Les deux faces de l’Eglise protestante

Moderne, chaleureuse et décomplexée: côté pile, l’Eglise réformée vaudoise casse avec succès l’image d’austérité qui colle à la robe de ses ministres depuis des siècles. Après avoir apprivoisé réseaux sociaux et applications pour smartphone il y a plusieurs années déjà, l’institution s’est fendue d’un clip décalé sur le mariage, projeté au cinéma, et d’une campagne d’affichage plutôt piquante. Dans le même temps, à Lausanne, les impertinences du duo de pasteurs à la tête de Saint-Laurent-Eglise ont même séduit l’avocat genevois Marc Bonnant, pourtant athée convaincu, à l’enseigne d’un «procès» de Judas Iscariote.

Côté face en revanche, le ton, à l’interne, s’est durci. Aujourd’hui, des voix s’élèvent pour dénoncer un Conseil synodal (exécutif) autoritaire, peu enclin au dialogue et à l’origine de mesures impopulaires: licenciements de pasteurs et volonté de réduire le nombre de cultes dominicaux. Les autorités ecclésiales peinent aussi parfois à gérer sereinement un office de ressources humaines interne – les 270 pasteurs et diacres en activité ne sont plus des employés de l’Etat, comme c’était le cas par le passé. Président du Conseil synodal, Xavier Paillard est plus particulièrement montré du doigt: il est vrai que le bon berger des réformés a le verbe sec et la houlette ferme. «Notre Eglise n’est plus au milieu du village, elle est au milieu d’un virage», martèle l’ancien pasteur nord-vaudois, et il a raison. Dans les temples, les fidèles vieillissent, tandis qu’à l’extérieur le syncrétisme gagne du terrain: le message biblique est saupoudré d’épices bouddhistes, enduit de paganisme écolo ou couvert de plumes d’anges New Age.

Pour affronter ces défis, l’institution a besoin d’une figure de proue solide, porteuse d’un message clair. Pourfendeur du consensus mou, Xavier Paillard est fait de ce bois-là. Reste juste au bouillant patron à mettre parfois les formes et un peu d’eau dans son vin. (24 heures)

(Créé: 26.05.2015, 19h16)

Les femmes pasteurs ont leur styliste : Maria Sjödin

Au rez-de-chaussée d’un petit immeuble beige de la banlieue de Stockholm, face à un square arboré, Maria Sjödin s’affaire dans son atelier où elle crée et vend des vêtements conçus pour les femmes pasteurs.
Manches trois-quarts ou évasées, poignets mousquetaires, les chemisiers et les robes à cols romains sont sophistiqués tout en restant sobres. La styliste de 46 ans, toute de noire vêtue, est l’une des pionnières en la matière. « Mes créations sont faites et pensées pour les femmes », souligne-t-elle. « Les autres vêtements (de pasteur) sont des vêtements pour homme, mal coupés pour les femmes », confirme Beatrice Lönnquist, pasteur de Stockholm.
La collection « Casual Priest » comprend des vêtements du quotidien, sans tenues liturgiques. Certains d’entre eux sont disponibles dans différentes couleurs, selon la fonction occupée par celles qui les portent. Dans l’Église de Suède, le vert est réservé aux diacres, par exemple. D’abord présentés sur catalogue et aujourd’hui en ligne, ses vêtements coupés près du corps sont décontractés. Les mannequins sont jeunes et avenantes, à l’opposé de l’image caricaturée de la femme pasteur austère et mal attifée.
Il faut dire que les femmes pasteurs suédoises ont un bon pouvoir d’achat. Selon l’Église de Suède, leur salaire médian approche 3 000 euros par mois, voire plus si elles gèrent la paroisse administrativement.

