les fidèles”.

La cérémonie d’installation du bureau du “Collectif des pasteurs des églises protestantes et évangéliques de Daoukro” était placée sous le parrainage du 1er responsable du service Communication du ministère de la Santé et fils de la localité, Olivier Akoto.

Ce dernier a appelé ces guides religieux à œuvrer en faveur de la cohésion sociale, en exhortant, en plus de dire des prières, leur ouailles à la paix afin que les prochaines élections qui démarrent en octobre en Côte d’Ivoire avec la présidentielle se déroulent sans violences.

(AIP)

ca/kg/akn/cmas

L’expérience catholique le montre: une direction d’Eglise dédoublée créée des tensions

Philippe gardazAncien juge et chargé de cours de droit des religions à l’Université de Fribourg, Philippe Gardaz s’inquiète de la demande, présentée au synode de l’Eglise réformée vaudoise, de séparer autorité spirituelle et gestion du personnel. Interview.

Photo: UniFr

Propos recueillis par Joël Burri

Vous avez manifesté votre soutien au Conseil synodal de l’Eglise évangélique réformée du Canton de Vaud (EERV) dans la «crise» qui l’oppose actuellement à quelques pasteurs et membres du Synode quant à sa gestion des ressources humaines.

J’ai un œil attentif à ce qui se passe dans l’Eglise réformée vaudoise parce que, Vaudois de toujours et catholique de toujours, du district d’Echallens, j’ai toutefois épousé une fille de pasteur. Je suis donc sensibilisé à ce qui se passe dans l’Eglise sœur. Lorsque j’ai entendu que certains, notamment au Synode, demandaient un partage, une dichotomie entre d’une part la direction spirituelle et d’autre part la direction du personnel, si l’on ose s’exprimer ainsi, j’ai réagi! Parce que l’Eglise catholique romaine a une expérience dans ce domaine et cette expérience fait apparaître les difficultés d’une telle structure.

Quelles sont ces difficultés?

Par définition, dans une entreprise, il y a une direction. Dès l’instant où un secteur devient autonome et échappe à la direction générale, on crée –c’est de la pure dynamique de groupe– une concurrence entre la direction générale et le secteur autonomisé. D’ailleurs, la direction postule la maîtrise de l’ensemble des moyens disponibles. En particulier des moyens fondamentaux, déterminants dans le cadre d’une entreprise à but idéal comme une Eglise, que sont les personnes. C’est le premier moyen, le premier levier, le premier «outil» à disposition. Le chef ne peut pas le lâcher. Sans se priver des moyens de diriger la manœuvre

Dans l’Eglise catholique, le problème est plus large. En ce sens qu’il y a en Suisse d’une part l’Eglise, je dirais l’Eglise tout court, les diocèses, les paroisses, évêques, prêtres, agents pastoraux. Et il y a, d’autre part, des structures administratives qui sont des fédérations, des corporations qui s’occupent des affaires administratives et financières. Et là, naturellement l’expérience l’a montré, on se trouve dans une situation de concurrence qui génère à la longue d’importantes difficultés. Et même si cela apparaît peu –parce que la culture ecclésiastique est une culture fondée sur la discrétion, pour s’en tenir à un euphémisme– il y a dans différents cantons de Suisse romande et de Suisse alémanique, une tension entres les responsables ecclésiaux, les pasteurs à qui le Christ a confié l’Eglise, et ce qu’on appelle chez nous les administratifs, qui ont une grande importance, dans la mesure où ils sont réunis dans une fédération, corporation ou autre institution qui a une autonomie institutionnelle et non seulement fonctionnelle.

Je crois que l’Eglise vaudoise comme les Eglises de tradition réformée a la chance d’avoir, ce que j’appellerais une responsabilité concentrée en un «évêque collégial»: le Conseil synodal qui doit rester directeur général de la démarche d’évangélisation.

Vous parlez de l’Eglise comme d’une entreprise finalement, mais est ce qu’on n’est pas justement dans un marché particulier?