Confortable et professionnel
« C’est confortable et professionnel. Ça célèbre les courbes d’une femme sans pour autant la rendre provocante », juge une cliente de Maria Sjödin. « Par leurs vêtements, les pasteurs veulent montrer qu’ils sont des êtres humains comme vous et moi. Ils ne veulent pas créer de distance, mais une proximité », souligne Åsa Haggren, professeur dans une université qui forme des professionnels de la mode à Borås (sud-ouest de la Suède).
Pour Maria Sjödin, tout a commencé en 2002. « Je ne viens pas d’un milieu religieux. J’ai rencontré une fille qui était pasteur et elle m’a dit qu’il y avait peu de choses pour les femmes pasteurs, et rien dans lequel elle se sentait bien », raconte-t-elle. La jeune couturière réalise pour son amie un premier tee-shirt à col romain. C’est le début de sa collection, régulièrement mise à jour avec de nouveaux modèles, de nouvelles manches et de nouveaux tissus. « Le premier top, EVA, est encore celui qui se vend le mieux », sourit-elle.
Les ventes commencent à décoller. En Suède et en Norvège d’abord, puis dans le monde anglo-saxon. Des hommes se sont également manifestés et ont depuis peu leur propre collection.

Répondre à un besoin
« C’était le bon moment (…) J’ai fait quelque chose dont on avait vraiment besoin », estime Maria Sjödin, reconnaissant avoir rencontré quelques sceptiques à ses débuts. « Dans la mode, il s’agit souvent de créer un besoin. Là, il y a un besoin qui doit être satisfait, ça a beaucoup de sens », se félicite-t-elle.
La Suède compte beaucoup de femmes pasteurs : elles sont 2 086, contre 2 187 hommes, et elles marchent vers la parité, puisque 23 femmes seront ordonnées en 2015, pour 11 hommes.
« Je représente l’Église et je transmets le message du Christ. Quand je le fais, je veux être à l’aise dans mes vêtements, pour pouvoir être sûre de moi et me consacrer à mon message », explique Elin Hyldeen Gärtner, qui porte des vêtements Casual Priest depuis plus de dix ans.
« Je transmets un sentiment d’un prêtre moderne dans une société moderne », renchérit en souriant Mme Sjödin. Elle a aujourd’hui 4 000 clients, dans le monde entier. Ses journées s’organisent autour de la conception mais aussi de la vente de sa collection. « On rencontre des clients, on emballe, on envoie avec soin », raconte celle qui essaie d’entretenir un contact privilégié avec ses acheteurs. Côté production, Mme Sjödin est aidée par deux couturières en Suède, mais la majorité de la collection est fabriquée dans une usine au Portugal. Et bientôt, une partie sera également produite en Italie.

Camille BASWOHLERT/AFP

Soudan : 2 pasteurs risquent la peine de mort à cause de leur foi

Accusés d’espionnage par les services de sécurité, deux Pasteurs presbytériens ont été arrêtés alors qu’ils voyageaient du Sud au Nord du Soudan. Alors que leur procès devait s’ouvrir mardi prochain, une date finalement repoussée au 31 mai, leur avocat a d’ores et déjà annoncé qu’ils risquaient la peine de mort.

soudanSelon les chrétiens qui les soutiennent, leur arrestation et leur procès marquent la volonté du gouvernement islamiste de Khartoum d’éradiquer le christianisme dans cette région.

David Curry de l’organisation « Portes Ouvertes » aux États-Unis craint que les deux pasteurs Yat Michael Ruot et Peter Yein Reith soient exécutés parce qu’ils pratiquent la foi chrétienne. Accusés d’incitation à la formation de groupe organisé et d’offenses aux croyances islamiques, ils risquent la prison, voire la peine de mort.

La marginalisation et les persécutions des chrétiens sont vives depuis la scission du Soudan en juillet 2011. Le président Soudanais Omar al-Bashir voudrait faire du Soudan un pays totalement islamique où seule la religion musulmane et la langue arabe seraient pratiquées et où s’appliquerait la Sharia.

Rien que l’année dernière, le gouvernement soudanais a détruit de nombreuses églises dans la capitale de Khartoum mais aussi à Omdurman sans qu’aucune autre n’ait obtenu l’autorisation pour être construite.

En raison de la persécution des chrétiens et de violations des droits de l’homme, le Soudan a été désigné comme un pays particulièrement concerné par la persécution par différents organismes s’intéressant à la liberté religieuse aux Etats-Unis. Selon l’indice mondial de l’église persécutée dans le monde édité par Portes Ouvertes, le Soudan se situe à la sixième place des pays où les chrétiens sont le plus persécuté en 2015.

12 000 dollars ont été demandé à l’Église en échange de la libération des deux pasteurs presbytériens. Le non paiement de cette somme incite le NISS à arrêter d’autres chrétiens en ayant les mêmes exigences.

Les propos de l’épouse de Yat Michael Ruot ont été rapportés par FoxNews.com. Elle explique être inquiète à cause de leur détention mais invite à continuer à prier pour eux afin que Dieu puisse les aider et qu’ils soient libérés.

Petite et moyenne entreprise : Le village de Tambolo inaugure la « laiterie du bonheur »

mardi 26 mai 2015

La mini-laiterie de Tambolo dans le Nahouri est désormais fonctionnelle. Elle est le fruit du partenariat entre le Groupement Zemstaaba de Tambolo et la Plateforme d’action à la sécurisation des ménages pastoraux (PASMEP) avec l’appui financier de l’œuvre de l’Eglise catholique en Allemagne pour le développement (MISEREOR). D’un coût global d’environ 5 millions de FCFA, cette infrastructure qui a été inaugurée le 13 mai 2015, en présence des acteurs locaux et des partenaires venus d’Allemagne, va permettre d’accroître les revenus des femmes pasteurs vivant de la vente du lait et des sous-produits laitiers.

Petite et moyenne entreprise : Le village de Tambolo inaugure la « laiterie du bonheur »

Pays d’agriculture et d’élevage, le Burkina Faso a un secteur primaire qui occupe plus de 80% de la population. En termes de rang en valeur des exportations, l’élevage se classe en 3e position après l’or et le coton. L’élevage est donc assurément l’un des piliers du développement socioéconomique de notre pays et contribue pour 18% au PIB et pour 30% aux recettes d’exportations. Mieux, selon les trois enquêtes sur les conditions de vie des ménages (1994, 1998 et 2003) de l’Institut national de la statistique et de la démographie (INSD), l’élevage est la principale source de revenus des ménages en milieu rural.

Mais l’on constate une faible valorisation des sous-produits de l’élevage, notamment du lait produit au Burkina Faso. Dans le domaine des produits laitiers, notre pays reste encore dépendant des importations avec chaque année plus de 10 milliards FCFA investis dans l’importation.

De plus, si le secteur de l’élevage occupe beaucoup les femmes, force est de reconnaître que le lait est la principale source de revenu des femmes pasteurs. Cependant, il est démontré que les ménages pastoraux et notamment les femmes pasteurs vivant de la vente du lait et des produits laitiers bénéficient moins des retombées de l’élevage.

La Plateforme d’action à la sécurisation des ménages pastoraux (PASMEP), dans le cadre de la promotion de la souveraineté alimentaire, a donc décidé avec l’appui de ses partenaires financiers, d’accompagner les femmes pasteurs dans la valorisation du lait local. Ainsi le groupement Zemstaaba de Tambolo dans le Nahouri a bénéficié d’une mini-laiterie d’une valeur de d’environ 5 millions de francs CFA dont 2,5 millions FCFA de contribution de la communauté locale.

Avec cette mini-laiterie, les femmes ont un débouché sûr pour écouler du lait local de qualité tout en minimisant les risques de perte.

Ce projet de mini-laiterie a d’abord débuté par l’alphabétisation des femmes afin de leur donner un minimum de capacités de gestion à l’issue de quoi elles se sont engagées avec l’appui de leurs époux à s’investir avec brio dans l’acquisition de cette unité de transformation de lait.