Oui, on est dans une entreprise à but idéal, qui n’est pas là pour faire du profit, pour avoir du rendement, mais on est quand même dans une «société» qui doit être, si ce n’est commandée, du moins dirigée. Au grand minimum organisée de manière cohérente, pour faciliter la diffusion du message évangélique. Il ne s’agit pas d’avoir une gouvernance d’entreprise commerciale, mais ubi societas, ibi jus: dès qu’il y a une société, il y a du droit, il y a des règles, de fonctionnement notamment. Le règlement ecclésiastique ne comprend-il pas plus de deux cents articles?

Quelque part, les partisans du partage des responsabilités ne font que demander le retour à une situation antérieure, un statut historique. Les pasteurs étaient fonctionnaires et en tant qu’employés, ils dépendaient directement de l’Etat.

Oui; c’est tout à fait le statut historique, si on voit notamment le système de l’époque bernoise, où les ministres du saint Evangile étaient aussi, les délégués de leurs Excellences de Berne. Et, dans la tradition qui a été reprise au XIXe siècle, le pasteur est resté un collaborateur de l’Etat, l’Eglise nationale vaudoise étant elle-même une part autonome de l’administration. Mais il y avait à ce moment-là une cohérence en ce sens que l’Eglise et l’Etat étaient dans une proximité, une union, pour ne pas dire une fusion, telle que l’Etat, n’était ni différent de, ni en concurrence avec l’Eglise. Il y avait une union et une confusion de l’Etat directeur administratif et financier et de l’Eglise directrice spirituelle du peuple de Dieu.

Mais dès l’instant où l’on a, selon la Constitution de 2003, une autonomisation de l’Eglise qui devient une personne propre avec sa propre personnalité et qui est l’employeur unique, le seul «chef» des ministres, elle est le chef tout court.

Avec une direction ne craignez-vous pas que l’on perde un peu de la diversité théologique qui forme le tissu de l’EERV aujourd’hui?

Non, car les pasteurs auront toujours leur personnalité, leur individualité, leurs convictions personnelles. Ils sont plus ou moins libéraux, plus ou moins orthodoxes, pour prendre les vieilles catégories, indépendamment du fait que le Conseil synodal a telle ou telle conception de l’évangélisation. Le Conseil synodal, ou la Commission de consécration, ne va pas écarter un candidat parce qu’il a telle ou telle tendance théologique. La naturelle concentration de la responsabilité, donc de la direction, en mains de l’autorité qu’est le Conseil synodal, n’a pas abouti et ne va pas aboutir à des exclusions. Il y a toute une tradition qui protège les différences au sein du corps pastoral vaudois.

Mais avouez que symboliquement, quand une autorité ecclésiale prend une décision de pure gestion de ressources humaines, cela prend tout de suite une dimension spirituelle.

Apparemment oui, on peut souhaiter qu’il existe un organe de médiation qui, indépendamment ou avant l’autorité, puisse intervenir sans que les intéressés sentent tout de suite la menace du déplacement. Cette forme de régulation pourrait peut-être porter des fruits. De tels ombudsmans existent dans certaines grandes entreprises. Ce qu’il faut aussi voir, c’est que dans toutes les paroisses, tout pasteur, tout curé a immédiatement son petit fans’club qui considère que, dès que l’on touche à son ministre, c’est Mozart qu’on assassine.

Vous êtes expert en droit des religions. Comment est-ce que cela se passe dans les autres cantons?

Ce qu’il faut bien voir c’est que le canton de Vaud était le dernier canton suisse, dans lequel l’Eglise réformée n’était pas une organisation autonome, du point de vue institutionnel, mais faisait partie de l’administration cantonale. Et c’était, jusqu’en 2003, ou plus exactement jusqu’en 2007 à l’entrée en vigueur du droit d’application de la nouvelle constitution, le seul canton suisse où l’Etat était l’administrateur de l’Eglise ex-nationale évangélique réformée. Dans les autres cantons, vous avez des Landeskirchen, dans la tradition réformée qui a été décalquée pour les catholiques, avec une direction unique pour l’Eglise. Je n’ai pas connaissance, mais je ne dis pas que cela n’existe pas, de dichotomie, de partage entre une responsabilité directionnelle, générale, et une gestion du personnel comme celle qui est envisagée actuellement pour l’Eglise vaudoise

L’Afrique face au problème des cultes et des prophètes autoproclamés

L’Afrique face au problème des cultes et des prophètes autoproclamés – Afrique – RFI

Dernières infos

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Église évangélique de Valenciennes: deux heures de chant, de prières et de réflexion (VIDÉO)

Laurent Demol accueille les fidèles sur le pas de la porte. Le pasteur de l’église évangélique des assemblées de Dieu de France, bise « à la Belge », micro-casque oblige. La salle de 280 places est presque pleine et pourtant ce sont encore les vacances. À 10 heures, trois musiciens prennent place sur l’estrade. Laurent Demol rejoint son pupitre et dit son bonheur de tous les retrouver. Notre présence ne passe pas inaperçue. « Sentez-vous libre », nous lance le pasteur après nous avoir présentée à l’assemblée. Le culte commence par une demi-heure de chants. Les fidèles se lèvent pour chanter, se déhancher, tendre les mains vers le Seigneur, pour tout simplement « louer Dieu ». Ceux qui ne connaissent pas les paroles peuvent suivre sur l’écran géant. Entre les chants, des fidèles prennent la parole pour remercier le Seigneur. « Chez nous, les gens sont libres de s’exprimer et ils sont acteurs du culte », nous expliquera un peu plus tard Laurent Demol.

Chant et prédication

Le pasteur enchaîne ensuite avec trois quarts d’heure de prêche. La prédication du jour porte sur le « psaume des montées ». Bible à la main (et le texte affiché à l’écran), la salle est concentrée. Certains ont les yeux fermés ou le regard perdu dans le vague. D’aucuns fixent leur Bible. Et puis il y a ceux qui ponctuent les propos du pasteur d’un « amen » ou d’un « alléluia ». Laurent Demol invite à réfléchir notamment sur la notion de service et la « puissance de la louange ». Il donne à méditer le proverbe 17:22 : « Un cœur joyeux est un bon remède mais un esprit abattu assèche les os. »

Deux chants et c’est la sainte cène. Des bénévoles font circuler le pain et le vin partagés par tous. Puis vient l’heure de l’offrande avec un tronc pour le fonctionnement de l’église et un autre pour la banque alimentaire. Le pasteur termine par une prière pour les familles, les anniversaires du jour et de la semaine et quelques paroles d’au revoir. Le culte est terminé mais les croyants sont toujours là pour échanger durant un long moment.

Imam, archevêque et pasteur: «Ne laissons pas la religion être instrumentalisée!»

Imam, archevêque et pasteur, c’est un commando spirituel de choc qui depuis plus de deux ans parcourt une Centrafrique à feu et à sang, cherchant à désamorcer un conflit que certains veulent confessionnel. Ce mercredi à Genève, c’est cet impressionnant effort de réconciliation qui est honoré par la remise du Prix Sergio Vieira de Mello à l’organisation Interfaith Peace Platform mise sur pied par les trois «Saints de Bangui»: Mgr Dieudonné Nzapalainga, l’imam Oumar Kobine Layama, président du Conseil islamique, et le pasteur Nicolas Guérékoyaméné-Gbangou, qui préside l’Alliance évangélique. Pour eux, il n’y a pas d’un côté les combattants musulmans de la Séléka et de l’autre les milices d’autodéfense chrétiennes, dites «anti-balaka». C’est Dieu qui est pris en otage. Rencontre.

Comment vous est venue l’idée de ces tournées à trois? Quel a été le déclic?

L’imam: C’était le 15 décembre 2012, bien avant que les rebelles de la Séléka ne prennent le pouvoir (ndlr: en mai 2013), des nouvelles inquiétantes parvenaient de l’arrière-pays. Je me suis entretenu avec le pasteur et nous avons contacté l’archevêque. Il a tout de suite compris l’enjeu.

L’archevêque: Il y avait des morts, des musulmans tuaient des chrétiens, temples et églises étaient détruites… Inimaginable dans un pays où les familles mélangent chrétiens et musulmans! Avant même d’avoir confirmation des troubles, nous avons vu le danger.