Cette mini-laiterie qui est aujourd’hui une réalité palpable a été inaugurée le 13 mai 2015 en présence du Directeur Provincial des Ressources Animales du Nahouri. Dans son discours d’inauguration, Monsieur Karim BARRO, préfet de Pô et président de la délégation spéciale de la commune de Pô a remercié PASMEP pour « l’initiative prise en vue de défendre et d’accompagner les pasteurs et les agro-pasteurs ». Il a exhorté d’autres partenaires à emboiter le pas salvateur de PASMEP afin que les droits socioéconomiques des pasteurs et agro-pasteurs soient davantage promus. A l’endroit de MISEREOR il a adressé ses vifs remerciements pour son appui financier à la réalisation de la mini-laiterie de Tambolo et aux efforts de renforcement des capacités des pasteurs et agropasteurs de la région du Centre-sud.

PASMEP est une association à but non lucratif de droit burkinabè créée en 2013 et qui œuvre pour la promotion de la souveraineté alimentaire par le renforcement des capacités techniques et institutionnelles des organisations de pasteurs et d’agropasteurs à la base. La mise sur pied de PASMEP a été rendue nécessaire non seulement pour valoriser les acquis des projets antérieurs en matière de développement rural, mais pour répondre à un souci de positionnement stratégique dans un contexte où la problématique du pastoralisme reste un défi majeur à relever au Sahel en général et au Burkina Faso en particulier. La mise en place de PASMEP répond à la demande de plus en plus croissante d’appuis et d’accompagnements des pasteurs/éleveurs. Elle intervient dans six communes de la région du Centre-Sud (Bindé, Béré, Guiba dans le Zoundwéogo et Tiébélé, Guiaro, Pô dans le Nahouri) avec une quarantaine de Groupements de pasteurs.

KONATE Seydou, Consultant en communication

Sociologue, chargé d’étude et d’analyse

Konateseydou84@gmail.com

TEL : 76 55 13 53 / 71 34 42 12

Maria Sjödin, styliste en prêt-à-prier

À Stock­holm, les femmes pasteurs ont leur propre styliste. Maria Sjödin a imaginé une ligne entiè­re­ment dédiée à la profes­sion.

Grande, brune et un brin mysté­rieuse, elle s’ap­pelle Maria Sjödin et a 46 ans. Créa­trice de mode basée à Stock­holm (Suède), elle consacre une partie des collec­tions de sa marque éponyme à un public parti­cu­lier : les femmes pasteurs. Tout commence en 2002 lorsqu’une connais­sance qui exerce le minis­tère – tel que consi­déré par l’église protes­tante – lui explique que ses consœurs et elles n’ont quasi­ment rien à se mettre. “Rien dans lequel elle se sentait bien”, rapporte l’AFP. Sans plus attendre, la Suédoise imagine une ligne de vête­ments modernes à desti­na­tion de ces reli­gieuses. Pour cette amie, elle crée un premier tee-shirt à col romain. Ainsi naît Casual Priest.

Rapi­de­ment, le bouche-à-oreille fait son effet, les ventes décollent. Le marché est là : dans le pays, avec un salaire moyen de 3 000 euros par mois, on compte 2 086 femmes pasteurs pour 2 187 homo­logues mascu­lins. En 2015, 23 nouvelles seront ordon­nées contre 11 chez les hommes. Des commandes arrivent même de Norvège et d’un peu partout dans le monde anglo-saxon via un e-shop.  “C’était le bon moment, confie Maria Sjödin. J’ai fait quelque chose dont on avait vrai­ment besoin. Dans la mode, il s’agit souvent de créer un besoin. Là, il y en a un qui doit être satis­fait. Ça a beau­coup plus de sens.”

Une large gamme de vête­ments consti­tue le vestiaire Casual Priest. Avec, de nombreux colo­ris “selon la fonc­tion occu­pée par celles qui les portent”. Le vert par exemple est destiné aux diacres. “C’est confor­table et profes­sion­nel, affirme une cliente repé­rée par l’AFP. Ça célèbre les femmes sans pour autant la rendre provo­cante.” Un vent d’ins­pi­ra­tion pour les griffes de prêt-à-porter de luxe ?

Couples homosexuels : la bénédiction qui divise

Protestantisme

Le 17 mai, l’Église protestante unie de France (EPUdF), en autorisant la bénédiction des couples homosexuels, a mis fin à plus de vingt ans de débats. Une étape que d’autres Églises protestantes n’envisagent nullement de franchir, à l’exemple des évangéliques, fervents opposants à cette décision.

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« Le Synode (…) ouvre la possibilité, pour celles et ceux qui y voient une juste façon de témoigner de l’Évangile, de pratiquer une bénédiction liturgique des couples mariés de même sexe qui veulent placer leur alliance devant Dieu. »

Ainsi a été adoptée à Sète, à 94 voix pour et 3 contre, une décision mûrie depuis dix-huit mois au sein de l’EPUdF. Elle autorise désormais les pasteurs à bénir une union civile, à la différence de l’Église catholique qui considère le mariage comme un sacrement.

Plusieurs synodes autour de l’homosexualité, de la parentalité et du couple avaient déjà été organisés dès 1999 au sein de cette Église protestante, qui compte aujourd’hui 250 000 fidèles et 500 paroisses. Mais le synode national de 2015 marque une évolution majeure. « Il y a dix ans, on se demandait si on pouvait accueillir des pasteurs ou des fidèles homosexuels dans les paroisses », confie l’EPUdF.

Cette décision répond à la demande de certains couples et suit une réflexion plus large autour de la bénédiction. « Nous devions leur répondre. Que l’on accepte ou que l’on refuse de les bénir, il fallait leur dire pourquoi ».

Désormais, un couple souhaitant une bénédiction pourra adresser sa demande au pasteur, avant que les conseils presbytéraux de la paroisse ne décident d’accepter ou non la requête. L’Église insiste en effet sur le caractère non obligatoire de la bénédiction pour les pasteurs. L’EPUdF, qualifie d’ailleurs cette initiative de « symbolique ». « Nous ne verrons pas de déferlante de mariages de couples de même sexe dans l’Église protestante unie. Nous pensons que cela représentera seulement 1 % des demandes de bénédictions toutes confondues. »

Des divergences profondes au sein des Églises protestantes

Pourtant, cette autorisation ne fait pas l’unanimité au sein des protestants. Elle inquiète même les évangéliques, premiers à émettre de vives critiques mais se défendant de toute démarche homophobe. Pour cette union d’Églises, qui rassemble la majorité des protestants pratiquants en France, une distinction s’impose entre une tendance à l’homosexualité – qui n’est pas du ressort de la personne – et la mise en pratique de celle-ci, comme l’explique Daniel Liechti, vice-président du CNEF (Comité National des Évangéliques de France).

Pour ce représentant, le débat actuel ne fait d’ailleurs que refléter des dissensions plus profondes qui existent depuis longtemps entre deux mouvements : celui des « libéraux » et celui des « évangéliques ». Les premiers font une lecture de la Bible qui a vocation à adapter les textes au contexte de la société et se placent en faveur d’une réactualisation de certains concepts éthiques, qu’il s’agisse de la pratique de l’homosexualité, de l’avortement, ou d’autres grands débats de ce siècle.

Les seconds, quant à eux, invitent certes à replacer « les textes bibliques dans leur contexte historique et social, mais avec leurs limites, car pour nous, la Bible est quand même d’abord la Parole de Dieu », explique Daniel Liechti. Un texte qui n’autorise pas à toucher ce qui est considéré comme fondamental pour l’humanité, à commencer par la vocation – selon l’Évangile – d’un couple, une fois marié : fonder une famille. Le CNEF rappelle qu’il n’est d’ailleurs pas question de pointer du doigt uniquement l’homosexualité, mais toute forme de sexualité contraire aux enseignements bibliques : adultère, relations sexuelles avant le mariage.

« Une décision unilatérale et inacceptable »

Le pasteur indique aussi que cette décision, si elle risque de compliquer les relations et les tentatives de rapprochement à un niveau local entre membres de l’EPUdF et des Églises évangéliques, commence aussi à avoir des répercussions à l’international. Des voix se font entendre d’Afrique, d’Haïti ou d’Asie, dénonçant une interprétation incompréhensible de la Bible, qui les place en porte-à-faux dans des situations plus ou moins conflictuelles avec des communautés non-chrétiennes.