Le pasteur: A Mobaye, la Séléka a détruit l’église catholique. La population a traversé la frontière pour se réfugier en RDC. Mais les jeunes voulaient revenir attaquer des intérêts musulmans. C’est là que nous avons commencé nos tournées. A chaque fois que nous entendions parler de tensions, nous nous rendions sur place, pour délivrer ensemble notre message: «Ne laissez pas la religion être instrumentalisée! Qu’on soit musulman ou chrétien, Dieu est amour et pardon.»

En pratique, comment faites-vous pour réconcilier les gens?

L’archevêque: Nous procédons avec méthode. A notre arrivée, chacun rencontre sa propre communauté et note tous les griefs. Puis nous nous retrouvons tous les trois pour faire le point. Ensuite, nous réunissons tous les imams, pasteurs et abbés autour d’une table et les poussons à formuler leurs accusations, confronter les versions, éclaircir les malentendus, demander pardon… Ces gens ne se parlent plus depuis des mois! Il faut rétablir la vérité. C’est ce que nous faisons ensuite devant toute la population rassemblée, souvent pour la première fois. Un exemple? Tel commerçant musulman est détesté parce qu’on croit qu’il vend des marchandises volées. En réalité, il est lui-même victime de combattants qui occupent son magasin.

Le pasteur: On croit les musulmans complices de la Séléka, mais beaucoup en sont la cible.

L’imam: Pareil pour les anti-balaka, qui ne visent pas que des musulmans, aujourd’hui à Bangui les chrétiens souffrent davantage.

N’êtes-vous pas vous-mêmes pris pour cibles?

Le pasteur: Si bien sûr. La maison de l’imam a été détruite. Il a été hébergé six mois par l’archevêque. Moi-même, qui ai recueilli le frère de l’imam et sa famille, mon temple a reçu huit grenades.

L’archevêque: Mais on nous reconnaît aussi une autorité morale. Nous leur parlons comme à des enfants égarés. A ceux qui disent combattre au nom de leur foi, nous montrons les contradictions. Quand des gens sont détenus injustement, nous allons réclamer des comptes et obtenons leur libération. Au départ, nous étions les seuls à pouvoir dire ces choses. Quand l’imam déclarait haut et fort «Un bon musulman ne vole pas», la foule l’applaudissait. Depuis, notre démarche en a inspiré d’autres, comme des plates-formes de jeunes ou de femmes.

L’imam: A présent il y a même des anti-balaka qui viennent me demander conseil quand ils ont un souci. Et des Séléka vont voir le pasteur ou l’archevêque. (24 heures)

(Créé: 19.08.2015, 17h09)

Deux pasteurs du Soudan du Sud interdits de sortie du territoire

 
 
 
Soudan-Sécurité-Interdiction 
 
Deux pasteurs du Soudan du Sud interdits de sortie du territoire  
 
 
 
APA – Khartoum (Soudan)

Les autorités sud soudanaises ont interdit de sortie du territoire à deux pasteurs qui ont été libérés de prison il y a quelques semaines, a confirmé mardi à APA les avocats de la défense des pasteurs.

Le chef du pool d’avocats des pasteurs, Muhanad Mustafa a confié aux reporters à Khartoum que ses clients étaient toujours interdits de sortie du pays, malgré leur acquittement pour des accusation d’espionnage.

Les deux pasteurs du Soudan du Sud Yat Michael, 49 ans et Peter Yen, 37 ans qui risquaient la peine de mort au Soudan ont été acquittés par le tribunal de Khartoum et avaient été libérés le 05 août après huit mois de détention pour des accusations d’espionnage.

“Les services de renseignements et de sécurité nationale du Soudan (NISS) ont imposé des restrictions qui empêchent mes clients de quitter le pays. Mes clients sont libérés par une décision de justice; ils sont donc libres d’aller partout où ils veulent”, a déclaré l’avocat.

Il a ajouté que l’interdiction n’avait aucune base juridique. “Nous allons saisir la justice pour expliquer que ses ordres n’ont pas été suivis d’effet”, a-t-il ajouté.

Les autorités soudanaises n’ont fait aucun commentaire de ces déclarations.

MA/abj/fss/APA
2015-08-18 16:36:00
 
 
 
 

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