La décision de permettre aux couples homosexuels de recevoir une bénédiction, si elle n’est pas une première – puisque déjà mise en place dans d’autres Églises « libérales » en Europe – se fait donc le reflet d’une réalité religieuse bien plus complexe que le débat théologique d’une Église parmi d’autres. Pour le pasteur Liechti, elle ne fera d’ailleurs que compliquer le dialogue au sein de la grande famille chrétienne. « Nous ne pouvons pas jouer à l’unité quand celle-ci est brisée par une décision aussi unilatérale et inacceptable pour les autres. »

La Gloriette, lieu de prières pour les gens du voyage

Pendant une semaine, une centaine de familles des gens du voyage s’est posée à la Gloriette. La religion tient une place primordiale dans leur vie.

Il est à peine dix heures en ce lundi de Pentecôte, la Gloriette se réveille dans le calme. Cela fait déjà sept jours que la communauté Vie et lumière a pris place sur la plaine (lire ci-dessous), à proximité de l’aire de jeux. Au milieu des caravanes, c’est le silence qui domine. Les couettes prennent l’air sous les auvents. Quelques machines à laver installées à l’arrière des camionnettes sont déjà en marche.

“ Même les sédentaires ”

Soudain, la voix d’un homme résonne depuis l’immense chapiteau installé au cœur du camp. « La réunion va commencer ! » A son appel, des silhouettes sorties de nulle part convergent vers le poumon du camp. C’est ici que, depuis une semaine, se tiennent les fameuses réunions, qui sont en réalité des temps de prières. « Il y en a eu une chaque jour, sauf samedi », rappelle Georges.
L’homme vient de la région parisienne, il est l’un des dix pasteurs présents à Tours pour le rassemblement de la Pentecôte. « Aujourd’hui, comme c’est lundi de Pentecôte, et le dernier jour, nous avons prévu trois réunions, ce matin à 10 h, cet après-midi à 14 h et ce soir à 20 heures. »
Sous la toile de tente rayée bleu et blanc, une centaine de chaises en plastique attendent les fidèles. Au fond, l’autel orné de quelques fleurs artificielles va accueillir pendant près de trois heures les « serviteurs ». Ces pasteurs de tous âges (le doyen a 87 ans) se relaient au fil de la cérémonie pour lire des extraits de la bible, reprendre des chants accompagnés par un guitariste et un pianiste.
Dans l’assemblée, la ferveur est intense. Les femmes, qui portent un léger voile sur leur chevelure, sont aussi démonstratives que les hommes. Chacun peut prier à voix haute, venir sur l’autel pour témoigner de sa foi. Un homme vient raconter la prison, l’alcool et les proches disparus ; un autre évoque une guérison miraculeuse…
Les jeunes mères tiennent leur bébé sur les genoux. Les enfants plus grands se contentent d’allées et venues sous le chapiteau ou jouent devant la porte d’entrée. « Nous organisons des rassemblements spécifiques pour les jeunes », précise Jean-Claude Schmidt. Le pasteur qui coordonne les cérémonies veut insister sur l’ouverture d’esprit de sa communauté. « Nous accueillons tout le monde ici, même les sédentaires. »
Ce matin, les caravanes quitteront la plaine de la Gloriette. Dans quelques jours, les pasteurs vont accueillir de nouvelles familles des gens du voyage à Poitiers.

En Suède, les femmes pasteurs ont leur styliste

Au rez-de-chaussée d’un petit immeuble beige de la banlieue de Stockholm, face à un square arboré, Maria Sjödin s’affaire dans son atelier où elle crée et vend des vêtements conçus pour les femmes pasteurs.

Manches trois-quarts ou évasées, poignets mousquetaires, les chemisiers et les robes à cols romains sont sophistiqués tout en restant sobres.

La styliste de 46 ans, toute de noire vêtue, est l’une des pionnières en la matière. «Mes créations sont faites et pensées pour les femmes», souligne-t-elle.

«Les autres vêtements (de pasteur) sont des vêtements pour homme, mal coupés pour les femmes», confirme Beatrice Lönnquist, pasteur de Stockholm.

La collection «Casual Priest» comprend des vêtements du quotidien, sans tenues liturgiques. Certains d’entre eux sont disponibles dans différentes couleurs, selon la fonction occupée par celles qui les portent. Dans l’Eglise de Suède, le vert est réservé aux diacres, par exemple.

D’abord présentés sur catalogue et aujourd’hui en ligne, ses vêtements coupés près du corps sont décontractés. Les mannequins sont jeunes et avenantes, à l’opposé de l’image caricaturée de la femme pasteur austère et mal attifée.

Il faut dire que les femmes pasteurs suédoises ont un bon pouvoir d’achat. Selon l’Église de Suède, leur salaire médian approche 3.000 euros par mois, voire plus si elles gèrent la paroisse administrativement.

– «Confortable et professionnel» –

«C’est confortable et professionnel. Ça célèbre les courbes d’une femme sans pour autant la rendre provocante», juge une cliente de Maria Sjödin dans un commentaire mis en ligne sur le site de la marque.

«Par leurs vêtements, les pasteurs veulent montrer qu’ils sont des êtres humains comme vous et moi. Ils ne veulent pas créer de distance mais une proximité», souligne Åsa Haggren, professeur dans une université qui forme des professionnels de la mode à Borås (sud-ouest de la Suède).

Pour Maria Sjödin, tout a commencé en 2002. «Je ne viens pas d’un milieu religieux. J’ai rencontré une fille qui était pasteur et elle m’a dit qu’il y avait peu de choses pour les femmes pasteurs, et rien dans lequel elle se sentait bien», raconte-t-elle.

Ni une ni deux, la jeune couturière réalise pour son amie un premier tee-shirt à col romain. C’est le début de sa collection, régulièrement mise à jour avec de nouveaux modèles, de nouvelles manches et de nouveaux tissus.

«Le premier top, EVA, est encore celui qui se vend le mieux», sourit-elle.

La première cliente montre sa nouvelle chemise à des collègues et les ventes commencent à décoller. En Suède et en Norvège d’abord, puis dans le monde anglo-saxon. Des hommes se sont également manifestés et ont depuis peu leur propre collection.

– Répondre à un besoin –

«C’était le bon moment (…) J’ai fait quelque chose dont on avait vraiment besoin», estime Maria Sjödin, reconnaissant avoir rencontré quelques sceptiques à ses débuts.

«Dans la mode, il s’agit souvent de créer un besoin. Là, il y a un besoin qui doit être satisfait, ça a beaucoup de sens», se félicite-t-elle.

La Suède compte beaucoup de femmes pasteurs: elles sont 2.086, contre 2.187 hommes, et elles marchent vers la parité puisque 23 femmes seront ordonnées en 2015, pour 11 hommes.

Dans la très grande majorité des Églises protestantes du monde, les femmes peuvent être ordonnées prêtres. Les protestants considèrent majoritairement que le prêtre est un expert, un théologien, qui exerce un ministère et non un sacerdoce, contrairement à la vision de l’Église catholique, qui est opposée à l’ordination des femmes.

«Je représente l’Église et je transmets le message du Christ. Quand je le fais, je veux être à l’aise dans mes vêtements, pour pouvoir être sûre de moi et me consacrer à mon message», explique Elin Hyldeen Gärtner, qui porte des vêtements Casual Priest depuis plus de dix ans.

«Je transmets un sentiment d’un prêtre moderne dans une société moderne», renchérit en souriant Mme Sjödin.

Elle a aujourd’hui 4.000 clients, dans le monde entier. Ses journées s’organisent autour de la conception mais aussi de la vente de sa collection. «On rencontre des clients, on emballe, on envoie avec soin», raconte celle qui essaie d’entretenir un contact privilégié avec ses acheteurs.

Côté production, Mme Sjödin est aidée par deux couturières en Suède, mais la majorité de la collection est fabriquée dans une usine au Portugal. Et bientôt, une partie sera également produite en Italie.

Le Pape encourage le dialogue avec les évangéliques pentecôtistes

(RV) « La division des chrétiens est une blessure infligée au corps de l’Eglise ; elle est l’œuvre du père du mensonge et de la discorde qui fait tout pour que les frères soient divisés. Mais nous ne voulons pas que cette blessure demeure. » Le Pape François le réaffirme dans un message vidéo adressé aux participants d’une journée de dialogue et de prière pour l’unité des chrétiens organisée samedi par le diocèse de Phoenix, aux Etats Unis, en collaboration avec un groupe de pasteurs évangéliques d’orientation pentecôtiste. 

Dans son message, le Saint-Père se dit convaincu que « l’unité des chrétiens ne sera pas accomplie par les théologiens. Leur science offre une contribution, affirme-t-il, mais si nous attendons que les théologiens se mettent d’accord, l’unité ne sera atteinte qu’après le Jugement Dernier. L’unité est l’œuvre du Saint-Esprit. »

Le Pape François saisit par ailleurs cette occasion pour évoquer une nouvelle fois l’œcuménisme du sang. « Face aux persécutions de leurs frères et sœurs, les chrétiens doivent prier, parler entre eux, se rapprocher, fraterniser toujours plus. Les persécuteurs savent que les chrétiens sont les disciples du Christ, qu’ils sont frères et ne font qu’un, au-delà de leurs différences ; qu’ils soient évangéliques, orthodoxes, luthériens, catholiques ou apostoliques, pour eux, cela revient au même : ils sont chrétiens ; et le sang de ces martyrs nous unit », a insisté le Souverain Pontife.

La journée de samedi a été organisée par le mouvement Jean, 17, fondé par un pasteur évangélique et dont font partie l’évêque auxiliaire de Phoenix, Mgr Eduardo Alanis Nevares et le pasteur évangélique Giovanni Traettino, un ami du Pape François, engagé depuis plus de 20 ans dans le dialogue entre charismatiques catholiques et charismatiques protestants. Le Saint-Père a voulu s’unir spirituellement à cette journée de réconciliation et d’amitié pour « demander la grâce de l’unité, avec la certitude que nous n’avons qu’un seul Seigneur Jésus ».

24/05/2015 18:39

Bénédiction du mariage gay : la fédération protestante à La Réunion donne son avis

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L’Église protestante de France a récemment dit oui au mariage gay. Face à cette décision seize pasteurs de La Réunion s’exprime.


Seize pasteurs et aumôneries de l’île La Réunion, représentant diverses dénominations qui sont regroupées au sein de la FPF (Fédération protestante de France). Plusieurs autres églises évangéliques ou pentecôtistes se manifestent également face au mouvement issu de la Réforme.

Le président du pôle régional de la Fédération protestante de France, Eric Han Kwan,réagi dans un communiqué : « Les églises protestantes ont toujours eu pour vocation d’accueillir toute personne qui souhaite poursuivre une démarche spirituelle et vivre une rencontre personnelle avec Dieu en Jésus-Christ ». Il poursuit : « Cela vaut pour quiconque homme ou femme, célibataire, marié, divorcé, homosexuel… sans discrimination a priori ».

Il ajoute également que l’Eglise protestante unie de France (EPUF) a tout simplement suivi la loi française donnant son accord mariage homosexuel en bénissant de telles unions. Il précise que chaque pasteur est totalement libre en conscience de présider ou pas à la bénédiction d’un mariage homosexuel. La position de l’EPUF ne représente en aucun cas le point de vue de la très grande majorité des églises composant la Fédération protestante de France car seuls une cinquantaine de pasteurs de l’Eglise protestante unie était invitée à voter.

À La Réunion l’ensemble des églises faisant partie de la FPF est nettement opposée à la bénédiction du mariage homosexuel.